Quiconque ayant suivi les actualités et les premières vidéos de gameplay concernant le nouvel opus de la licence Batman savait pertinemment qu'il n'allait pas falloir trop compter sur les innovations et les gadgets révolutionnaires à gogo.
Chez Warner Bros Montréal, le studio chargé de reprendre le flambeau de Rocksteady qui a préféré se concentrer sur la suite directe d'Arkham City qui sortira sur next-gen, l'expression " c'est dans le vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes " est un véritable leitmotiv.
C'est pas faute d'avoir eu le temps pourtant, 2 ans de développement pour peaufiner le travail formidable du studio précédent et montrer qu'ils sont aussi capables d'avoir des idées et d'imposer leur patte sur l'une des plus lucratives et brillantes licences de ces dernières années.
En avançant peu à peu dans le jeu, on se rend que c'était loin d'être leur ambition première. Ici, nul besoin de quelques minutes en guise de temps d'adaptation, absolument rien n'a bougé.
Que ce soit les animations pendant les combats, toujours identiques, les multiples déplacements du chevalier noir, en passant par le système d'infiltration, on est bien face à un Arkham City bis... Mais une fois ce constat fait, qui est, il faut bien l'admettre, synonyme d'un total manque d'ambitions et d'inventivités, est-ce si déplaisant que ça ?
La réponse est non à 200 %. En tant que joueur fan de la licence et plus globalement, adepte de tout ce qui touche de près où de loin à l'univers de Batounet, j'ai pris quasiment le même plaisir par rapport aux deux précédents à évoluer dans ce jeu promettant de revenir aux premiers faits-d'armes de Batman (on y repassera de ce côté-là par contre).
Ce paradoxe s'explique par une maîtrise totale de la direction artistique et plus spécialement, des cinématiques absolument brillantes pour certaines, seulement impeccables pour les autres.
Bien évidemment, on s'étonne presque plus de retrouver des environnements très semblables voire identiques (Aciérie, l'Eglise, le Bowery etc) et des objectifs qui gonflent dès qu'on les aperçoit à l'écran comme par exemple : détruire les brouilleurs, trianguler la position d'untel etc
Malgré cela, l'univers parvient encore une fois à nous happer en proposant une map représentant Gotham et donc par conséquent et logiquement, bien plus vaste que celle d'Arkham City.
J'aurais tout de même aimé voir une plus grande diversité dans l'architecture des bâtiments, une vraie interactivité également avec ces derniers et la présence de PNJ neutres, chose complètement occultée dans cet opus alors qu'on est quand même censé être dans l'une des plus grandes villes du pays.
A contrario des ennemis, extrêmement présents un peu partout, trop à mon goût mais les adeptes de la baston trouveront leur bonheur en essayant par exemple l'une des rares nouveautés : les gants électriques, gadget à mon sens totalement inutile provenant d'un personnage tout aussi vain à prendre je pense, au second degré, tant son rôle est ridicule.
Pour compléter la durée de vie plus qu'acceptable du scénario, pouvant cependant se faire assez vite (15 heures perso, sans rusher) pour les gens maîtrisant un minimum le jeu, les quêtes secondaires sont toujours présentes, comme les inévitables énigmes du Riddler un peu plus faciles à résoudre où alors les résolutions de scènes de crimes, plus poussées et intéressantes qu'auparavant.
Dans un monde parfait plein d'amours, j'aurais également apprécier que certains bugs soient enfin corrigés, spécialement ceux liés aux collision pendant les combats, toujours autant présents mais pas réellement dérangeants contrairement aux minis-freezes de plusieurs secondes pour certains qui cassent un peu l'immersion.
Le grand atout de ce jeu reste, à mes yeux, son scénario. Je ne suis même pas loin de penser qu'il s'agit du meilleur des trois. A la fois plus sombre et mature, il se suit sans vergogne et se laisse apprécier à de nombreux moments même si certains twists sont pas des plus inspirés, notamment un qui m'a, personnellement déçu même en étant un énorme fan du personnage, les gens ayant fait le jeu comprendront.
Venons-en aux boss fights, la grande faiblesse de la saga à mon sens, excepté ceux de l'Epouvantail dans Asylum et Freeze dans City.
On va dire que le résultat est mitigé mais pas le moins du monde inférieur à ses deux grands frères. On est toujours confrontés à une facilité exagérée et une douloureuse impression de déjà-vu pendant les combats.
Heureusement, certains trouvent grâce à mes yeux et j'ai vraiment eu le sentiment qu'un effort avait été fait de ce côté-là, même si le plus intéressant reste (comme pour Asylum et City) la mise en scène se déroulant avant et après le boss fight, enjolivée par des cinématiques inspirées.
Graphiquement ça ne bouge pas, cette génération de consoles est bien à bout de force, entre les multiples ralentissements lors de l'utilisation du boost-grappin où on doit descendre à 15-20 fps et les transitions entre les cinématiques en images de synthèse et celles in-game, le constat saute aux yeux : vivement la PS4 et la ONE... Sauf pour les joueurs PC déjà bien équipés et qui ne manqueront certainement pas l'occasion de le rappeler.
Côté sonore, l'ambiance est toujours aussi soignée et agréable, certains chants de Noel venant même résonner de temps en temps, sous une neige assez appréciable au demeurant. Jouant en VF (oui je sais, je suis le diable), la grande nouveauté est bien sur le changement de doubleur du Joker, dorénavant incarné par Stéphane Ronchewski (le Joker de The Dark Knight) ayant eu l'honneur de succéder au grand Pierre Hatet, également l'auteur du fameux : " Nom de Zeus Marty " .
Ce changement divise les fans, beaucoup ne comprennent pas ce choix étant donné que les deux Joker sont très différents et d'autres, plus minoritaires, dont je fais parti, pensent justement que c'était le bon moment de changer vu qu'on a affaire à un prequel, donc à un Mr J plus jeune et différent, peut être encore plus fou avec un côté clown moins mis en avant.
Les adeptes de la langue de Shakespeare sont d'ailleurs confrontés au même problème, Mark Hamill prenant également sa retraite, succédé par Troy Baker, qu'on entend décidément partout (The Last of Us, Bioshock Infinite etc).
Je mentirais si je disais que j'attendais ce Batman avec impatience, je savais exactement à quoi j'allais être confronté et j'admets avoir été parfois saoulé par ce manque d'ambitions et de prises de risques. Cependant, ce serait aussi mentir si j'occultais volontairement le plaisir que j'ai pris à faire cet Origins. Malgré tous ces défauts, certes pas très reluisants de prime abord, le charme opère toujours et fait de cet opus un complément de qualité, à défaut d'être une suite perfectionnée à l'extrême.
Pour ça, laissons faire les artistes de Rocksteady, et nom de Dieu que j'ai hâte de voir le résultat.
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