Ca ne se boit pas, ça ne se mange pas, ça se sniffe
Breath Of Fire II se veut, dès le début, plus sérieux que son aîné. Le pauvre Ryu n'a qu'une dizaine d'années lorsqu'il constate la disparition de son père et de sa sœur. Entrainé par Bow, un voyou errant, le héros part de chez lui, dans l'espoir peut être de retrouver ses proches, mais ne trouvera dans une grotte qu'une créature abominable devant laquelle il s'évanouira.
Cette introduction pessimiste débouche sur une ellipse qui avancera le calendrier de plusieurs années. Ryu et Bow ont grandi, ils doivent gagner leur paie à la sueur de leur front, engagés en tant que rangers, dans des missions de protection et de sauvetage, rejoignant à peu près la même finalité : Une chasse aux monstres.
Les protagonistes sont donc plongés dans une impasse, condamnés à accepter des missions dans une zone restreinte, condamnés à poursuivre un avenir incertain. Evidemment, une série d'évènements viendra mouvementer cette situation paralysante et entrainera les protagonistes dans un long périple.
Et Breath of fire II se compose en cette succession de péripéties. Une quête principale n'est jamais réellement définie, le cours de l'histoire est régi par une optique déterministe dans laquelle plusieurs épisodes peuvent être distingués.
Ces épisodes composent le voyage initiatique de cet opus. A travers ceux-ci le jeu prend le soin d'analyser individuellement chaque personnage, de livrer ses mécanismes de réflexion, et de dévoiler son background, rendant les protagonistes de plus en plus attachants et tirant de chaque histoire une conclusion instructive.
Il n'y a donc à première vue pas réellement de but prépondérant poursuivi. Breath of fire II est une furieuse série d'incidents (anecdotiques ou marquants), édifiant une route jusqu'au(x) dénouement(s) final(aux).
La mise en scène se trouve donc évidemment plus soignée, tentant d'impliquer le joueur dans les évènements présents, lui faisant prendre compte des sentiments théoriquement exprimés par les protagonistes et de l'ampleur des dilemmes auxquels ils sont confrontés.
Ca reste un jeu qui emprunte une recette à son prédécesseur, l'assaisonnant de quelques épices supplémentaires. Le détail graphique reste relativement similaire (et renforce donc cette sensation de long voyage) et les compositions musicales sont toujours empruntes de diverses émotions, garantissant une ambiance cohérente et efficace.
Alors qu'on pourrait penser que Breath of fire II n'est qu'un jeu de rôle classique sans grand intérêt, ses qualités peuvent être décelées petit à petit. Son système de combat est représentatif du genre, rudimentaire, sans grandes surprises et loin d'être innovant, mais propose des subtilités comme l'utilisation de capacités spéciales propres à chaque personnage ou un système de fusions shamaniques jouissif.
Tandis que son prédécesseur relate le récit d'un riche et long voyage, Breath Of Fire II creuse la profondeur du scénario, torture ses personnages, affiche un bestiaire délirant tout en poursuivant le thème du périple initiatique.
Respirant la souffrance et la joie en même temps, Breath of fire II est un produit à sniffer sans modération. (En plus Nina est trop bonne)
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.