Une bénédiction d'art design. Un blasphème de game design.

J'ai acheté Blasphemous sans trop savoir à quoi m'attendre, si ce n'est qu'il s'agissait d'un metroidvania exigeant, un peu comme Hollow Knight. Tant mieux, j'adore ça.

Premier constat, le jeu est beau. Vraiment beau. Du genre qui vous fait poser la manette et observer avec attention le soin qui a été apporté aux arrières-plans, magnifiquement dessinés. Le thème du jeu, un mélange de fantasy, de folklore hispanique et de thèmes religieux est ainsi incroyablement représenté. Chaque rencontre, que ce soit avec un PNJ ou un boss, est toujours surprenante et déroutante.

Si cette direction artistique est sans nul doute le plus gros point fort du jeu, difficile d'en dire autant quant à son game design, level design et son gameplay. Le jeu est un Sous-Like Metroidvania, à la Hollow Knight : comprenez donc un jeu difficile composé de multiples biomes avec un boss et des items à la clé, des passages inaccessibles sans une capacité (ex: double saut) et des allers-retours entre les différentes zones du jeu. Le tout teinté de monstres et de pièges à gogo, qui respawnent lorsqu'on se repose pour restaurer nos fioles de santé.

Disons le tout de suite, le jeu n'est pas difficile (du moins pour une première partie, le NG+ est une autre paire de manche), mais est injuste. Pour un joueur de plateforme /Souls exigeant, c'est sans doute le point le plus crispant. Si l'on meurt parce qu'on a loupé une esquive, pourquoi pas. Si l'on meurt parce que la hitbox de l'ennemi est hasardeuse, c'est tout de suite pénible.
De même pour les phases de plateforme : le personnage a la fâcheuse habitude de s'agripper à tous les rebords possibles, tel un Spider-Man au rabais. On veut esquiver, on saute, on s'agrippe et pendant ce temps, on est vulnérable. De même que les ennemis, la hitbox des pièges (boules de feu par exemple) est également buggé. Dommage.

Mais pour moi, le plus gros reproche à faire au jeu est sur son côté Métroidvania. Il est toujours difficile de bien réaliser ce type de jeu. Il faut doser les endroits inaccessibles où l'on voit un item briller et donner des indices quant au moyen pour y accéder. Blasphemous y échoue : on ne sait jamais vraiment s'il faut utiliser une attaque sautée sur un ennemi pour accéder à une zone, ou avoir acquis une capacité spécifique. Enfin, on se dit que si capacités il y a, on devrait la croiser et la débloquer un moment ou un autre sur notre route.

Et bien que nenni ! Pour avoir ces capacités, il faut suivre une série d'étapes précises, alambiquées et obscures, du genre donner des reliques à un PNJ, qui nous donne un œuf, qu'il faut ensuite placer dans un arbre dans un autre biome. Rien ne vous indique qu'il faut faire ça ! Même pas un indice obscur en mode "L'arbre ou l'œuf, qui est venu le premier ?". Non, c'est démerdez-vous à faire des actions au hasard et espérez réussir. Ou bien ayez un guide sous la main.

Pareillement, et c'est pour moi assez incompréhensible, on ne peut avoir que 3 capacités actives en même temps. Ce qui signifie que lorsque vous souhaitez accéder à une zone qui requiert une capacité qui n'est pas active, il faut aller dans l'inventaire → retirer une capacité → mettre la bonne capacité → sortir de l'inventaire. Pourquoi ? Quel est le but, à part ajouter un élan de réalisme ludo-narratif qui aurait pu être évité ?

Quant à l'histoire, elle est intéressante, et cette toile de fond d'une religion catholique sous stéroïdes mixé avec des influences hispaniques a pour mérite d'être innovante. Innovante, à défaut d'être passionnante, même si cela reste purement subjectif.

Enfin bref, Blasphemous est une merveille pour les yeux, et un agacement pour les mains. Si ses décors sont somptueux, le jeu pêche bien trop sur ses décisions de gameplay et par son level design parfois trop confus. Espérons que le second opus, annoncé pour 2023, améliore la formule.