Le beat 'em all est un genre dans lequel il est difficile de s'imposer. Non pas que les productions affluent comme pour les FPS, mais parce que les ténors du genre ont su au fil des années marquer leur territoire comme il se doit, se partageant entre eux le succès, selon les affinités des joueurs. Si quelques outsiders tel Bayonneta arrivent parfois à se faire une place dans le milieu, force est de constater que cela reste une tâche difficile.


Mais peu de temps après Bayonneta justement, est sorti un nouvel opus d'une série dont la réputation n'est plus à faire : Castlevania. Mais là où Konami a surpris (et outré les fans de longue date), c'est en choisissant une direction fort éloignée des précédents volets de la saga au niveau du gameplay. Et c'est à MercurySteam, studio espagnol peu connu jusqu'ici (mais à qui l'ont doit les assez discrets "Scrapland" et "Clive Barker's Jericho"), que revient la dure responsabilité de contenter à la fois un public plus large et habitué aux God of War et autres Devil May Cry, et les habitués de la série qui voyait cet épisode d'un mauvais oeil depuis le début. Il faut tout de même souligner qu'ils ont eu pour les aider le studio du grand Hideo Kojima, père de la série Metal Gear, même si j’avoue ne pas savoir à quel point Kojima Productions s’est investi dans le projet en dehors de la localisation japonaise.


Alors avant toute chose, pour me situer moi-même dans tout ça, je ne suis pas un grand connaisseur de la série, loin de là, mon expérience avant celui-ci se limitant aux deux premiers opus sur NES et un rapide essai de Order of Ecclesia sur NDS. Je partais donc sans réel à priori et sans attentes particulières vis à vis de la série.


Cela étant dit, le premier point positif que j'aimerai relever, car c'est ce qui m'a le plus marqué, c'est que ce jeu est foutrement beau! Et par là je ne veux pas dire beau dans le sens Crysis, le genre de beauté à la mode, faisant la part belle à une plastique irréprochable mais dénuée d’âme et de charme. Car même si le jeu est techniquement très bien foutu, si on tient compte, bien entendu, de la date de sortie, c'est surtout artistiquement qu'il ébloui. Les décors fourmillent de détails, et même si cela peut parfois rendre le chemin à suivre un peu plus confus, il arrive souvent que l'on s'arrête plusieurs minutes pour admirer certains plans. Enfin, je dis “on” mais peut-être que c’est juste moi en fait. Ce qui est sûr c’est que le jeu arrive à beaucoup varier les décors, sans pour autant que l'on se retrouve avec un patchwork insensé (ce qui semble être reproché à la suite de celui-ci, que je n’ai pas encore testé). Et même si un léger aliasing vient parfois gâcher de façon très minime le tout, on l'oublie rapidement tant nos yeux sont gâtés par le charme gothique des environnements.


Tant que je suis dans le sujet du game design, et pour continuer ma quasi propagande, autant parler du bestiaire, autre point fort du jeu. Là on retrouve le goût de la série pour le folklore européen, et c'est bienvenu. D'abord parce que les différents folklores du vieux continent offrent une grande diversité qui est ici bien exploitée. Loups-garou, vampires, goules, sorcières et bien d'autres se mettent en travers de votre chemin, ou parfois vous aident, ce qui est néanmoins bien plus rare. Des combats démesurés contre des boss titanesques parsèment d’ailleurs l’aventure, très Shadow of the Colossus dans l'âme. Ensuite, parce que tous sont bien réussis au niveau du design, et que chaque nouvel ennemi ou allié viendra compléter l'encyclopédie de Gabriel, que l’on prend plaisir à feuilleter. Petit moins par contre pour les chupacabras, ennemis assez énervants qui vous volent votre matériel et vos pouvoirs et avec qui il faudra se lancer dans des parties de cache-cache pour les recouvrer qui cassent un peu le rythme et auraient surtout gagné à ne pas se répéter.


Mais je me rends compte que malgré le pavé que j’écris, je n’ai pas encore parlé du gameplay. Si un bon gameplay est bien sûr essentiel à n’importe quel jeu, dans un beat ‘em all, genre forcément hyper répétitif, celui-ci doit être bien travaillé et assez varié pour ne pas lasser après une ou deux heures de jeu. Mais encore une fois, le boulot a été très bien fait. Le gameplay est dynamique, complet et jouissif. Malgré que Gabriel n'ait droit qu'à sa croix de combat et, plus tard, un gantelet, on ne ressent pas vraiment le besoin d'un arsenal plus complet. La croix de combat offre un large panel d'attaques, débloquables petit à petit avec les points gagnés au long des niveaux. On sent bien que les petits gars de chez MercurySteam on été piocher pas mal du côté des ténors du genre mais, vu le résultat, on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Petite originalité bienvenue, la gestion des magies de la Lumière et des Ténèbres, une bonne idée qui donne aux derniers combats du jeu un plus certain. En effet, en activant la  magie de Lumière, chaque coup porté à un ennemi soigne légèrement le héros, alors que la magie des Ténèbres offre à vos attaques un surplus de puissance non négligeable. Le jeu dispose également d'un système de combos intéressant, et récompensera ceux capables d'asséner un grand nombre de coups sans être touchés.


Il faut également noter que la croix de combat sert en dehors des phases d'action, à des fins d'exploration. En effet, au fur et à mesure que vous trouverez les upgrades nécessaires, elle servira entre autres à faire du rappel et à scier certains objets. Les Seigneurs de l'Ombre vous offriront également une fois vaincus des reliques permettant de nouveaux mouvements bien utiles. Les phases de plate-forme sont d'ailleurs toujours les bienvenues, non seulement pour permettre d'admirer les paysages dont j'ai déjà parlé, mais aussi car elles permettent de souffler un peu entre deux combats, surtout que la difficulté de ceux-ci est souvent bien poussée. En effet, même en difficulté moyenne, le challenge est bien présent, ce qui de nos jours est très appréciable car plutôt rare, même si le succès de Dark Souls (dont la difficulté n’est quand même vraiment pas comparable, soyons clairs) a depuis changé la donne.


Cette difficulté aidant un peu, la durée de vie du jeu est on ne peut plus respectable, surtout pour un jeu de ce genre. Les défis proposés si on retourne une deuxième fois dans un niveau, ainsi que les nombreux éléments à déverrouiller augmentent également le temps de jeu. Certains objets ne pourront d'ailleurs être obtenus qu'en revenant plus tard dans un niveau, une fois un certain pouvoir obtenu.


Reste à aborder le scénario, et si la narration, trop classique, est sans aucun doute un des points faibles du jeu, la mise en scène arrive à nous porter. Légèrement hollywoodienne sans être too much, celle-ci comprend des cinématiques très dynamiques, avec un Gabriel Belmont peu avare en acrobaties en tout genre.


En résumé, parce que ça commence à être fort long, ce nouveau Castlevania, même s'il n'est pas parfait, est tout de même pour moi une grande réussite. Bien que très pot-pourri car piochant bon nombres d'éléments clés dans toutes sortes d'autres titres, il réussi, comme Darksiders avant lui, à ce que tout ces éléments se mélangent harmonieusement et sans qu'on ait l'impression d'être devant un simple patchwork d'influences. Castlevania : Lords of Shadow décevra certainement les fans de la première heure par son approche de l'éternel combat des Belmont contre les forces du Mal très différente de celle des précédents opus. Mais ceux qui seront capables de le prendre comme un jeu en tant que tel et non un simple épisode d'une série, ainsi que ceux qui, comme moi, non rien à faire du passif de celle-ci, ceux-là pourront profiter d'un jeu superbe, riche et jouissif.

Jayh
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes jeux PS3, Les meilleurs jeux vidéo de 2010 et Les jeux avec les meilleurs boss

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le 14 mars 2014

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Jayh

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