Blade Runner, mon amour . . .
(Attention l Ami lecteur sois averti qu'une partie de cette critique est prévue pour des gens ayant DEJA vu le film et qu'il y a donc un risque de spoil)
Je me lance aujourd'hui dans une critique que j'appréhende depuis longtemps : celle de Blade Runner.
Pourquoi ? Car il s'agit là d'un des films qui a le plus marqué le cinéma de SF et allons jusqu'à dire la SF tout court.
Pour essayer de faire dans l'originalité (ce film ayant été moult fois critiqué) , je vais croiser cette critique avec le jeu vidéo du même nom, sorti en 1997.
Bon déjà s'agissant du film, je vais clore une bonne fois pour toute le débat : nous parlerons de la seule version légitime à mes yeux : la fameuse "Final's cut" de 2007 (même si la "Director's cut" est acceptée).
Le film qui s'inspire grandement (mais pas "que") du livre "les androïdes rêvent ils de moutons électriques ?" de P.K.Dick avait curieusement fait un flop à sa sortie en salle aux USA (un peu moins en Europe). C'est le lot de nombreux films cultes malheureusement . . . Pour reprendre rapidement pour ceux qui ne connaîtraient pas, l'histoire se déroule en 2019. La terre est devenue une poubelle sur laquelle ne vivent plus que ceux qui n'ont pas les moyens de partir. Rick Deckard est un inspecteur d'un nouveau genre, un "Blade runner", chargé de retrouver et d'éliminer les réplicants, des androïdes, interdits sur terre. Plusieurs se sont récemment introduits en toute illégalité sur Terre et l'on suit donc Rick à travers une enquête qui le mènera aux frontières du genre humain . . .
Alors pourquoi ce film a-t-il tant marqué les esprits ?
Après tout, le thème n'a rien d'original en soi, la Dystopie était déjà un genre très usité par le cinéma au moment de la sortie du film, "La planète des singes" pour ne parler que de celui-là.
En fait, je pense que le "cultissisme" de ce film tient à un ensemble d'éléments plutôt qu'à un seul.
Prenons déjà le réalisateur : Ridley Scott.
Celui-ci n'avait alors pas encore vendu son âme au diable comme il le fera quelques années plus tard avec des films incroyables comme "Robin des bois" ou "Prometheus" . . . Très méticuleux, à la manière d'un Kubrick, Scott a manqué de rendre fous toute l'équipe du tournage ainsi que ses acteurs, mais le résultat est là : l'ambiance très sombre du film est tenue grâce à une réalisation parfaite.
Deuxième point, la musique ! La BO, de Vangelis, fait partie des rares qui vous marquent une vie et vous transportent directement dans le film. A chaque fois que je l'entends, j'ai l'impression d'être à côté de Rick Deckard en pleine enquête épique.
Troisième point, Harrison Ford. Toujours magistral, l'acteur joue là, pour la première et dernière fois un "antihéros". C'est l'un des points essentiels du film, Rick Deckard est foncièrement antipathique. C'est un ivrogne, dont les valeurs morales importent peu et qui clairement ne se situe pas du côté du bien. Un choix vraiment culotté pour Ford qui à cet époque sortait de deux "Star Wars" et d'un "Indiana Jones" et qui s'avérera être une véritable réussite.
Quatrième point, le monologue de Rutger Hauer à la fin du film, considéré comme l'un des meilleurs de l'histoire du cinéma (en grande partie improvisé), où un androïde vient vous parler de philosophie et vous donner une leçon d' humanité (un comble !).
Dernier point, probablement le plus important : la fin ambiguë. C'est ce qui a participé à la légende du film et est à l'origine des nombreuses versions du film. Rick Deckard, est-il ou non un répliquant comme ceux qu'il est censé chasser ? Les producteurs avaient initialement tranché en faveur d'un "NON"catégorique pour ne pas choquer le public. Ridley Scott, plus dans l'esprit du livre, souhaitait tenir cette ambiguïté. L'histoire lui a donné raison car on ne trouve quasiment plus dans le commerce que la version de 2007, la sienne.
Voilà, je pense avoir fait un rapide tour du "pourquoi ?" de l'exemplarité de ce film, qui explique son impact toujours vivace sur la SF. De nombreuses œuvres "cyberpunk" ne cachant même plus leur direct lignage avec le chef d'oeuvre de Scott, comme "Matrix" ou encore "Gunnm" . . .
Et comme promis, je vous croise donc cette critique avec celle du Jeu vidéo sortie en 1997 par Westwood studios.
Pourquoi ?
Tout simplement car non content de nous proposer l'un des meilleurs (voire le meilleur) "Point & click" de l'histoire, Westwood a réussi l'exploit de sortir un jeu adapté d'un film, sans en reprendre une ligne de dialogue !
En effet, le studio a intelligemment pensé que faire une énième adaptation d'un film serait faire fausse route . . . Pourquoi ne pas proposer directement une intrigue nouvelle se déroulant dans le même monde ?
Le jeu parvient ainsi à enrichir l'univers du film par une histoire réellement passionnante se déroulant en parallèle de celle de Rick et qui de plus, n'est pas linéaire ! Je vous rappelle que le jeu est sorti en 1997 et pour la première fois, on tenait compte de vos choix au cours de l'enquête pour vous proposer pas moins de 8 fins différentes !
Ce jeu, véritable révolution, est une TUERIE et je m'en voudrais de ne pas partager le bonheur que j'ai eu en y jouant. Je vous propose donc ci dessous un lien, gratuit et totalement LEGAL pour télécharger ce chef d'oeuvre (la licence ayant été abandonnée) du jeu vidéo :
http://www.abandonware-france.org/ltf_abandon/ltf_jeu.php?id=731
Je vous promets des heures de pur bonheur.
Profitez encore un peu du soleil tant qu'il en est encore temps et plongez vous sans honte dans la peau d'un blade runner !