Le monstre²
Quand j’ai lancé The Wanderer, je savais à peu près à quoi m’attendre. Un jeu court, arty et qui reprenait le mythe de Frankenstein. OK. Pour tout dire, ces 3 idées me plaisaient plutôt bien...
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le 31 oct. 2024
Quand j’ai lancé The Wanderer, je savais à peu près à quoi m’attendre. Un jeu court, arty et qui reprenait le mythe de Frankenstein. OK. Pour tout dire, ces 3 idées me plaisaient plutôt bien.
J’avais bien vu l’enthousiasme qui règne ici, sur senscritique, et sans lire de critique, je l’avais acheté en promo, puis laissé de coter le temps de l’oublier un peu.
Puis dernièrement je l'ai lancé, et…
Alors oui, le jeu a des qualités . Il y a une direction artistique travaillée. Les musiques sont géniales pour peu qu’on adhère au genre.
Aussi, il dure le bon temps face à sa proposition : rien de pire qu’un jeu qui s’étire alors qu’il n’a plus rien à dire. 1h30/2h00 et c’est plié : ca a raconté ce que ça voulait raconter. Parfait !
C’est plutôt bien écrit d’ailleurs, notamment en proposant d’incarner le monstre dans diverses situations où il sera confronté à la fois à son inquiétante étrangeté, mais également à sa grande banalité tant il cherche l’amour, un parent/créateur et le sens de son existence.
Mais à coté de ça, The Wanderer souffre tout de même d’un certain nombre de problèmes qui à mon sens sont rédhibitoires.
On va commencer par le plus important : le gameplay. Car après tout nous sommes dans un jeu vidéo.
Je ne suis pas un maniaque de la manette : je n’attends pas la même chose d’un Celeste, d'un Dishonored ou d’un Dear Esther pour citer quelques jeux que j'aime beaucoup. Les propositions de gameplay simples me vont bien, et même très bien tant qu’elles ne sont pas simplistes. Mais là, sorti du déplacement du monstre et des interactions dans les dialogues, j’ai eu quand même l’impression d’être dans Adibou. Le jeu aurait pu (peut-être aurait-il dû ?) se contenter de nous faire explorer les scènes, discuter avec les protagonistes et faire des choix (c’est le cœur de l'intérêt de The Wanderer à mon sens, d’ailleurs il y aurait plusieurs fins, mais je n'ai pas assez d'abnégation pour refaire le jeu).
Mais il a été décidé de rajouter un bon nombre de petits « puzzles » (j’insiste sur les parenthèses). Un ou deux sont passables, le reste est franchement raté (au hasard, le magnifique « Jouez 8 notes de musique sur une partition colorée ») Ces puzzles n’ont aucun intérêt, ni en termes de gameplay, ni narrativement. Pire, ils ont eu tendance à me sortir de la narration, ce qui est quand même dommage.
Pour ce qui est de la direction artistique, c’est assez joli, c’est vrai. Mais elle est trop inégale : les peintures qui forment les décors (et donc l’essentiel de ce que l’on voit) vont du très réussi (généralement), mais certains détails donnent une impression de "vite-fait". Ce genre d'approximation me fait sortir totalement du jeu ! (Et je ne parle pas des découpages/masques qui sont parfois franchement hasardeux).
Mais le pire est sans doute l’intégration des personnages en 3D dans ces décors fait de touches et de coups de pinceaux. On voit bien l’attention portée sur le monstre, qui est également un monstre vidéoludique, une ombre blanche presque low-poly. Malheureusement, il tranche un peu et semble posé sur le décor. C'est pourtant lui le mieux réussi : dès qu’on rencontre des humains, on n’y croit plus un instant : animations rigides, personnages non caractérisés, tous les PNJ se ressemblent plus ou moins, etc.
Je passe aussi sur un des tableaux mettant en scène un bateau : degré zéro de la réalisation ou simplement mauvaise mise en œuvre d’une idée qui aurait pu être bonne?
La critique est (toujours) simple, mais l’art est difficile.
Bref, selon moi, The Wanderer a des défauts : j’aurais préféré que le jeu se concentre sur ce qui est importants (caractérisation des PNJ, plus de possibilité d’interaction dans les dialogues, travail sur les détails et l’intégration, l'homogénéité de l'univers) plutôt que de vouloir impérativement sortir UN JEU, avec tout ce que ça implique en termes de puzzles et de bouton à appuyer plus ou moins longtemps.
Sa proposition graphique et ludique est moderne, mais l'esthétique mise de coté, j'ai eu l'impression de jouer à un jeu du debut des années 2000.
Heureusement the Wanderer a également des qualités : sa musique, une histoire universelle et qui réexploite son propre mythe de manière assez intelligente, une DA qui touche parfois très juste… ce qui est déjà en soi une proposition vidéoludique assez osée !
Le résultat final n’est juste pas à la hauteur, et tient finalement du monstre de Franckenstein. Et c’est dommage.
Créée
le 31 oct. 2024
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