Horace est un jeu de plateforme mâtiné de puzzle, quelque chose d'assez classique en somme. Il est d'ailleurs réalisé "à l'ancienne", 2D, pixel et son chipset. Le genre de jeu qui a tout pour me plaire (pourvu qu'il n’y ait pas d'arbre de compétence, pourvu qu'il n'y ait pas d'arbre de compétence...) Il se défini lui même comme un jeu "pour les gamers, par des gamers".
Et Horace a effectivement des qualités : les graphismes dans les phases de jeu sont très sympas, old-school mais avec une palette agréable - à la manière de ce qui se fait beaucoup dans les jeux indépendants.
C'est d'ailleurs assez maîtrisé d'une façon générale : les parties plateforme sont plutôt bien foutues, quelques énigmes et mécanismes... c'est pas foufou mais relativement bien exécuté. La mécanique de jeu est simple dans ces phases mais efficace, le perso répond bien, et les chaussures "magnétiques" sont bien exploitées. Les boss sont plutôt sympas, très référencés, et les phases de plateforme sont entrecoupées par des mini-jeux - assez inégaux - mais qui restent divertissants. On sent qu'il y a la passion des choses biens faites, et un certain nombre de références.
"Ah ben c'est plutôt pas mal tout ça !" me direz-vous...
Oui mais non... Voilà : au bout de 8h de jeu, j'ai lâché l'affaire... car Horace a aussi beaucoup de gros défauts. Et au final ces défauts m'ont fait craquer à 2h des 10h de jeu promises.
D'abord, le jeu est extrêmement verbeux : ça cause énormément. Et le pire c'est que l'histoire est brouillonne, longuette, et ne mérite pas ces longues minutes perdues à attendre de jouer. Horace blablate pendant de longues et harassantes minutes de sa voix monotone, au début, au milieu des stages.... A la fin aussi.... Bref tout le temps ! C'est assez insupportable, car les phases de "vrai" jeu sont entrecoupées, très éloignées les unes des autres. Dès le début, on se demande "quand est-ce qu'on va jouer?"... Assez rarement au final !
Ces phases de narration sont en plus accompagnées d'une "bouillie de pixel" assez insupportable : le jeux est jolis, je l'ai dit, mais durant ces phases, les sprites sont zoomés au point de faire passer le mode7 de la super Nintendo pour une peinture de la Renaissance. Ce rendu "regardez comme j'ai des gros pixel" est un parti pris graphique, d'accord ! Mais à mon sens l'effet est totalement raté, car il n'est pas lisible, et surtout, la longueur de ces cut-scenes rend le plat totalement indigeste.
La musique enfin va du potable à l'insupportable. Ce n'est pas tant l'effet chipset/midi le problème : il y a bien quelques thèmes originaux - trop peu à mon goût. Mais tout au long du jeu, on dirait une playlist Spotify "les 100 morceaux de musique classique à connaitre absolument" : des morceaux hyper connus, qui perdent de leur saveur en étant ainsi mis à la queue-leu-leu sans goûts, sans touche personnelle, sans sens.
Et c'est d'ailleurs le vrai problème pour moi de ce jeu. Horace ne fait qu'appeler à la rescousse ses références mais ne fait presque jamais sens. Il tombe dans une sorte de name-dropping constant, lassant, ou les citations vidéoludiques, cinématographiques, musicales et littéraires n'apportent rien d'autre que de dire au joueur : "Hey les gars ? Vous avez vu ? Vous avez vu nos références ? C'est les mêmes que vous les gars ??? Vous avez vu, hein ? Hein ???".
Ces citations incessantes, au début, m'ont semblé un peu prétentieuses... Mais je pense - après ces 8 heures de jeu - qu'il s'agit plus de maladresse. La petite équipe qui a fait Horace voulait mettre ce qu'elle aimait dans son projet... Mais trop, c'est trop: ça ne passe pas.
Bref, pour moi une occasion ratée, un jeu gâché par une trop grande ambition. Mais peut-être que les prochains passeront au-dessus de ces erreurs qu'on pourrait qualifier de jeunesse.