Une caméra qui descend très lentement du ciel, traverse des nuages, laisse apparaitre un point qui devient, petit à petit, un bateau qui grossi jusqu'à ce qu'il échoue sur une plage où accoste un petit aventurier. Le héros est là ! Rarement une intro ne vous préparera autant à ce que vous allez faire dans un jeu : Below ne sera pas un jeu bavard. Ce sera un jeu lent. Et ce n'est pas vous qui allez commander. Enfin maintenant, on peut jouer !
Le jeu est silencieux et vous laisse seul sur la plage. Pas un mot. Quelques icones qu'on devine. Un inventaire spartiate (16 emplacements), et un plan... qui laisse perplexe à première vue. Une lanterne qu'on récupère. On comprend qu'il faut aller dans le donjon et s'enfoncer dans ses méandres. Logique avec un titre pareil.
Premiers étages. Première mort, inéluctable. Après tout l'univers est hostile : le héros à faim, à soif, on ne gagne que peu de vie en mangeant des légumes rares et sans doute faméliques. Certains ennemis sont retors.
Mais un nouveau héros arrive, prêt à continuer le travail de son prédécesseur. Même bateau ou presque, tenue différente. On a peut-être débloqué des raccourcis qui « faciliteront » la tâche. Rogue-like ? Souls-like ? Jeu de survie ? Qu'est-ce qu'on s'en fout ? Jouer à Below c'est accepter de ne pas comprendre ce qu'il se passe et de progresser à tâtons. A tâtons dans le noir, à tâtons dans le gameplay. C'est accepter qu'on va mourir quoi qu'il arrive, parce que la mécanique du jeu rend la mort obligatoire (il n’y a pas assez de ressources disponibles à chaque partie pour pouvoir faire le jeu avec une seule vie, si c’était possible).
Mais la mort n'est pas une fin… Témoignent les nombreuses carcasses de bateau autour de l'île.
Venons au cœur du sujet. Below est dur. Il est dur en tant que jeu, mais il est dur aussi avec le joueur, car il ne pardonne rien. Pas parce que la maniabilité est mauvaise (au contraire), mais parce qu'il est très (trop ?) peu disert : il faut tester, et comprendre. Rien ne vous sera expliqué. Ni l'histoire, ni l'objet de la quête, ni les effets des objets. A chaque problème une solution, mais encore faut-il pouvoir la (re)connaitre !? Ou plutôt la deviner, car à part les noms des objets, pas forcément explicites, il faudra vous débrouiller par vous-même.
Sauf que nous n'avons pas tous les mêmes références, pas toutes les mêmes attentions aux détails, et que parfois le challenge peut être rebutant. Très rebutant, avec des « piques » (la première fois qu’on arrive au level 4) et une apothéose dans les derniers étages (14 à 18, ceux qui sont arrivés jusque-là savent de quoi je parle). C'est la seule faute de goût de Below à mon sens : ces derniers niveaux sont littéralement épuisants : les "ennemis" qu'on y trouve ont des comportements erratiques, et les parades sont bien minces. Ce qui rend parfois le jeu désespérant (Voire injuste).
Tout cela mis bout à bout, je me dis que Below est un de ces jeux qui ne pourrait sans doute pas exister sans internet : qui passerait aujourd'hui des dizaines d'heures, littéralement, à chercher les effets de tel objet dans telle zone ? A mourir et à recommencer sans fin ? Presque personne. (Pas moi en tout cas)
Heureusement internet existe.
Heureusement, car Below est vraiment un TRES bon jeu et mérite qu'on s'y attarde. Pas besoin d'y jouer longtemps pour le comprendre : il le montre dès les premières minutes ! On est happé par la direction artistique, le soin apporté à l'univers, la patte graphique épurée, et un vrai sens de la composition dans pas mal de scène. Les musiques, rares, parfois bruitistes sont incroyables et soulignent l'oppression du joueur... Le travail sur l'ambiance du jeu est un modèle d'efficacité et de mesure. Il règne dans ces grottes une atmosphère terrifiante : chaque bruit est amplifié, et le hors champs devient (à la manière d'un Silent Hill d'ailleurs) la source de toutes vos craintes. Dans l'ombre se cachent des monstres et des pièges terrifiants. La lumière sera le cœur de votre préoccupation, manque de pot, elle sera très rare (au début).
Cette atmosphère fait écho au silence du joueur, concentré, qui s'enfonce dans les ténèbres avec son personnage, happé dans la même pénombre, en pleine résilience, déterminé... Car de l'abnégation il en faudra !
Below est une claque dans la gueule. Ce n’est certainement pas le jeu de la décennie, il a d’énorme qualités mais également pas mal de défauts. Mais il imprime quelque chose dans le joueur, et rien que ça, j’ai envie de dire que c’est déjà pas mal. Un vrai coup de cœur (masochiste) !