Un petit regard sur mes étagères ou même sur la liste de mes critiques le prouvera, je ne suis guère un fana des jeux de tir où on incarne un petit soldat. Si j’ai toujours beaucoup aimé les FPS (First Person Shooter dans la langue de George W. Bush), ceux qui me proposent un univers dépaysant dans un jeu aux mécaniques bien huilées ont toute ma sympathie : du mythique Perfect Dark, des agités Duke Nukem 3D, Serious Sam ou Painkiller à l’angoissant F.E.A.R. en passant par l'audacieux Breakdown ou les décalés No One Lives Forever et les jouissifs TimeSplitters. Que de parties endiablées.


Oui, ce sont des vieilles références des années 2000. Je suis vieux.


Mais depuis trop longtemps maintenant Call of Duty ou Battlefield et leurs nombreux clones roulent sur le marché, lui ayant mis le couteau sur la gorge pour lui dire que « la guerre c’est fun ».


Et même si les éditeurs s’en défendent, il y a évidemment des parti-pris idéologiques, les recruteurs militaires et les marchands d’armes se frottant les mains.


J’avais bien testé Battlefield : Bad Compagny et Battlefield 1, pour leurs promesses de parti-pris différents, mais non, j’étais resté mal à l’aise devant des scénarios qui glorifient l’usage des armes à son profit pour des histoires sans grandes conséquences.


Mais voilà, j’ai des amis. Ils habitent loin. Je les aime bien. Mais ils ont des goûts différents. Et avec Sea of Thieves et plusieurs centaines d’heures de jeu certains avaient un peu le mal de mer.


Arrive un certain confinement. Il faut bien s’occuper. Je résiste mais je dois céder face à la pression du groupe, sachant que je n’investis pas grand-chose, le jeu étant gratuit.


Il y a une vague histoire, très bête et mal racontée au sein des cinématiques ajoutées progressivement, mais pas de vrai contexte idéologique mis en avant, pas de mises en situation nauséabondes. Je vois le jeu plus comme un affrontement de mercenaires que comme une lutte pour la liberté de la démocratie dans un pauvre pays qui a tellement besoin d’aide.


Warzone fait parti de ces jeux services un peu trop omniprésents. Pour les joueurs qui auront acheté les derniers Call of Duty, car il en sort tout autant, le jeu leur offrira quelques avantages, des soldats différents à incarner (ici appelés opérateurs), des plans d’armes à monter et autres cosmétiques pour personnaliser son avatar. Ceux qui ne mettront pas d’argent dedans resteront avec le jeu de base et quelques bonus que le jeu aura complaisamment décidé d’offrir. L’achat d’un passe de combat aux récompenses déterminées lors de chaque saison du jeu permet toutefois à Activision de gagner quelques piécettes afin de ne pas mendier dans la rue.


Grand jeu populaire, Warzone est aussi à l’écoute de sa communauté, bruyante et qui se plaint bien rapidement des nouveautés apportées ou des bugs ajoutés. Quelques polémiques émaillent ce grand chantier, notamment au sujet de skins payants qui favorisent ceux qui l’achètent au détriment des autres.


Mais ce qui fait le succès de Warzone, outre sa licence populaire et sa gratuité, c’est son mode de jeu. L’éditeur n’a pas tout de suite perçu la lame de fonds qu’a représenté le battle-royale, popularisé par PUBG et bien sur Fortnite. Call of Duty : Warzone est la réponse donnée après un premier essai contenu dans Call of Duty : Black Ops 4. Le battle-royale n’est pas si nouveau, le film éponyme est bien connu, les FPS précédents contenaient généralement un mode dans le même style ou même d’une partie standard de Bomberman : « il ne peut en rester qu’un » alors tuons les autres.


Mais cette déclinaison moderne s’appréhende différemment. Dans Warzone et dans d’autres jeux, le joueur (seul ou en équipe) est parachuté au sein d’une gigantesque carte, à charge pour lui au sol de récupérer de l’équipement et de tuer les adversaires. Un échec et la partie se termine, même s’il y a quelques possibilités de revenir malgré tout, notamment en équipe, mais encadrées par des garde-fous. Il faut être mobile, car la carte disponible se rétrécit. Dans Warzone, c’est un gaz qui submerge progressivement l’environnement, s’aventurer dedans est mortel. Quelques morts intoxiqués à cause d’une mauvaise vigilance sont le lot de chacun.


Des contrats sont présents sur la carte, s’ils sont remplis ils offrent différentes récompenses, mais une fois encore il faut faire attention à ne pas se prendre une balle dans l’accomplissement de ceux-ci.


Il faut donc être vigilant, à la fois observateur mais défensif ou offensif selon les situations., selon le rapport de force qui semble s’annoncer. Un adversaire isolé pourra être une proie facile s’il ne vous a pas vu… ou vous piéger. Le niveau général est assez élevé et cela ne dépend pas que du matériel de chacun. Le joueur PC au combo clavier-souris et bien entraîné est un monstre de réactivité, là où le joueur console à la manette sera plus engourdi dans ses mouvements.


D’autant plus qu’il y a un nombre important d’armes, toujours renouvelés, chacune avec ses armes ou ses défauts, certaines d’ailleurs fortement avantagées avant de pouvoir être rééquilibrées lors d’un patch ultérieur. Ces mêmes armes peuvent êtres personnalisées, avec de subtiles modifications mais qui peuvent faire la différence dans des affrontements tendus de la culasse. Certains joueurs passent un temps fou à personnaliser leurs armes, pour créer des équipements mortels.


Je suis un joueur manette. Je suis un joueur curieux des modifications apportées au jeu mais assez indifférent à la personnalisation des possibilités. Mes amis sont dans le même cas. Et je peux vous dire qu’on s’est pris de sérieuses roustes. Des déculottées magistrales qui feraient passer bien des guerres ratées pour des fêtes d’anniversaire. De quoi entraîner des crises de rages tonitruantes. Des menaces de désinstallation du jeu. Parfois même des crises de conscience existentielles « pourquoi je perds mon temps sur ce jeu qui m’écrase de sa botte ? ».


Pourtant, même si aujourd’hui Warzone est un peu derrière nous, on a passé plus d’une centaine d’heures, certains plus, pour un certain nombre de bonnes raisons.


La première, cela reste le système de jeu proposé, Warzone est un FPS nerveux et assez arcade, sans grandes velléités de simulation. Le jeu impose tout de même une certaine discrétion, les pas s’entendent loin, il vaut mieux s’accroupir dans certaines situations pour offrir moins de cible à l’adversaire. Et le surprendre pour mieux déverser sur lui la foudre de la poudre reste la meilleure stratégie qu’un assaut frontal (à moins d’être très très bon). La prise en main est assez simple, même s’il y a encore beaucoup à découvrir.


Cette marge de progression est intéressante, car elle offre de nouvelles difficultés à intégrer et dépasser. Il y a l’apprentissage des armes et des équipements proposés. Sans cela, la différence de feu se fera sentir lors d’un affrontement direct. Le renouvellement régulier est d’ailleurs un peu usant, il faut découvrir les forces et faiblesses des nouvelles armes, les apprivoiser pour parfois les abandonner quand elles sont par la suite modifiées par un patch.


Mais cet apprentissage du jeu se fait aussi par celui du lieu, Verdansk, cette gigantesque carte dévastée prenant place dans une ville d’Europe de l’est fictive. Abandonnée, elle contient un certain nombre de lieux assez emblématiques, proposant des zones plus denses en bâtiments ou plus désertes. La bonne connaissance de ces lieux est primordiale, non seulement pour profiter des meilleurs endroits (tant que le gaz ou une équipe adverse n’y est pas déjà) mais aussi pour comprendre d’où peuvent venir certains tirs, d’une tour, d’une fenêtre, d’un recoin, pour mieux s’en protéger et peut-être aller débusquer l’ennemi.


Les joueurs plus assidus l’auront signalé : Verdansk a été remplacé depuis quelques mois par une autre carte, Caldera, moins urbaine et moins agréable à parcourir. C’est aussi une des raisons qui nous a poussé à se désintéresser du jeu, ce changement contraint et pas des plus heureux, même si les qualités du jeu restent présentes.


Connaître la topographie de la carte principale est essentielle, et elle se fait aussi bien à pied, en visitant les bâtiments ou en pratiquant une randonnée risquée, mais aussi en utilisant les véhicules présents. S’ils sont bien utiles, ils ne sont pas indestructibles, d’autant qu’ils sont systématiquement marqués sur la carte dès qu’ils sont utilisés. La carte est d’ailleurs une des meilleures alliées, notamment quand elle signale un coup de feu dans telle région et donc tel ennemi.


Le jeu étant régulièrement mis à jour, l’environnement est aussi modifié, ajoutant ou retirant des points d’intérêts. La Saison 3 aura été assez impressionnante, faisant renvoyer Verdansk en 1984 (mais avec la disparition de certains points d’intérêt c’est aussi un retour en arrière). Ces modifications modifient de manière plus ou moins forte les parties, offrant de nouvelles possibilités à découvrir. D’autant plus que si le mode Battle-Royale est le mode roi, des déclinaisons existent, pour renouveler les parties.


Parmi les ajouts temporaires, le mode zombie d’Halloween 2020 a été un des plus impressionnants pour ma part, donnant la possibilité d’incarner pendant une courte période des morts-vivants, pour des parties assez différentes. L’Opération Monarch en mai 2022 faisait s’affronter Godzilla et King-Kong sur la carte, tandis que nous restions des soldats encore plus fragiles. Ce ne sont que quelques exemples des possibilités que se permet Warzone, en misant sur des évènements limités dans le temps afin de faire venir les joueurs curieux.


Concernant d’autres ajouts plus durables une nouvelle carte a été ajoutée à Verdansk, Rebirth Island, mais tellement réduite qu’elle ne peut pas rivaliser avec la carte mère. Elle est souvent déployée pour des modes plus agressifs qui conviennent à sa petite taille et qui sont parfois même plus agréables à joueur que le mode classique.


Mais ce qui m’a fait rester aussi longtemps sur ce jeu, c’est bien sur le plaisir d’être avec des amis. La coopération en équipe est essentielle, pour épauler ou couvrir l’allié, s’interroger sur la direction à prendre. Dans le feu de l’action, des décisions devront être prises rapidement, des mauvais choix ont été faits et des petites colères ont éclaté dans les casques micros. Mais avec les vils gredins qui m’entourent, il y a aussi beaucoup de plaisanteries et de boutades tandis que le jeu a longtemps été un canal privilégié pour se donner de ses nouvelles.


Dommage, nos bonnes intentions et notre détermination n’auront que rarement permis à notre équipe d’arriver dans les meilleures places. La meilleure place, celle d’être la dernière survivante, ne nous a été permise que quelques fois, ce qui se compte sur les doigts d’une main en plus d’une centaine d’heures. Et même si nous avons pu apprécier son gameplay, à la fois nerveux mais prudent, obligeant à s’adapter et à réagir continuellement, il faut bien reconnaître qu’il y a un plafond de verre difficile à briser, avec des joueurs trop doués pour nous pour X raisons (un meilleur matériel, un approfondissement de toutes les mécaniques, etc.). Sans oublier que la popularité du jeu entraîne aussi un grand nombre de tricheurs, usant de logiciels divers et variés pour tirer à travers les murs, devenir invincible, se cacher dans le décor et autres joyeusetés qui leur assurent une victoire facile et la satisfaction de gâcher les parties des autres. EA a beau bannir les comptes signalés, ils reviennent toujours avec de nouveaux comptes.


Dommage. Mais le temps passé dessus comporte malgré tout de meilleurs moments et de bons souvenirs que de mauvais. Cette longue expérience d’une centaine d’heures n’aura pas fait de moi un fan des Call of Duty, mais celui-ci m’aura en tout cas offert bien plus que ce que j’aurais pu imaginer.


Sa suite Warzone 2.0 est maintenant disponible. Je laisse mes souvenirs avec le premier.

SimplySmackkk
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le 8 nov. 2022

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