The New Adventures of Priscilla, Queen of the Black Desert

..// OVERVIEW //..

Développé par Pearl Abyss et édité par Kakao Games.

Temps de jeu : 133h.

Build joué : Sorcière niveau 56,07418 (pour le pourcentage de progression du niveau suivant, à 7.418% donc). Et non, elle ne s'appelle pas Priscilla ^^.

Important : Comme toujours dans un MMO, je n’ai pas mis un seul orteil dans le PvP. A l’instar d’autres critiques, il faut considérer cette note uniquement pour la partie solo d'un joueur qui expérimente de temps à autres ce qui se fait dans le genre.

..// PROS aka Ma Sorcière bien Gaulée, experte en faux et lacérations diverses //..

L’éditeur de personnages le plus abouti que je connaisse. Pour ne pas réussir à pondre un top model aux mensurations plus parfaites que la perfection elle-même, poitrine bondissante et/ou muscles saillants, il faut vraiment faire preuve de mauvaise volonté et pousser les curseurs à fond du côté obscur. Ou est-ce peut-être juste cette pulsion qui pousse parfois certain(e)s à faire le perso le plus hideux possible ? Bref. Longtemps montré dans les premiers trailers du jeu comme un véritable point fort du jeu, il faut se rendre à l’évidence qu’ils n’ont clairement pas menti. Moyennant un temps passé possiblement indécent, on peut ainsi faire naître sous nos clics la créature de nos rêves, pour ensuite se ruer sur le compte Twitter officiel du jeu qui est digne de la Fashion Week, afin d'y poster le résultat qui sera noyé dans les milliards d’autres photos déjà publiées. C'est simple, aucun n'autre MMO que j'ai pu approcher, ni même d'ailleurs la majorité des AAA solo/coop ne peuvent se targuer d’avoir un éditeur de personnages permettant d’obtenir des résultats aussi somptueux. On pourra certes rétorquer que tout cela n'est que futilité esthétique, mais dans un RPG, MMO ou pas, la création d'un avatar ne peut être bâclée et ne saurait souffrir quelconque déconsidération. Ici, elle est sublimée.

Système de combat nerveux et joliment chorégraphié. Rajoutant à la magnificence de ma sorcière que Mère Nature Virtuelle a clairement doté d’un physique avantageux, les combats sont l’occasion de sortir de beaux enchaînements d’attaques et d’esquives. En résulte des mouvements assez amples qui tranchent d’ailleurs avec les clichés du genre (je n'ai pas testé d'autres classes, donc si ça se trouve, je dis n'importe quoi). Si vous pensez que toutes sorcières qu’elles soient, ces dames aux pouvoirs magiques sont cantonnées à rester en arrière pour balancer des sorts à tous vents, vous vous fourrez la baguette dans l’œil. En troquant leur bâton et baguette contre une amulette typée gantelet, on offre aux ennemis un déluge de coups de griffes, de coups de talons dans les dents, de glissades arrières, de plongeons en avant, et j’en passe. Nos victimes se font dévisser la tête bien plus souvent qu’elles ne pourraient le croire, prenant bien sûr quelques boules d’énergie au passage, quand on ne passe pas en mode Super Sayan pour charger une attaque qui va ratisser toute la zone. Mais ça c’est juste avant Le Réveil qui permet d'utiliser une faux (pour la Sorcière). Là, c'est le stade supérieur du moissonnage, où l'on tourbillonne dans tous les sens, lacérant tout ce qui passe à portée de lame, jusqu'à envoyer un petit vortex des familles en guise de pouvoir ultime. Jouissif.

Sentiment de liberté assez poussé. S’il vous prend l’envie de faire le tour du monde dès le départ, en solo ou entres ami(e)s, c’est possible. Bien sûr, il est conseillé de rester bien sagement sur les routes et éviter de croiser le regard d’un ennemi très haut niveau, mais l’âme du touriste téméraire qui sommeille en vous peut s’exprimer librement. Attention toutefois, il n’existe pas de système de voyage rapide (les développeurs sont contre), ce qui implique qu’il faudra se taper à pied ou à monture tout le chemin inverse. La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez définir un point d’arrivée, activer le GPS et laisser votre personnage ou monture déambuler en mode automatique… ce qui peut quand même prendre un certain temps et me conforte dans l’idée que n’avoir aucun système « magique » pour se téléporter, c’est juste stupide et inutilement chronophage. L’immersion vous dites ? Dans la réalité, prendre l’avion ou le train c’est du voyage rapide alors « Rejeté au motif d’Excuse Bidon » (je soupçonne même une anguille technique sous roche). Il serait toutefois dommage de zapper les premières quêtes qui vous initient à un peu tout, du combat à la sacro-sainte pêche en passant par la capture de montures, l’artisanat et j’en passe. Si vous avez l’âme d’un investisseur, vous pourrez racheter tous les bâtiments libres d’un lieu, y établir des commerces ou ateliers, avoir des résidences à meubler et décorer, puis plus tard une servante à disposition. Plein de choses à faire partout, plus ou moins épiques selon ce que l'on attend d'un MMORPG.

..// CONS aka "Réussir à ne pas susciter l'intérêt 5 fois de suite" //..

Toute la partie esthétique déplacée dans un Market hors de prix. Vous je ne sais pas, mais dans un MMO**RPG**, je m’attends toujours à pouvoir obtenir des armures et de l’équipement de plus en plus classe, surtout quand on me propose un système de création aussi poussé. Là c’est tout le contraire, et le jeu est pensé pour vous faire visiter le Market qui vend à prix d’or les tenues du jeu qui ressemblent réellement à quelque chose. Quand j'ai commencé le jeu, j’ai été surpris de voir que ma sorcière était habillée de guenilles dignes du bas peuple médiéval. Admettons. Cela ne pouvait qu’être temporaire mais les heures passant, j’ai trouvé très louche que le peu que je débloquais côté cosmétique restait très vilain. Puis j’ai remarqué que j’avais un cadeau non ouvert dans mon inventaire qui était un costume très chouette que je pouvais en plus recolorer complètement … pour une durée limitée. Durée … limitée… un costume qui a donc disparu de mon inventaire un mois plus tard, me re-transformant avec dégoût en sorcière des égouts. Un petit tour d’Internet plus tard, le couperet tombe : « Il va falloir raquer mon bon ami voyons, cracher un peu de thune supplémentaire pour avoir la classe, sans quoi cette magnifique créature qu’est votre sorcière devra se contenter de porter ad vitam eternam les serpillières de cette ordure de Père Noël ». A l’instar de Fortnite (qui est gratuit), les tenues ont des prix variables selon leur ancienneté et les promotions du moment, mais disons qu’il vous en coûtera dans les 15€ pour cacher l’équipement réel (celui qui protège pour de vrai) et arborer enfin une robe qui sied plus à votre stature. Mais là ne s’arrête pas le vice des développeurs…

… qui ont été jusqu’à proposer le système de colorisation le plus minable que j’ai vu de ma vie de joueur. Histoire de bien vous faire payer régulièrement une sorte d’abonnement détourné, il existe plusieurs palettes de couleurs (tissu, cuir, métal, métal brillant, …) offrant un nombre assez impressionnant de couleurs. Cool. Sauf que pour obtenir les couleurs de votre choix, à l’inverse d'Elder Scrolls Online où on en débloque un paquet en jouant (et j’ai déjà celles qui m’intéressent dans ce jeu, ça tombe bien), ou de Warframe (qui est gratuit) où l’on achète certaines palettes à thématiques, ici il faut payer un pack pour débloquer l’intégralité des couleurs, qui ne sera valable que quelques jours, ou compter sur le hasard pour espérer obtenir celles qui vous intéressent, sachant que tout est à usage unique. Donc si par miracle, vous obtenez du noir métal, une couleur que j’utilise toujours partout et qui semble avoir ici une probabilité de sortie à 0.00001%, il vous faudra déjà avoir la chance d’obtenir du noir et en plus dans la bonne catégorie de couleurs. Et il faudra ensuite en obtenir plusieurs pots si vous comptiez repeindre toutes les pièces de votre équipement. Autant dire que vous n’avez aucune chance d’en obtenir, surtout que les couleurs ont été supprimées du marché où les joueurs peuvent acheter et revendre à volonté. Bien entendu, les quelques piécettes gratuites lâchées dans les connexions journalières m’ont surtout gratifié de tout ce que je déteste, à savoir des dizaines de couleurs pastels avec du rose, du vert transparent, du crème presque blanc, du flashy immonde, du rouge délavé, du marron diarrhée et j’en passe. On a atteint un niveau de foutage de gueule que je n’avais jamais vu. Encore plus infecte que Destiny 2, c’est dire.

Un PvE en manque d’amour et d'accessibilité. Malgré un système de combat très dynamique ici, le mode PvE semble être le parent pauvre du jeu de ce que j’en ai lu (et le PvP du Pay to Win...). Les quêtes insipides d’un autre temps s’empilent et font déborder notre journal, transformant surtout le jeu en beat’em all, malgré une volonté de scénarisation et un travail de fond évidents sur l'univers. Sauf que trop de choses semblent avoir été pensées dans un but de monétisation, avec des mécaniques d’une lourdeur incroyable. On a déjà parlé de l’absence de voyage rapide pour se téléporter dans une autre ville où l’on aurait laissé notre cheval. Il y a aussi les inventaires très limités tant en poche qu’à la banque qu’il faudra faire grossir soit en accomplissant parfois des quêtes, soit en achetant directement sur le Market. On peut aussi ajouter tous les systèmes casse-burnes qui n’ont à mon sens pas leur place dans un tel jeu, comme ceux relatifs aux petits animaux de compagnies (que vous aurez acheté bien entendu) et aux montures. Vous aurez tout intérêt à les nourrir régulièrement ou les ranger pour ne pas qu’ils crèvent de faim sinon vos petits amis ne pourront plus activer leurs compétences ni ramasser la tonne de loot lâchée par vos ennemis (comprendre qu'il faut passer une plombe à le faire manuellement sinon), et si votre monture venait à trépasser, il vous faudra retourner dans son écurie pour la faire soigner et la récupérer. Pas la fin du monde mais au final, j’ai tellement l’impression de retrouver les contraintes de la vraie vie dans ce jeu que la magie qu’il dégage s’en trouve parfois complètement évincée. Même le système surréaliste de conversation semble avoir été pensé pour faire perdre un temps monstrueux à tenter de développer un semblant de relation sociale avec les gens.

Jouable au pad, mais presque. Alors que FFXIV ou Elder Scrolls Online peuvent réellement se jouer pad en main sur PC, il faudra ici composer avec le clavier-souris toujours à portée de mains, seule la partie réellement gameplay gérant la manette. C’est pénible au possible et me rappelle les heures les plus sombres de Warframe qui pourtant existait sur consoles mais souffrait d'une véritable problème d’ergonomie finit à la pisse (corrigé depuis, ouf). Ici, c'est la même chose puissance mille. Au bout du compte, on ne peut simplement pas jouer manette en main, la moindre action en dehors des déplacements et des combats nécessitant généralement le clavier-souris pour aller plus vite. Rien qu'imposer un curseur quand on joue à la manette, c'est une hérésie tant ce pointeur se traîne misérablement à l'écran pour aller d'une option à l'autre. "Mieux que rien" j'entends au loin ? Avec des "mieux que rien", on a des voitures à trois roues hein, voir moins. Aucune excuse, surtout qu'il existe une version XBox qui a sa propre interface, indisponible sur PC. Cerise noire sur ce pudding suintant : les indications qui affichent les touches du clavier et jamais les boutons d'une manette XBox... Alors d'après mes fiches "E = Y", "Maj = RT", "C = LB + D-Pad Droite" ... non mais sérieux.

Techniquement le cul entre deux cartes graphiques. Alors imaginons que comme moi vous ayez une 1080 Ti et qu’avec la mise à jour récente "Remastered" qui présente fièrement le lifting du jeu, vous vous imaginez que c’en est fini du popping immonde des objets et des personnages. Plein d’espoir, vous montez toutes les options graphiques à fond pour que ça brille un max en 60fps et relancez le jeu en sommeil depuis quelques semaines… Hum, c’est effectivement plus joli tout ça et ça tourne en 60fps sans broncher... en général. Et voilà. Tout s’affiche toujours à vingt mètres sous votre nez, faisant échos à ce vieux dicton qui dit « péter plus haut que son cul ». Donc c’est bien beau de vouloir laisser affichées toutes les montures des joueurs partout, et de blinder ras la gueule les villes de personnages, mais si le moteur n’est toujours pas capable d’afficher correctement l’ensemble sur un PC haut de gamme, ça minimise d’autant les bonnes intentions initiales. Le jeu n’est du coup pas foncièrement laid, au contraire, car il offre des ambiances parfois réussies, des éclairages corrects, et aucun temps de chargement quand on se balade ou que l’on passe des intérieurs aux extérieurs et vice-versa. Mais le prix à payer reste toujours cet affichage très tardif d’un peu tout, et un rendu au loin assez banal. Et ça, c’est juste pour la partie graphique à laquelle on pourrait rajouter un pathfind médiocre qui se cantonne aux routes uniquement, faisant buter sur le moindre obstacle ma sorcière en mode GPS Auto, ou lui faisant faire des détours à rallonge, quand il n'envoie pas certains convois dans les ravins où on les regarde tenter en vain de rejoindre la route à présent inaccessible.

..// CONCLUSION //..

Black Desert Online est un MMORPG sans abonnement assurément unique à plusieurs égards. Il propose un système de création de personnages hallucinant, qui couplé à son système de combat très nerveux en fait un beat’em all défoulant et agréable à regarder avec son déluge d'effets spéciaux. Offrant un contenu mine de rien conséquent, on peut y passer des dizaines d’heures tant que l’on fait abstraction de ses quêtes insipides, de certaines mécaniques vraiment lourdingues appuyées par un obscurantisme global, et de son design économique abjecte. Poussant à contourner ses faiblesses par l'achat de packs de perles afin d'atteindre un niveau de confort de jeu acceptable, il ne laisse clairement pas dompter facilement et enfonce le clou après le niveau 56 (l'Eveil), où la progression semble plus lente que jamais, surtout si vous jouez solo où le grind est omniprésent.

Vendu sur Steam entre 10 et 50 euros selon les packs (5 euros dans mon cas pendant des promos de fin d'année), ma curiosité m'a poussé à y passer le nombre d'heures nécessaires avant de raccrocher ma faux dans le crâne d'un ennemi. Sans même tenir compte de sa techno chancelante, mon envie de voir le monde a été balayée par l'impossibilité d'acheter un permis de bateau valable (sans savoir pourquoi), par les dégâts que je prenais parfois en explorant le désert à l'Est (sans savoir pourquoi), et par les divers murs invisibles qui se sont dressés sur ma route alors que j'allais çà et là (sans savoir pourquoi). Passer des heures à faire la paysanne, élever des chevaux, devenir chef pâtissière, jouer l'agent immobilier, sociabiliser avec des boulets ou juste massacrer jusqu'à plus soif pour grappiller 0.00001% d'XP en vue du prochain point de compétence à gagner ? Nan ça ira, ma sorcière bien aimée a d'autres chats noirs à lacérer.

"Bahamut (c'est mon corbeau) ! Sekhmet (ma chatte noire) ! On part pour Tamriel. Il paraît qu'on a gras de boulot pour nous."