Castlevania: Lords of Shadow par Mickaël Barbato
Une note très dure qui s'explique parfaitement par la sensation de trahison qui règne sur le jeu, du début à la fin. Contrairement à un certain site de vendus rempli de sous-journalistes (Gameblog), on ne peut pas dire que Mercury a respecté l'univers de cette si culte licence. Et ce pour plusieurs raisons.
Bien entendu, la 3D en fait un BTA, et pour encore préciser, il s'agit d'un pur God of War-like. Caméras fixes (et parfois ultra mal placées contrairement à celles qui mettaient Kratos si bien en valeur), un fouet remplacé par un truc débile ressemblant à s'y méprendre aux lames d'Athéna du jeu de Sony, une ambiance moins gothique et plus brutale etc.
Outre le fait que l'ADN de la série est donc complètement différent et irrespectueux au possible, on a aussi droit à un piétinage en règle de certains codes qui ont fait de Castlevania un jeu qui a réussi à traverser les temps. Tout d'abord, pas (ou si peu) de château. Bien sûr, Mercury, qui jurait à qui voulait l'entendre (ou se faire soudoyer, comme Gameblog) que le quatrième épisode est l'épisode qui les a inspiré, n'a pas la moitié du talent nécessaire pour imposer un huis-clos digne de ce nom. Alors, on a le droit à des marécages (laids) ou même des forêts luxuriantes, bien vertes. Adieu l'ambiance dark de la série, donc.
Mais le pire est à venir. Vous verrez que jouer à ce jeu est encore plus énervant que regarder un des derniers Tarantino. Certains, d'une presse sans éthique (Gameblog), diront que les développeurs étaient dans un trip "citations" ou "hommages". Bien entendu, rétorquer à ces guignols un peu trop bruyants que voir une telle licence manger le même pain de Shadow of the Colossus ou Le Labyrinthe de Pan est une idée tout sauf respectueuse de l'univers serait déjà assez pour établir le fait de la pauvreté du titre. Mais il ne faudrait pas, non plus, oublier de remarquer qu'il est tellement facile de masquer son manque d'idées derrière une soit-disant révérence à telle ou telle oeuvre. Assez de ces feignants qui nous servent une soupe froide en faisant jouer les violons de la masturbation "geekienne". On s'en fout qu'un des gars de la team ait aimé Portal, on s'en fout que Mercury ait regardé des films de Del Toro.
Si Hideo Kojima a rejoint la production, pour des raisons obscures, Ayami Kojima, illustratrice attitrée de la série depuis le fameux Symphonie of the night, disparaît de l'équipe. Certainement dû à la décision de Konami d'occidentaliser la série, bien sûr. En résulte un héros, Gabriel Belmont, qui restera comme le plus laid des rejetons du célèbre clan. Imaginez : un corps de catcheur style John Cena, sur lequel trône une tête aussi grosse qu'une boule de billard, et un visage de viking tout sauf convaincant. Une catastrophe, d'autant plus que les animations faciales sont d'époque PS2...
Mais ce n'est pas tout, le bestiaire est aussi très quelconque. On pourra toujours s'émerveiller devant un boss pompé sur Fumito Ueda, et si on s'appelle Gameblog on pourra même y associer une ou deux onomatopées, les yeux luisants des euros du producteur, mais on est tellement loin du bestiaire qui a fait la renommée du titre.
Pour terminer un tour d'horizon des trahisons du dernier né de Konami, impossible de ne pas penser à la musique. Jamais une seule des musiques d'ambiance ultra faibles qui hantent le jeu n'arrivent à la hauteur ne serait-ce que du thème de Simon Belmont. Inutile de comparer, non plus, à l'énorme OST de Symphonie of the Night. Personne n'aura retenu une seule note de ce Lords of Shadow, décidément très impersonnel.
Et dire que c'est sensé relancer la série...