Je ne suis pas assez fan de la série pour me lancer dans une analyse pointue pour déterminer si OUI ou NON Lords of Shadow est un « vrai » Castlevania. Si tant est qu'on puisse vraiment le déterminer, puisque comme la plupart des grandes sagas vidéoludiques, Castevania a changé plusieurs fois d'identité au cours de son histoire.

Finalement, la véritable question c'est de savoir si ce Lords of Shadow trahit l'esprit de la série avec classe et inventivité. Le jeu de Mercury Steam pille sans vergogne les God Of War et Shadow Of The Colossus de Sony, mais Symphony of the Night réinventait brillamment Castlevania en s'inspirant largement de Metroid.

Difficile donc de reprocher à ce Castlevania 3D son côté convenu, presque trop scolaire et trop appliqué. C'est un jeu bien de son époque qui trace avec un indéniable savoir-faire une ligne médiane entre les écoles japonaises et occidentales du beat'em all / aventures.

Son plus gros défaut, finalement, c'est ce sur-découpage étrange en une succession de micro-levels dans lesquels on pourra revenir plus tard pour obtenir des items accessibles uniquement après acquisition de nouveaux pouvoir ou pour relever certains défis qui se débloquent une fois le niveau fini.

On voit bien où les développeurs ont voulu en venir : c'est une résurgence un peu maladroite du système « metroidvania » qui repose sur une gestion subtile du backtracking et un level-design labyrinthique, deux aspects totalement absents de ce Lord of Shadows très linaire.

En mode de difficulté de base, le jeu est, de plus, tellement abordable que l'on peut sans le moindre problème le mener à son terme sans revenir en arrière. Et c'est là que le bât blesse : Lords of Shadow fait passer tout ce qui se rapporte au méta-jeu avant sa construction et la rythmique de sa narration. D'où l'impression tenace de passer d'un niveau thématique à un autre (le niveau-puzzle, le niveau-beat'em-all, le niveau-plates-formes, le niveau-boss, etc.) sans véritable cohésion. Regrettable pour un jeu qui essaye de proposer un minimum d'ambitions scénaristiques.

Dans ses niveaux les plus longs Lords of Shadow possède pourtant un véritable souffle qui ne demande qu'à s'épanouir sur de longues heures plutôt que d'être interrompu toutes les 10 minutes par un monologue pontifiant récité par un Capitaine Picard en mode « je roule bien les 'r' pour bien faire shakespearien ».

Ce qui sauve ce reboot Caslevania, c'est finalement l'excellence de sa direction artistique et son système de combat relativement astucieux qui contraint le jouer à jongler entre deux types de magie limités par des jauges, une lumineuse qui redonne de la vie à chaque coups portés, une ténébreuse qui rend le personnage plus puissant. Dommage que le potentiel Ikaruga de ce système ne soit véritablement exploité qu'à la toute fin du jeu et qu'on ne puisse malheureusement pas dresser les mêmes louanges aux phases de plates-formes, un peu plombées par une contextualisation franchement brouillonne.

Chose assez rare pour être soulignée : j'ai été plutôt bluffé par la dernière cinématique du jeu, pas tant pour les multiples plot-twists qui n'étonneront plus personne que pour le surprenant changement d'univers (je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler) qui pose des bases relativement intéressantes pour une suite directe.
LAmi-Ricofruit
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le 9 nov. 2010

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L'Ami Ricofruit

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