la bite humaine

Le jeu essaye de faire l'amour, la fête, le désir, l'amitié avec moi. J'ai deux amis qui ont joué et adoré le jeu. Le premier je lui ai conseillé vivement, le second j'ai découvert par hasard qu'il y avait joué et il était choqué de pouvoir partager ça avec moi car c'est quelque chose dont on ne parle pas normalement. C'est vrai que jouer à Being a Dik ça commence par un dur constat personnel: nous sommes trois jeunes mecs et avons une vie sentimentale qui peine à s'exprimer, circonscrite à l'intérieur par pudeur, timidité, incommunicabilité. Il faut ajouter à cela une vie sexuelle depuis un certain temps inexistante en dehors de l'onanisme. Aubaine pour le développeur, il semble que nous soyons des centaines de milliers comme ça. J'ai montré des images du jeu à un autre ami pas du tout célibataire qui m'a dit que c'était horrible, "dégoutante" l’esthétique. Il a raison c'est dégueu, américain à fond, plastique, 3D figée mannequins et coïts 4K. En fait c'est les mots étalés dans le temps qui créent du lien et du désir, les émotions/intentions simulées qui persistent, en devenir, et donnent l’impression de se rejoindre entre les personnages. Il faut tout le temps lire dans Being a Dik, c'est comme ça que les différentes personnalités se détachent lentement par le texte pour nous rencontrer. Si je pouvais lire les paroles que les gens disent dans la vie comme si le texte sortait de leur bouche, prendre le temps de peser leurs mots, j'ai l’impression que ça serait plus facile de comprendre. Je trouve fascinant qu'un jeu comme ça d'apparence sordide, cliché porno de patriarches, soit celui là qui cherche où personne ne va d'habitude dans les jeux vidéos. Il y a une tentative de soin à la solitude. C'est très exigeant pcq en tant que joueur je sais que je suis dans une posture d'S.O.S et que je sollicite le monde virtuel d'un inconnu pour me soustraire à mes problèmes. Je sais qu'il pourrait me prendre pour un imbécile et se montrer cynique, me proposer quelque chose de facile et détourner ma détresse en flouze (ce que font d'ailleurs la majorité des jeux vidéos). Mais BaD arrive à créer un univers en équilibre entre les fantasmes et le réalisme pour simuler une rencontre humaine somme de détails touchants et de grotesque. Pour autant le male gaze qui sert de toile de fond aux nombreuses propositions masturbatoires favorise une tristesse latente. Une mélancolie qui vient s'intensifier chaque fois un peu plus lorsque l'on s'y abandonne et qu'alors on préfère l'image rêvée au monde.