Si la formule From Software était une belle originalité à son commencement avec l'audacieux Demon's Soul, nous en sommes à leur quatrième jeu du genre sans compter leurs extensions, ce Bloodborne avait quand même beaucoup à faire pour convaincre, ne pas être un Soul de trop, justifier le passage à la next-gen, motiver l'achat d'une PS4 qui n'a que peu d'exclusivités... bref j'attendais quand même beaucoup de ce jeu et pourtant la déception est bien loin.
La critique n'étant pas courte je vous propose cette musique extraite de l'OST du jeu pendant la lecture :
https://www.youtube.com/watch?v=BncJ1yX-BgQ
ESTHETISME / REALISATION / UNIVERS : 8 / 10
L'univers dark fantasy proposé par Bloodborne est splendide et en plus assez différent des Souls qui arboraient un côté médiéval absent de cet épisode qui a préféré opter pour une Angleterre victorienne à la sauce Van Helsing garantie sans censure. La prédominance du sang, plus qu'une simple option gore, est ici un esthétisme à part entière qui se renforcera crescendo avec une ambiance de plus en plus cauchemardesque à en devenir fou au fil de la progression. Une descente aux enfers que j'ai très bien ressentie et donnant toute sa splendeur à un final qui en rappelle un autre.
Certains environnements se permettront même de faire de bien belles références à d'autres grands jeux comme Resident Evil 4 ou Metal Gear Solid 3, ma zone de jeu préférée est très clairement les bois interdits pour l'anecdote. Le design des monstres et celui des armes sont très réussis, variés et cohérents avec cet univers, les boss en étant le fer de lance, très souvent impressionnants au plus haut point et avec de splendides musiques comme pour Amélia par exemple mais elle est loin d'être la seule.
Malheureusement quelques soucis techniques demeurent, la série n'a jamais été réputé pour en être exempt, cet épisode n'échappe pas à cette règle. Les animations sont très décomposées et travaillées mais sont saccadées assez régulièrement même quand il n'y a pas forcément beaucoup d'ennemis à l'écran, la règle quasi-systématique : si c'est loin ça risque de saccader. Les textures de monstres au loin peuvent même disparaître mais les monstres eux ne disparaissent pas, c'est moins fréquent bien sûr mais si je vous en parle c'est que ça m'est arrivé plusieurs fois.
Le jeu accuse aussi quelques baisses de framerate dans certaines zones ou avec certaines animations, rien d'aussi épouvantable que dans le hameau du crépuscule pour Dark Souls tout de même rassurez-vous. Néanmoins ça reste vraiment dommage que sur PS4 on ne soit pas à un 60 FPS constant, jouer à Dark Souls de base et le refaire dans une version modée à 60 FPS je peux vous dire que la différence n'était pas superflue. Là nous sommes sur nouvelle génération et on n'y a toujours pas droit avec cet épisode, c'est regrettable. Enfin, les visages sont peu détaillés et parfaitement inexpressifs, pour notre avatar comme pour les PNJ, la narration étant ce qu'elle est c'est pas un gros problème mais faut le relever tout de même.
Le scénario est une fois encore narré de façon incompréhensible au premier cycle de jeu, même au second d'ailleurs, seul des recherches approfondies sur le web m'ont permis de comprendre un peu qui on est, ce qu'on fait là, pourquoi on doit affronter tel personnage, pourquoi avoir tué tel boss a provoqué tel événement... bref ça ne change pas par rapport aux autres épisodes, on sent que l'univers est là et travaillé mais ne profite que d'une narration confuse qui laisse place à l'exploration, l'interprétation, l'imagination... à titre personnel je préférerais que les choses soient plus et mieux expliquées tout en comprenant ce parti pris.
Si vous voulez comprendre quelque chose à cet univers, je vous propose ce lien : http://www.chroniques-ludiques.fr/bloodborne-explication-de-histoire-et-de-son-univers/
GAMEPLAY / CONTENU : 8 / 10
On retrouve le gameplay exigeant et punitif auquel nous sommes habitués, on avance avec beaucoup de prudence dans un nouvel endroit, on crève super vite, on repart 10 minutes de marche plus loin, on y retourne parce qu'on ne peut pas s'en empêcher, on survit plus longtemps, on va plus loin, on trouve un précieux raccourci qui nous redonne espoir avant notre prochaine mort et on recommence... Mais cette fois-ci, une différence majeure c'est que le maniement est très dynamique et ce pour deux raisons.
La première est la disparition des boucliers remplacés par des armes à feu, soit la possibilité de contrer et non plus de parer, j'avais peur honnêtement vu que je joue très souvent au bouclier dans les Souls. Je m'imaginais mal m'en passer au moins au premier cycle de jeu, pourtant je m'en suis passé pour ce Bloodborne et au final c'est très bien passé, je pense même que ça accroît le sentiment de fierté de sortir vivant des situations. La deuxième raison qui fait que la première n'est pas un grand problème ce sont les esquives plus rapides et moins coûteuses, si on est un peu lourd dans les Souls on est ici plus rapide et agile indépendamment de notre tenue, on peut donc moins se protéger mais bien mieux se battre.
Concrètement, les combats sont souvent à double tranchant et j'ai adoré cet aspect plus expéditif qui je trouve est plus plaisant à jouer sans ôter un aspect technique essentiel au maniement, excellente idée qui permet en plus de bien différencier Bloodborne des Souls sur ce point. Seule la caméra reste perfectible quant à ce maniement, devenant folle sur certains ennemis lockés, se plantant dans le décor, ne rendant pas toujours parfaitement lisible l'environnement mais c'est bien le seul défaut objectif qu'on peut adresser à ce gameplay. Les combats de boss sont tous très bons, à l'exception de Micolash où les développeurs se sont dits qu'ils allaient faire la pire merde que le monde ait jamais connu, c'est réussi j'ai failli rage quit et mettre 1 au jeu à cause de ça.
Si les armes sont peu nombreuses, ou mal réparties si vous avez le DLC, leurs maniements sont très différents avec 2 versions pour chaque arme, une main et deux mains souvent mais pas toujours, avec pas mal d'attaques différentes possibles et des combos à trouver, une richesse et une diversité très appréciables qui excusent parfaitement ce faible nombre d'armes dans le jeu de base. Leurs améliorations sont simplifiées, ce qui n'est franchement pas un mal vu que je reprochais pas mal le système que je trouvais trop complexe sans raison dans les Souls, leur personnalisation est suffisamment riche avec toutes les gemmes à glaner et à affecter avec soin.
Les zones profitent très souvent d'un level-design ingénieux, on retrouve une cohérence et une motivation à l'exploration d'une grande qualité avec des raccourcis vers les boss bien placés et aisément trouvables, contrairement aux Souls qui avaient souvent des trop longs allers-retours à faire sauf raccourci improbable quand il y en avait un. Par contre, certaines zones de jeu sont encore une fois plus petites que d'autres, Byrgenwerth j'ai halluciné à quel point c'était petit alors que juste avant on a eu droit à deux des plus grandes zones du jeu, ça la fout un peu mal, on voit bien via le DLC à quel point une simple tour peut devenir un cas d'école de level-design, quelle dommage que cette qualité ne soit pas omniprésente.
CONCLUSION : 8 / 10
Beaucoup de parallèles peuvent être faits et l'expérience de jeu est typique d'un jeu From Software, défauts et partis pris énervants inclus, mais je ne retrouve pas un aspect redondant dans la formule, il y a une vraie différence avec les souls au niveau de l'ambiance moins médiéval et du gameplay plus dynamique, c'est autant une souffrance qu'un plaisir de faire et refaire ce jeu grâce à un esthétisme de grande qualité, une ambiance cauchemardesque à souhait, un gameplay riche et maîtrisé, un level-design relevant parfois du génie, des boss mémorables... sans doute la plus grande raison de se procurer une PS4.
Ma critique sur Demon's Soul : http://www.senscritique.com/jeuvideo/Demon_s_Souls/critique/36273928
Ma critique sur Dark Souls : http://www.senscritique.com/jeuvideo/Dark_Souls_Prepare_to_Die_Edition/critique/60626743