Bayonetta 2
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Bayonetta 2

Jeu de Platinum Games et Nintendo (2014Wii U)

Je vais considérer dans cette critique que vous avez déjà joué à Bayonetta 1er du nom, ou au moins que vous le connaissez à peu près. Si ce n'est pas le cas, cette critique n'aura pas d'intérêt car elle a pour but de comparer les deux opus. Si vous n'avez pas joué au 1, autant faire les choses dans l'ordre et commencer directement par le 1er épisode.


On va expédier les évidences : c'est plus joli, Baba se manipule de la même façon, le feeling est très similaire, le scénario est tout aussi confus et envahissant (mais il a le mérite de boucler la boucle), on a toujours beaucoup de gros délires. Bref, globalement l'expérience est assez similaire, les amateurs continueront d'amater. Parlons maintenant des subtilités en plus.


Commençons par quelques points qui font bien plaisir : Déjà le bestiaire a été entièrement revu et c'est chouette. J'ai l'impression qu'il y a moins de problèmes de caméra, mais on en trouve toujours un peu. Le jeu s'éparpille moins dans ses variations de gameplay non maîtrisées. On a toujours des scènes de courses et de schmup, mais elles sont plus courtes et moins pénibles. Hop, exit la séquence en moto chiante comme la mort, bye la séquence de tir au canon hyper lourde. Il y a également beaucoup moins d'exploration qu'avant. On a toujours un petit peu d'environnement ouvert, mais on n'est plus obligé de tout fouiller à moins de chercher les items. Il n'y a plus beaucoup de phases de plateforme obligatoires non plus. La progression s'en trouve fluidifiée, c'est gentil. Il y a par contre deux moments où on doit se farcir des dialogues qui imposent à notre sorcière bien aimée de marcher au pas, sans pouvoir skiper. C'est assez nul.


Le principal apport de gameplay est léger : quand on a rempli notre barre de mana, on peut la dépenser autrement qu'avec un finish move. On peut ajouter un effet d'invocation (ces attaques géantes qui concluent nos combos) à tous nos coups de base. Du coup on fait plus mal pendant un moment et avec une plus grande portée, mais face à un seul ennemi c'est nettement moins efficace que le finish move. Ce ne sera donc utile que dans deux situations : face à une horde d'ennemis qui se prendront tous notre attaque (frappes moins puissantes qu'un finisher, mais contre tout le monde en même temps) ou face à un adversaire qui ne peux pas subir de finish move. On pourra donc se défouler contre les boss. C'est très loin d'être une évolution majeure, mais c'est toujours bon à prendre.


L'autre changement, c'est la baisse de la difficulté. Le 3e niveau de difficulté correspond au niveau normal du 1er Bayonetta, ensuite c'est directement le mode sans le witch time. Vous ne pourrez donc pas profiter de l'équivalent d'un mode hard avec witch time, et c'est vraiment dommage. Autre changement notable, la barre de mana ne se vide plus quand on encaisse un coup. Vous aurez donc toujours de quoi balancer la purée aux boss, elle ne sert plus de récompense pour avoir enchaîné les combos sans se faire cogner. Pas cool ça, quand on s'est habitué à la difficulté du précédent on a du mal à accepter ces petites aides. Par contre j'ai lu ça et là que les witch time étaient plus simples à placer, mais je ne m'en suis pas du tout rendu compte et je n'ai pas eu l'impression que ça simplifiait le jeu. Le challenge reste assez présent, d'ailleurs il y a des niveaux bonus que je n'ai pas réussi (deux boss qui m'affrontent en même temps, avec tous les problèmes de caméra que ça implique et en fin d'un niveau très long à recommencer du début en cas d'échec, c'est trop chaud pour moi). Il y a surtout un boss qui m'a donné beaucoup de fil à retordre, voici pourquoi.


Essayer un Beat Them All quand on n'est pas un connaisseur, c'est difficile. Déjà parce qu'un bon Beat Them All devra être suffisamment difficile pour forcer le joueur à exploiter toutes les subtilités du gameplay qu'on lui propose, sinon autant jouer à Track and Field. Or ces subtilités ne sont pas toujours évidentes à saisir, encore moins en plein combat avec le minimum d'explications. L'horreur, c'est quand on se trompe sur la manière dont on doit jouer pour s'en sortir : frustration garantie, on ne sait pas alors si on doit blâmer le jeu, notre incompétence, ou la manette. J'ai connu ça lors de notre 1er affrontement avec l'individu masqué de Bayonetta 2, et j'ai alors redécouvert une mécanique de gameplay que je n'avais jamais eu besoin d'utiliser.


Dans le 1er opus, les combats contre Jeanne avaient une particularité : toutes ses attaques ne permettaient pas le déclenchement du witch time. Seules les esquives de ses fins de combos lançaient ce fameux slow motion, nous donnant l'opportunité de placer notre combo. Il fallait donc réussir une suite d'esquives parfaite pour avoir l'occasion de contre-attaquer. Sauf que dans Bayonetta 2, les combats contre les boss humanoïdes ont complètement changé de principe : cette fois toutes les attaques esquivées donnent un witch time, mais le slow motion accordé dure une seconde et ne laisse pas du tout le temps de placer un combo, hormis le plus petit et moins gratifiant d'entre eux. Or ce sont les toute dernières attaques des combos qui contiennent toute la puissance de Baba, le reste n'enlève pas grand chose aux boss. Si je ne peux pas terminer mon combo, je fais quoi ? Eh bien je le maintiens en gardant le bouton d'attaque appuyé, j'esquive et je reprends mon combo là où je l'avais laissé. On pouvait déjà le faire dans le jeu précédent, mais je n'en avais pas eu besoin en difficulté normale car le witch time permettait généralement de s'en passer. Pas ici. Le jeu m'a forcé à apprendre à me servir de cette astuce, parce que sinon je ne faisais rien au boss et il me défonçait. Et ça c'est une vraie réussite pour moi, un bel exemple de pédagogie vidéoludique par la frustration et un vrai apport au 1er Bayonetta, que je cerne un peu plus grâce à ça. Dans The Wonderful 101, les combats de boss contre notre nemesis sont parfois très durs mais je ne m'améliorais pas, parce que quand on perd on reprend le combat là où on l'a laissé, avec la barre de vie du boss dans le même état. Impossible donc pour moi de progresser, puisque le jeu me laissait finir le combat sans me laisser le temps de comprendre comment je devais faire, ni me forcer à montrer que j'avais saisi comment on devait jouer. On me laissait juste continuer l'aventure alors que j'avais des bases de noob insuffisantes pour la suite. C'était pas bien. Dans Bayonetta 2, c'est bien. Ça contrebalance les soucis de difficulté que j'avais évoqué, ça m'a même préparé à tester le mode hard de Bayonetta avec des ennemis qui n'autorisent pas le witch time.


Puisque je parlais des boss, autant poursuivre dans cette voie. Ils sont ici en deux parties, les humanoïdes du style de l'homme masqué (ou de Jeanne dans l'épisode 1), et les gros gros monstres. Ces derniers sont très décevants : leur character design est varié et ils profitent d'une mise en scène sacrément épique, mais leur nombre de patterns est famélique et on les esquive un peu toujours de la même façon. On est très loin de la diversité des situations apportées par les boss de Bayonetta. Ces combats là sont même plutôt courts, on dirait un peu des sous-boss avec une mise en scène de boss. Quant aux joutes entre duellistes, elles sont plus nombreuses que dans Bayonetta mais finalement un peu répétitives (surtout quand c'est le même personnage qu'on affronte plusieurs fois). D'une manière générale, ce sont toutes les scènes du jeu qui visent moins la diversité des situations que l'efficacité des combats à enchaîner. La déception vient surtout du boss final. Souvenez vous de la construction du 1er Bayonetta :
- Une introduction classe où on ne peux pas mourir, qui est là juste pour donner envie pendant qu'on nous fait de la narration.
- Un prologue qui sert de didacticiel.
- 16 chapitres, le dernier étant un face à face épique de duellistes qui met bien dans le bain pour le combat final.
- Un épilogue, à savoir le méga boss de fin over 9000.
- Une cinématique de fin après avoir achevé le big boss de façon absurdement exagérée.


Pour Bayonetta 2 on a :
- Une introduction classe où on ne peux pas mourir, qui est là juste pour donner envie pendant qu'on nous fait de la narration.
- Un prologue qui sert de didacticiel.
- 16 chapitres, le dernier étant un face à face épique de duellistes qui met bien dans le bain pour le combat final.
- Une cinématique de fin après avoir achevé le big boss de façon absurdement exagérée.
Hum ? Il ne manquerait pas un truc là ? Ça sent la fin de développement rushée.


Bayonetta 2 n'est pas ce que l'on peut appeler un jeu indispensable aux possesseurs du 1er, mais il remplit très bien son contrat malgré ses maladresses facilement pardonnables. Ses différences sont peu nombreuses et ne changent pas trop notre manière de jouer, mais on sent quand même un subtil recalibrage.

thetchaff
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le 15 mars 2016

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