C'est avec une certaine appréhension que je me suis décidé à faire ce Bioshock Infinite plus de 6 mois après sa sortie et ses critiques élogieuses car j'avais été un peu déçu par les deux premiers Bioshock que j'avais trouvé bons mais pas aussi géniaux que ce à quoi je m'attendais, alors qu'est-ce que j'en ai pensé de ce Bioshock Infinite ?
Une fois n'est pas coutume on va commencer en enfonçant une porte grande ouverte : la direction artistique de ce Bioshock (comme les autres d'ailleurs) force le respect de par sa qualité et son omniprésence. Une prise de risque majeure a été essayé en nous faisant passer des abysses auxquelles on était habitué aux cieux en nous proposant une ambiance aux antipodes de ce que qui a fait la renommée des premiers Bioshock, à choisir ma préférence va aux abysses mais Colombia reste une réussite esthétique indéniable du début à la fin et encore une fois ça force le respect. La modélisation des personnages très clean m'a un peu dérangé au début, je préfère des design plus réalistes mais c'est loin d'être mal fait et des moments violents quand on attaque au corps-à-corps, quand on headshot, quand on voit notre tonique sur notre main gauche... contrastent bien avec ce design du coup je retiens pas ça comme point négatif.
Techniquement le jeu souffre de quelques défauts mineurs, des textures disgracieuses à certains endroits quand on s'approche un peu trop près, des murs invisibles, un moteur physique pas toujours au point (on tire sur un piaf, la balle passe à travers), des petits temps de latence entre la fin d'une séquence scriptée et le début de la phase de jeu (on reste immobile en attendant que notre arme apparaisse)... ce qui donne une qualité technique pas tout à fait à jour pour un jeu sorti sur PC en 2013 (Crysis 3 est sorti un mois avant) mais la réalisation reste d'une qualité honorable et la direction artistique nous fait occulter les défauts techniques sans peine ce qui fait du rendu visuel global de Bioshock Infinite une réussite.
J'ai bien aimé les gunfights grâce à tous ce qui faisaient essentiellement la force du gameplay des premiers Bioshock (pouvoirs et armes à feu upgradables à combiner, combat au corps-à-corps associé à un élément... par contre ont disparu les types de munitions, dommage), à une visée relativement précise et à des arènes assez espacées avec des mécaniques de gameplay originales avec les failles nous permettant de faire apparaître des points d'accroche pour prendre de la hauteur et de la distance, des tourelles pour canarder l'ennemi à revers... Les développeurs ont opté pour la disparition pure et simple du mini de jeu de piratage qui aurait été ici un mini-jeu de crochetage, c'est un peu la facilité mais c'est pas un mal moi qui me souvient du mini-jeu du premier opus que j'avais trouvé insupportable à la longue.
Notre façon d'évoluer dans le jeu change des premiers Bioshock avec des couloirs reliant des arènes là où les premiers opus nous laissait explorer des petits labyrinthes avec aller-retours mais quelques retours aux sources font plaisir avec l’antre des héros ou encore l'usine qui consistent en un hub, un méchant avec sa propre personnalité, une ambiance unique... C'est suffisant pour que le jeu ne trahisse pas l'identité Bioshock et pas trop présent pour constituer autre chose qu'un simple copier-coller, juste ce qu'il faut.
Élizabeth aurait pu faire partie des pires boulets du jeu vidéo à nous suivre en permanence mais il n'en est rien, elle n'interfère pas durant les combats sauf en nous réapprovisionnant en cristaux, vie et munitions au moment opportun, aide que l'on peut refuser si on veut du challenge, elle réagit quand on la met en joug en visée précise pour ne pas nous boucher la vue, en fait elle agit comme un familier nous dépannant en cas de coup dur sans jamais nous déranger, c'est pas de l'assistanat puisque que l'on peut refuser son aide, c'est pas un boulet parce qu'elle ne nous dérange pas, c'est bien pensé, mes craintes à ce sujet étaient infondées.
On est plongé dans un univers sublime d'apparence mais en réalité corrompu par le fanatisme religieux, l'exploitation sociale, le racisme ambiant, le culte de la personnalité... et en face se dresse une résistance clandestine assoiffée d'une révolte populaire mais présentée comme terroriste et anarchiste. « C'est pas parce qu'une ville s'envole qu'elle est remplie de génies », je comprends que certains trouvent ça peu profond mais moi personnellement je dois avouer que ça m'a plus et un vrai effort a été fourni pour nous exposer ça progressivement avec les kinestocopes et les voxophones, mention spéciale aux petits sketches vertueux ou dépravé ?
Un grand merci pour le clin d’œil subtil à Deus Ex, ça fait plaisir. Les failles rouges avec musiques anachroniques m'ont bien fait marrer. En revanche, un truc que j'ai trouvé stupide, les spoils pendant les temps de chargement, il nous est parfois très clairement spoilé les rebondissements à venir, pour ceux qui n'ont pas fait le jeu en gros pendant le temps de chargement on nous explique sans raison qu'un personnage va certainement nous trahir, si quelqu'un pouvait m'en expliquer l'intérêt j'avoue que ça m'intéresse. La fin du jeu est un peu longue et confuse mais le fan-service et le twist final suffisent à compenser.
Par contre j'ai trouvé certains personnages sous-exploités comme Daisy Fitzroy qu'est presque transparente alors qu'en toute logique elle devrait avoir une place prépondérante dans le scénario. Le plus gros reproche que j'ai à faire sur le scénario, c'est la linéarité, nous n'avons quasiment aucun choix à faire et ceux-ci sont sans importance, certains me diront que c'est pas nécessairement un défaut, moi pas, quand je me retrouve obligé de faire une action que je ne veux pas faire je trouve ça frustrant et il en est de même quand des factions s'opposent et que face à ces affrontements d'envergure je suis complètement passif et pris par la main quand au choix de mes alliés et ennemis.
En somme, Bioshock Infinite est une suite originale, un bon jeu que je recommande pour une direction artistique soignée et un gameplay efficace, le scénario est bon mais il n'est pas non plus exceptionnel et surtout son intérêt est en ce qui me concerne limité par sa linéarité.