Critique originale disponible sur Duotaku no Sora
Mon respect envers les Kami se dissipe un peu plus à chacune de tes respirations.
Né de l'éclosion d’une fleur céleste, Bō est un Tentaihana qui va devoir parcourir le monde afin de le sauver des ténèbres qui menacent de le détruire.
Muni d'une boucle d'oreille qui lui permet de se battre, le yôkai va devoir acquérir de nouvelles capacités à travers ce monde fantastique.
Un métroidvania inspiré du folklore japonais
Dans le jeu vidéo, s'il y a bien un genre qui n'a eu cesse de se renouveler au cours des dernières années, c'est bien le Métroidvania ! Ce terme est donc inspiré de la saga de jeu Metroid (1986) où l'on parcourt des niveaux labyrinthiques avec certaines portions de jeux que l'on ne peut débloquer qu'avec de nouvelles capacités, nous invitant ainsi à réexplorer sans cesse les lieux. Un genre donc très codifié et qui a su marquer l'histoire du jeu vidéo.
Et dans le genre, difficile de ne pas citer Hollow Knight (2017), devenu un nouveau classique depuis qu'il est parvenu à remettre un coup ne neuf au genre. Vous connaissez la chanson, si un jeu marche, l'industrie suit. C'est ainsi qu'au cours des dernières années, une palanquée de titres metroidvania - principalement indés - ont vu le jour. Et aujourd'hui, on va parler de l'un d'entre eux, un titre sorti cet été et qui offre une jolie balade avec une inspiration évidente – mais pas que ! – à son aîné.
Aujourd'hui, on parle de Bō: Path of the Teal Lotus.
Bō: Path of the Teal Lotus est un titre au scénario classique qui dans ses premières minutes nous fait assister à la naissance du yôkai que nous allons diriger avant d'avoir affaire à un court tutoriel avec la représentation de la menace qui plane sur le monde. Un scénario qui malgré l'aspect très conventionnel fera néanmoins la part belle aux rencontres avec de nombreux personnages issus du folklore japonais : Usagi, Kitsune, Kodama… Certains seront des alliés, d'autres des adversaires de taille ! En effet, notre petit esprit du nom de Bō suivra une quête très linéaire, à savoir acquérir de nouveaux pouvoirs afin d'avancer vers son but, ce qui le mènera à parcourir diverses contrées où il rencontrera plusieurs personnages comme Tori, un oiseau à deux visages symbolisant le yin et le yang, ou encore Asahi, un Tentaihana lui aussi et premier personnage que l'on rencontre et qui malgré son air sarcastique saura reconnaître notre valeur.
L'univers et le scénario global resteront par ailleurs assez flous aux premiers abords. Ainsi il sera bon de faire une escale à la bibliothèque de la cité Sakura où grâce à divers estampes et parchemins, on pourra en apprendre davantage sur le peuple de ce monde fantastique. Concernant l'histoire en elle-même, il faudra malheureusement attendre la toute fin pour en saisir tout l'enjeu. Si la menace est visible dès les premières minutes en la personne du Gashadokuro, un yôkai prenant la forme d'un squelette géant ne laissant que ruine et désolation dans son sillage, il faudra aussi bien s'informer à la bibliothèque qu'aller fouiller le donjon final pour comprendre les raisons de son apparition, proposant une histoire au final assez simple mais qui fonctionne.
Un gameplay bien plus complet qu'il n'y paraît
Ainsi afin de se battre, Bō possède une boucle d'oreille capable de se transformer en arme dont un coup permettra de vous donner un coup aérien en plus, donnant lors des combats de boss des affrontements effrénés et riches en action. Un système qui une fois bien pris en main permet de faire des enchaînements de combos infinis. En effet, en plus de son arme, Bō aura la possibilité d'invoquer des Daruma dont plusieurs sortes existent en ce monde. Chacun d'eux aura donc sa propre particularité, l'un pourra servir de bouclier alors qu'un autre explosera, tandis qu'un autre attaquera en ligne droite en échange de mana. De plus, Bō pourra aussi compter sur sa théière afin de régénérer sa santé en cas de coups durs.
Outre cela, métroidvania oblige, le jeu invite à l'exploration avec divers lieux dans lesquels il faudra revenir une fois une nouvelle compétence acquise. Des compétences qui s'obtiendront auprès des divers personnages rencontrés lors de votre aventure. Enfin si l'envie vous prend de faire une halte, il sera possible de faire un saut à la Cité Sakura. La cité du shôgun vous servira de hub central où bon nombre d'habitants sauront vous aider comme Naruto qui en échange d'ingrédients saura vous récompenser d'un plat de nouilles vous faisant regagner de la santé, ou bien encore Suzuka siégeant au Sanctuaire du Lys qui vous accordera diverses bénédictions vous permettant d'obtenir des bonus temporaires. En résumé, plusieurs habitants qui sauront vous récompenser en échange de divers services. Vous pourrez également y effectuer divers achats. En plus de l'exploration, le jeu alternera entre combat, puzzles et plateformes, des séquences pouvant parfois devenir frustrantes en raison de certains enchaînements à effectuer rapidement sous peine de devoir recommencer depuis le début (mention spéciale au donjon final dont le level design est particulièrement exigeant !).
Un jeu tout simplement sublime
Au niveau du visuel, le studio Squid Shock épate pour son premier jeu avec de magnifiques visuels colorés et détaillés avec un soin particulier apportés aux éclairages. Que ce soit la carte des régions qui s'inspire des estampes japonaises ou la patte artistique qui rappelle celle d'un certain Ôkami, le titre est tout simplement superbe ! Chaque niveau sera par ailleurs représenté par une couleur qui lui est propre avec un nom de région s'en inspirant, démontrant tout le soin apporté aux détails par l'équipe. Enfin les quelques cinématiques présentes sont tout aussi sublimes, tout comme les chara designs des divers personnages et bestiaires ennemis qui s'inspirent là encore des légendes japonaises. Il faut aussi saluer l'environnement changeant au cours du passage du Gashadokuro durant lequel les passages luxuriants deviennent des ruines fumantes, proposant un jeu bien plus sombre qu'il n'y paraît aux premiers abords.
En ce qui concerne les musiques, elles auront elles aussi des connotations asiatiques. Je retiens particulièrement le thème d'ouverture "Moon Blossom", tout comme le thème principal qui retentira lors du combat contre le premier boss du jeu. Je retiendrai également le thème de la Cité Sakura, très tranquille, et qui fait office d'une jolie pause entre deux combats haletants. En résumé une composition réussie et dont certains thèmes resteront facilement en tête.
Un Hollow Knight-like ?
Ainsi Bō: Path of the Teal Lotus est une aventure globalement réussie pour un jeu plutôt court – comptez une quinzaine d'heures en ayant effectué une grosse partie de l'annexe – mais qui ne possède pas de baisse de rythme. On pourra parfois ressentir une inspiration très – trop ? – forcée à Hollow Knight, notamment sur un combat de boss en particulier qui n'est pas sans rappeler celui des Mantes Religieuses ou tout simplement sur le design de son héros, mais aussi à CELESTE avec une des séquences du dernier segment.
Toutefois, Bō: Path of the Teal Lotus réussit à se créer une identité visuelle qui lui est propre en réussissant à proposer une aventure dynamique, artistiquement superbe et sachant être exigeante dans un monde des plus enchanteur. Et si certains attendent impatiemment la suite d'Hollow Knight intitulée Silksong, je leur conseille pour combler l'attente de jeter un oeil à Bō. Car bien qu'il ne paie pas de mine aux premiers abords, c'est un titre au final très complet qui saura vous occuper durant les quelques heures qu'il dure en proposant un univers avec une DA splendide, des combats de boss marquants et enfin des mélodies jolies et accrocheuses.
Un joli titre qui mérite bien qu'on s'attarde dessus !