Le fonctionnement de la nostalgie est amusant. Je me suis lancé à corps perdu dans Bomb Rush Cyerfunk car il me rappelait l'esthétique du Jet Set Radio de la Dreamcast que je n'ai absolument pas connus à l'époque, ni le jeu, ni sa console d'origine. Pourtant, ce souffle du cool des années 2000 pulse dans chacun des éléments de BRC et résonne en moi comme peu de jeux auparavant. Essayé bien plus tard, pour ma culture générale, je n'ai pas particulièrement accroché au système de jeu de Jet Set Radio, miné par de nombreuses maladresses de design caractéristiques de l'époque et de la jeunesse de l'équipe de développement. Je voyais en Bomb Rush Cyberfunk l'occasion de me réconcilier avec une formule peaufinée par un studio plus expérimenté et aidée des avancées vidéoludiques du 21ème siècle. Le pari est tenu.
La proposition de Bomb Rush Cyberfunk est la suivante: explorer des environnements urbains en skate, rollers ou BMX pour y réaliser des défis de parcours, de tricks ou de graffitis. Ce mélange entre la plateforme 3D et le jeu de skate à la Tony Hawk est particulièrement harmonieux et permet d'explorer les environnements de manière plaisante, avec une part de style non négligeable. Ainsi, pour atteindre un point éloigné, on sera amené à grinder sur les néons, cavaler sur les panneaux publicitaires et risquer des sauts particulièrement impressionnants. Voilà, selon moi, le point qui fait de Bomb Rush Cyberfunk un jeu brillant : cette envie qu'il arrive à susciter quand on voit un spot de graff' au loin et que le parcours pour l'atteindre n'est pas évident au premier coup d'œil. L'exploration des différents niveaux aux identités variées est d'autant plus plaisante que le jeu prend un malin plaisir à disperser les enseignements sur son système. Très régulièrement, les joueurs et joueuses se retrouveront à dire "On peut faire ça ? Incroyable !". En effet, tout au long des missions, des indices dans le Level Design ainsi que des petits conseils sur ce qu'il est possible de faire seront disséminés de sorte à faire progresser les joueurs et à améliorer leur compréhension pas à pas. De ce fait, il ne sera pas rare de revenir dans les précédents niveaux pour mettre en pratique de nouvelles connaissances. Il ne faut pas se laisser tromper par l'esthétique Dreamcast savoureuse du titre qui dépasse largement les ambitions de Jet Set Radio en son temps, et cela sur tous les plans, esthétique, mise en jeu, scénario... On est ainsi face à un soft qui fourmille d'idées de design, avec une richesse égale à sa cohérence thématique. La direction artistique très hip hop à la japonaise, matinée d'un délire technologique cyberpunk, est servie par des éléments comme le fait qu'il faille danser en groupe pour pouvoir changer de personnage, que l'on puisse se changer aux toilettes pour éviter les policiers ou que l'on accède à de nouveaux endroits en taguant une tourelle ennemie. Par ailleurs, s'il n'est pas spécialement engageant, le scénario donne tout de même l'occasion à l'équipe de mettre en scène son univers de façon originale et de, par exemple, donner lieu à des phases oniriques changeant de l'univers habituel du jeu. Enfin, impossible de ne pas mentionner la bande originale, l'une des meilleures que j'ai écoutées. Tout en nous impliquant particulièrement, elle se fond parfaitement dans l'ambiance du jeu mais aussi dans la diégèse grâce au fonctionnement du téléphone, interface maligne et habile servant à la fois de carte et de lecteur audio.
En résumé, Bomb Rush Cyberfunk est une pépite qui ne se contente pas de rendre un hommage à la série Jet Set Radio en offrant une proposition aboutie et un univers à la personnalité propre. Tant et si bien qu'on peut conseiller le jeu aux adorateurs de la licence de Sega comme à ceux qui ont pu être rebuté par ses imperfections !