Devil May Cry donne un coup de fouet à Castlevania.
Avant de commencer cette critique, je tiens à préciser que je n'ai jamais joué à un seul Castlevania avant celui-ci. Lament of Innocence est donc mon premier contact avec cette licence. De ce fait, je ne comparerai pas cet épisode avec ceux sortis antérieurement. De toute manière, ce ne serait pas franchement pertinent (même si l'évolution est très nette depuis Castlevania 64).
Je perçois donc cet opus comme un Devil May Cry-like. Et moi j'adore Devil May Cry et les beat'em all ! Autrement dit, j'attendais énormément de ce jeu pour le moins alléchant !
Mon impression ? Je suis fortement partagé entre ce que je pense en tant que joueur et ce que je dois en retenir en tant que testeur.
Si je ne devais laisser parler que le passionné qui est en moi, je dirais que ce jeu m'a scotché de bout en bout et qu'il a été pour moi une expérience immersive et exceptionnelle.
D'ailleurs, le charme du jeu dépend plus de l'efficacité de l'ambiance que du gameplay, finalement assez convenu.
Pourtant, on ne peut pas dire que le gameplay soit particulièrement mauvais. Il est même plutôt bon, dans la mesure où Leon est très maniable. Les combats sont dynamiques et les combos sortent avec aisance. Tout le système de combat est basé sur l'esquive et la parade, ainsi que sur l'utilisation des reliques et des différents projectiles en notre possession. Dans l'ensemble, tout fonctionne bien, même si je trouve que la parade est un peu lente à s'effectuer. En chipotant, on pourrait aussi parler des séquences de plateforme un peu approximatives et des sauts un peu imprécis (surtout ceux nécessitant l'utilisation du fouet). De ce point de vue, Lament of Innocence est donc un jeu d'action correct et même plutôt efficace.
Mais alors où est-ce que ça coince ?
En fait, la faiblesse du gameplay de ce Castlevania découle d'un cocktail de plusieurs écueils.
Tout d'abord, la difficulté, bien trop basse (excepté dans le sprint final, bien plus stimulant). Sans être simplissime, Lament of Innocence est loin d'être à la hauteur de ce que l'on peut attendre d'un jeu d'action de ce type. Les combats se torchent un peu trop rapidement et ne présentent que finalement très peu d'enjeux, que ce soit en terme de challenge qu'en terme de farming.
Parce que oui, combattre les ennemis présents dans chaque pièce ne vous rapporte quasiment rien. Il n'y a aucun système de l'XP, donc aucune évolution notable de votre personnage. A la rigueur, il y a bien quelques compétences à débloquer en cours de route, mais rien de franchement transcendant.
Ensuite, l'expérience est un peu plombée par la présence d'un hub central qui donne accès aux différents donjons disponibles dans le château. Du fait qu'ils soient tous disponibles au début du jeu, aucun n'est plus dur qu'un autre. De plus, en revenant à ce hub, on peut acheter des soins et d'autres objets bien utiles dans notre quête, et ce moyennant un prix assez réduit.
Enfin, chaque donjon est assez gigantesque et se découpe en une multitudes de salles, séparées par des couloirs. Salle remplies d'ennemis... Couloir... Salle remplie d'ennemis... Couloirs... et ainsi de suite. Ce schéma peut vite devenir barbant pour les moins patients d'entre-nous, d'autant plus qu'il y a pas mal d'aller-retours à faire.
Vous l'aurez compris, le système de combat est bien pensé, mais le reste du gameplay, ne pousse pas le joueur à aller à la castagne. Passé la première heure, on se rend compte qu'éviter les ennemis est un gain de temps et que les combattre en est une perte. Les ennemis sont trop faciles à défoncer, on ne gagne rien en les tuant et le level-design est trop monotone pour donner envie de s'arrêter pour combattre les monstres (sauf qu'on y est forcé).
Voilà, c'est pile à cet endroit que se situe la plus grande faiblesse du soft. A quoi ça sert de faire un bon gameplay si on ne donne pas envie aux joueurs de l'utiliser ? C'est un véritable gâchis !
Heureusement, j'ai personnellement été séduit par certains aspects de ce jeu qui dépassent le cadre du gameplay.
L'ambiance est tout bonnement excellente. Les décors à mi-chemin entre le médiéval et la dark fantasy dégagent une aura gothique qui me plait énormément, en tant que fan de Resident Evil et Devil May Cry. Les environnements ont bénéficié de beaucoup de soin, ils sont très détaillés et fort bien architecturés. Il est un peu dommage que chaque donjon soit assez monotone dans son esthétique, mais heureusement ils sont tous différents les uns des autres. De ce côté-là, Lament of Innocence fait honneur à la série.
Ensuite, la bande-son est juste extraordinaire. Sincèrement, j'ai été impressionné par la qualité des musiques qui peuvent tourner en boucle pendant plusieurs heures sans que le joueur ressente la moindre lassitude. En plus d'être très bonnes, elle sont aussi assez originale, notamment parce qu'elles utilisent beaucoup de sonorités electro (certaines ont même un beat) qui samplent une multitude d'instruments. Pourtant, l'atmosphère reste intacte et est même rendue meilleure grâce à ces musiques aux mélodies à la fois douces et énergiques.
Enfin, j'ai bien aimé le concept du hub central. Même si c'est une des faiblesses du jeu en terme de gameplay, je trouve qu'en terme d'ambiance il est assez pertinent. Quand on arrive devant les accès aux différents donjons, que rien de différencie vu de l'extérieur, on sent monter un souffle épique, celui du guerrier frêle mais courageux qui part vers l'inconnu terrasser des monstres, risquer sa vie dans un château rempli de pièges mortels, pour sauver la belle de son cœur. D'ailleurs, chaque donjon bouclé est désigné par une marque spéciale, ce qui est assez encourageant et rend compte de notre progression (en plus du pourcentage de complétion).
Pour terminer, je vais parler vite fait mal fait du scénario. Je ne m'attendais pas à quoi que ce soit d'intéressant, et j'avais raison. Les dialogues (relativement mal doublés) sont chiantissimes, les personnages creux (en plus d'être sommairement modélisés) et la trame de fond assez conventionnelle. Heureusement, il n'y a que très peu de cinématiques, ce qui permet de conserver l'immersion reposant déjà sur des éléments fragiles. Bref, RAS du coté de l'histoire, ça commence et ça se termine, rien au milieu.
Finalement, Castlevania : Lament of Innocence est-il un bon jeu ? Oui, c'est certain. Ou à la rigueur, un jeu un peu moyen, mais pas dénué d'intérêt. J'ai été personnellement très sensible aux partis-pris artistiques de ce jeu, mais ce n'est pas le cas de tout le monde et je comprend tout à fait que l'on puisse se faire chier au bout de deux heures dans ce jeu répétitif et pas super captivant. Cependant, ce Castlevania vaut le détour. Il est quand même le premier bon épisode 3D de la licence (à en croire les puristes) et présente des atouts de poids, tels que sa bande-son, quasi-divine, et sa direction artistique qui ne peut que plaire aux fans de la série. En plus, le gampelay n'est pas si mauvais et pour peu que l'on soit un peu courageux, on peut y trouver un bon jeu d'action, certes hautement perfectible, mais présentant de sérieuses qualités.