Un conte, un récit, un jeu plein de dualité faisant corps, me plongeant dans mon enfance...

C'est lors d'un dimanche après-midi, le 12 juin 2022 précisément, en pleine semaine d'annonces vidéos ludiques en tout genre, pour bon nombre d'entre elles visant des sorties en 2023, et dans l'attente de prochaines rencontres vers le mois de juillet 2022...que je me suis encore décidé à explorer mon fameux "bas catalogue", à savoir des propositions qui avaient titiller ma curiosité à un instant T, mais malheureusement tombées dans les bas fonds de mon disque dur...et c'est donc animé du grande curiosité, alimenté par mon désir d'entrevoir l'intégralité du parcours ludique d'un développeur que j'apprécie, de comprendre son processus créatif qui à abouti à un chef-d'œuvre personnel et de constater ou non si ce même visionnaire m'a encore touché...que j'ai lancé "Brothers A Tale Of Two Sons", sortie en 2013, promettant un coopération en solo, un récit dans un conte, un parcours dans nos émotions, une dualité qui ne doit faire qu'un, faire corps...

Une dualité artistique tout d'abord, qui après un écran titre, point de départ immédiat de notre immersion dans cet univers, ce monde, ce conte interactif via un visuel, des graphismes, un moteur de jeu, nous offrant tout d'abord de grotesques, disproportionnés, au chara-design imparfait, par toujours bien détaillés, un peu enfantin et minimaliste mais certainement volontaire ou obligé, protagonistes...les deux frères, des humains, des trolls, des Ents, des loups sauvages et autres créatures légendaires, dont certains bien connus ainsi qu'un portofolio d'environnements, de biomes, de géographies, de lieux, d'atmosphères, d'ambiances...entre grotte sombre, mine d'or, ruine de châteaux, village de bois, zone sacrée et de sacrifice, zone champêtre et boisée...et je vous laisse découvrir le reste...là pour le coup bien plus sublime, enivrant, enchanteur, mature, obscure et crépusculaire...une juxtaposition étrange, voire antinomique mais qui appuyé par une musicalité mixant élégamment musique classique, chants lyriques, tambours traditionnels et des sonorités environnementales immersives, aidé par une maîtrise impeccable de la caméra, du champs de vision, des jeux lumières, de la mise en scène, de l'enchaînement des tableaux, de la richesse colorimétrique, un level-design intelligent, une emphase sur l'affordance, une lisibilité dans son cheminement, un sens du rythme, des choix de point de vue...fini par prendre corps, s'accorder, s'unir pour ne faire qu'un afin de nous plonger, nous subjuguer dans les mythes folkloriques, les contes européens, les récits mystiques qui ont marqués notre enfance....

Une dualité ludique ensuite, qui après ce premier tableau, nous plongeant dans le corps d'un enfant appelé par les cris d'un ado, nous obligeant immédiatement a nous confronter a cette volonté de nous faire joué deux protagonistes, deux frères, devant collaborer, s'entraider, matérialisé ici par un joystick et une gachette  par frère, sur une seule et même manette, un ludisme qui de prime abord peut paraître compliqué, déplaisante, repoussante, troublante et étrange mais qui de part son level-design limitant notre exploration, construit autour de ce duo, ses puzzles environnementaux basés autant sur la collaboration directe, la coopération asynchrone, parfois proche, parfois à distance, sa caméra par moment volontairement guidée, par d'autre libre, ses mécanismes claires et limpides sans texte, écrit, ni pédagogie, misant davantage sur notre instinct et notre logique, sa progression intelligente et censée, son renouvellement d'idées et de gameplay, son rythme effréné, la logique des énigmes, la cohérence des situations, la présence d'autres comparses et une maniabilité simple et sans prise de tête...devient jouissif, gratifiante, amusante, jouant avec nous tout en nous laissant jouer avec elle, permettant à chacun de choisir qui est le leader, qui est le protecteur...une dualité ludique nous demandant surtout de nous accorder avec nous même...de ne faire qu'un afin de plonger dans une relecture des plus grandes œuvres vidéo-ludiques qui ont marquées notre enfance....

Une dualité narrative pour finir, qui après ce fameux écran titre, présentant élégamment ses premiers enjeux, ses premières métaphores, nous embarque dans le voyage de deux frères devant parcourir ce monde enchanteur afin de soigner ce qui semble être un proche...scénario un peu bateau, un peu simpliste, un peu trop direct, trop claire et déjà vue, certes justifiant cette quête, outil nécessaire à notre perenigrations mais pas forcément le truc le plus attachant et engageant mais qui nous permet de nous immerger dans un univers, un portofolio d'univers bien plus touchant, bien plus impactant, de croiser pléthore de protagonistes loufoques certes mais très attachant et inattendue, nous lier à ces deux frères tout moches à travers leurs mésaventures, leurs instants de conneries, leurs moments de brefs repos, leurs petites interactions usuelles, leurs périodes de doute, leurs rencontres inopinées, leur gameplay fusionnel, leurs échanges verbaux...le tout dans une langue chelou et mystique, sublimé par ses enchaînement de péripéties, ses panoramas variés, son rythme maîtrisé, sa diversité d'activités, ses petites références laissés ça et là...offrant des brefs instants de vie, créant de l'empathie et misant sur une narration environnementale dont le joueur est le géniteur, l'écrivain...là pour le coup bien plus sensible, intéressante, intelligente, émotionnellement forte...surtout sur son final attendu et craint...liant l'artistique au ludisme afin de ne faire qu'un, nous plongeant dans peut-être nôtre enfance réelle, nôtre vécu personnel....

C'est donc après quelques heures, le temps d'un éphémère instant, d'un après-midi ensoleillé, écran titre devant mes yeux, comme quoi le début et souvent la fin, que je sort enchanté par cette plongée dans les mythes de mon enfance...coucou mon Tolkien, amusé par cette relecture des icônes ludiques de mon enfance...coucou mon Ueda, touché par cette métaphore autour de la collaboration avec soi...coucou mon Psy...ému par ce retour dans mon passé...coucou ma nostalgie...troublé par ces deux protagonistes...coucou mon demi-frère...amoureux d'un créateur...coucou Josef...heureux d'avoir fait ce jeu...coucou mon portefeuille...mais triste par mon parcours...coucou ma sensibilité...et frustré par sa courte durée de vie...coucou ma mélancolie...bref un coup cœur intemporellequi fait encore de l'effet 10 ans après sa sortie, une œuvre imparfaite mais exemplaire, rétro et moderne, douce et couillone, austère et chaleureuse, inspiré et inspirante, influencée et ayant influencé...sacré dualité.....un truc singuliers, fragile, rare et clairement, où fond et forme font corps et les prémices de mes GOTY perso "It Takes Two"...."God Of War "...."A Plague Tale"....

AlMomoSan87

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