Biomutant
5.5
Biomutant

Jeu de Experiment 101 et THQ Nordic (2021PlayStation 4)

Après avoir cristallisé énormément d'attentes au fil des années, la sortie de Biomutant a déçu bon nombre de joueurs, dont moi.  Je vais m'évertuer à travers cet article de revenir sur les raisons m'ayant poussé à quitter le jeu très rapidement.


Officiellement annoncé en aout 2017, Biomutant a mis presque 5 années à voir le jour après de multiples reports. Pendant ces longues années, le modeste studio suédois Experiment 101 a revu ses ambitions à la hausse afin de nous proposer le meilleur jeu possible. Dès son annonce, Biomutant avait attiré les regards sur son ambiance particulière, à base d'animaux élevés au Kung-fu dans un monde post-apo enveloppé de bonnes ondes. Cette atmosphère à des années des open-world habituels avait de quoi enthousiasmer par cette approche. L'expectation des joueurs combinée à une attente interminable à rajouter beaucoup de stress sur les épaules des développeurs. Il me tient à coeur de préciser que malgré le retard technique accusé par les environnements, que ça soit par le clipping, l'aliasing ou toute autre considération technique, je ne juge que très rarement les jeux sur ces points. Quelques exceptions à cette position demeurent, mais nous sommes loin d'être dans ce cas de figure.


5 ans plus tard, me voilà avec le jeu entre les mains, prêt à l'insérer dans une PlayStation 5 encore vierge de toutes les violations du non-sens qu'elle allait subir.



Une Masterclass d'erreurs à ne pas commettre

Après un passage par un éditeur de personnage très appréciable, où il m'a été possible de donner vie à mon panda, plus blanc que roux, je bouillonnais d'impatience de partir à la découverte du monde auquel j'avais tant rêvé. Si cette projection d'un monde avait pu être une mauvaise manoeuvre de mon esprit, au risque de placer mes attentes trop hautes, je ne considère pas que Biomutant m'ait déçu sur ce point. L'univers du jeu regorge de bons sentiments avec une multitude de quêtes annexes à réaliser ou d'objets à ramasser afin de customiser son personnage à outrance. 


Dès sa première heure, la quantité d'erreurs m'écarquille les yeux. Très pantois, je découvre ébahi que le sound design est à la ramasse totale. L'impact des coups sur les ennemis est inexistant et procure un sentiment de néant. L'impression de casser des crakers dans sa cuisine à chaque attaque portée refroidit instantanément. Pire, ne pas voir visuellement ce choc ne permet pas de transmettre cette sensation de rentrer en contact lors d'un affrontement. Les poings du personnage semblent tout simplement traverser l'adversaire, occultant la nécessité de game feel inhérente à n'importe quel jeu existant.  


L'autre point sur lequel il m'est impossible de faire l'impasse réside dans le cheminement de la narration. Avant toute chose, je précise que malgré l'existence d'un paramètre permettant de diminuer l'intervention du narrateur, cela ne change pas mon point de vue. Une fois cette option réglée sur le minimum, la voix du narrateur ne pourra tout de même pas s'empêcher de vous guider pour absolument N'IMPORTE QUELLE PUT*** DE TÂCHE. L'évidence est là, les développeurs du jeu pensent que son public est une bande de dégénérés incapables de la faculté de penser. Non, vous n'êtes pas dans un cauchemar, le conteur de l'histoire ne peut pas s'empêcher de commenter vos moindres faits et gestes. Pire, il ira jusqu'à vous signifier l'action à entreprendre, aussi évidente soit-elle. Vous voyez la porte là-bas ? Aussi incroyable que cela puisse paraître vous pouvez l'ouvrir ...


Déjà exaspérant à souhait, le narrateur, tenant très à coeur à son rôle d'inutilité public, va jusqu'à vous lire les dialogues des personnages. Si cette idée ne vous semble pas si mauvaise, vous vous trompez allègrement. Composer de deux phases, les échanges s'éternisent plus que de raison. La première consiste à écouter le classique langage yaourt popularisé par Banjo-Kazooie. La deuxième phase donne les rênes au fameux narrateur avec une lecture du texte traduisant les paroles des personnages. Il faut le vivre pour le comprendre, mais ce système est à se tirer les cheveux. 



Un paradoxe d'enfantillages 

J'ai pu entendre certaines contres critiques visant à protéger Biomutant en affirmant que le jeu se destinait à un public juvénile. Pourtant, le PEGI sur la boite affirme que l'aventure est déconseillée aux enfants de moins de 12 ans. De plus, il est simple de rapidement comprendre que les thématiques du jeu s'adressent à un public adulte. Il est question de tueur de masse, de guerre, d'idéologie ... Même si l'ensemble reste édulcoré, il paraît évident que les sujets ne correspondent pas à un jeune public. 


D'ailleurs, j'entends trop souvent un argument excusant des jeux d'être idiot, car ils se destinent à des enfants. D'après moi, cette justification n'a rien de valable. Si une épopée vidéoludique est idiote, je préfère vous conseiller de ne pas laisser vos bambins les approcher. Ils existent une tonne d'excellents jeux correspondant à l'âge de votre progéniture. Ne les abrutissez pas en habituant les jeunes à se divertir avec des jeux stupides. 


Vous l'aurez compris, le paradoxe de cette excuse ne tient pas la route dans ce cas selon moi. 



L'échappée belle

Après à peine 5 heures, impossible de désirer s'impliquer outre mesure dans une épopée pareille. Je ne quitte que très rarement une aventure après si peu de temps de jeu. Je peux par ailleurs sentir que le développement du jeu a été fait avec plein d'amour, mais certaines priorités coulant de source n'occupaient pas le haut de la liste de l'équipe suédoise. Ces erreurs une fois corrigées pourraient redonner une seconde vie à Biomutant. Encore mieux, si cette opportunité venait à être saisie rapidement, le jeu deviendrait ce que j'ai toujours attendu de lui. C'est-à-dire une aventure post-apo avec des animaux dans un environnement en monde ouvert ayant tout pour plaire au grand public.


Du côté de la technique et des graphismes, nul doute qu'une mise à jour Next-Gen sur les consoles viendrait rajouter du peps visuellement. 


Loin de vouloir cracher toute ma haine sur Biomutant, je tenais à simplement mettre en évidence de simples erreurs, venant gâcher une aventure possédant toutes les qualités nécessaires pour me plaire. D'autant plus que ces imperfections, une fois gommées, donneront un tout plus digeste et agréable à parcourir. C'est d'ailleurs la promesse du studio qui compte très prochainement travailler sur la présence du narrateur et également sur l'impact des coups gâchant l'expérience de jeu. 


Finalement, je ne peux que vous dire que j'ai déjà très hâte de redécouvrir Biomutant dans les prochains mois.


Critique dispo sur mon blog perso : https://www.nextplayer.fr/la-deception-biomutant-critique-test/

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le 7 juin 2021

Critique lue 645 fois

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