Celeste
8.2
Celeste

Jeu de Matt Makes Games et Extremely OK Games (2018PC)

Celeste étant un jeu de plateforme, forcément, n'étant pas un grand-fan du genre, je m'attendais à ce que soit ça passe, soit ça casse… et malheureusement, ç'a cassé. Je pourrais m'arrêter là et dire que je recommande le jeu de toute façon (si tant est qu'il y ait encore des gens qui n'y ont pas encore joué), surtout si vous n'êtes pas autant hermétique au genre que moi. M'enfin, maintenant que je suis là, autant parler un peu de ma relation avec le jeu.



Parce que, mine de rien, ce Celeste, ça faisait quand même un moment que j'avais envie d'y jouer, depuis que j'ai joué à TowerFall Ascencion en fait. Les deux jeux ont beau avoir de nombreuses différences dans le fond, reste que dans la forme, on reconnaît immédiatement la patte de Maddy Thorson rien qu'en voyant la manière dont se meuvent les personnages. D'ailleurs, c'est le moment où je me rends compte que le joueur que je suis, qui déteste jouer en multi et qui déteste aussi les jeux de combats, a curieusement préféré TowerFall Ascencion à Celeste… comme quoi.

Bref, là où le jeu frappe fort c'est quand on se rend qu'il arrive à nous présenter une nouvelle idée de gameplay par niveau, je ne vais pas faire de liste ici, car ça n'aurait aucun intérêt, mais autant j'ai vite décroché du jeu, autant une partie de moi était toujours dans l'expectative, souhaitait toujours voir ce que le niveau d'après aurait à proposer. Surtout que ces mêmes nouvelles idées s'accompagnent systématiquement de nouveaux décors à découvrir.


Aussi, Celeste a un gameplay avec pas de possibilités de « hacks », le genre de mécaniques adorées par les speedrunners… cela dit, tout ça m'a donné l'impression d'être laissé sur le carreau tant certaines mécaniques m'ont plus paru rédhibitoires qu'autre chose. Parlons de l'un des plus gros défauts du gameplay selon moi : la gestion des diagonales. Là, pour le coup, c'est vraiment rédhibitoire tant ça devient de plus en plus frustrant, au fil des heures, de perdre, non pas parce qu'on a fait une erreur (déjà que j'en commets des centaines par niveau), mais parce que le jeu a du mal à faire le distinguo entre la gauche, le haut et la diagonale haut-gauche. Préférant le stick à la croix directionnel, je dois avouer que ça me sortait très régulièrement du jeu, en me rappelant que pour certains passages précis, mieux vaut passer à la croix afin de gagner un peu en précision (en plus, je joue avec un pad Xbox One, la double peine !). Autre défaut du titre, ou incompréhension de ma part, la stamina. J'ai terminé le jeu sans comprendre comment cela fonctionnait précisément tant Madeline peut tout autant être essoufflé après s'être agrippé 5 que 3 secondes. Pour le coup, autant ce fut moins bloquant que les diagonales (car moins présent), autant ç'a m'a un peu donné l'impression d'arriver au bout de certains passages parce que j'avais eu de la chance ou parce que je l'avais appris par cœur, sans savoir réellement comment je m'y étais pris. Enfin, à l'inverse, reste à parler du wavedash, une mécanique dont on peut se passer durant la majorité de l'aventure… excepté une fois arrivé à Farewell, le dernier niveau du jeu, qui a été présenté sous la forme d'un DLC gratuit (oui, ça existe, certains développeurs ne font pas payer le contenu qu'ils ajoutent, du contenu gratuit qui plus est) et qui m'a définitivement fait abandonner le jeu. Je ne vais pas y passer par quatre chemins : j'avais déjà réussi à tenir jusque-là, à terminer l'intégralité des faces B et la quasi-intégralité des faces C (m'en restait plus qu'une), du coup… j'ai « abandonné » le jeu ici. Tout du moins, j'ai fait les deux derniers niveaux restants en mode assisté invincible afin de débloquer les succès qu'ils me manquaient… et encore, je dois avouer que j'aurais « triché » avant si j'avais appris qu'on pouvait débloquer les succès de cette manière. Et oui, j'assume ! Et alors, qu'est-ce que tu vas faire de toute façon ?


Reste du coup à parler des aides du jeu, parce que, mine de rien, Celeste a beau se révéler plutôt hardcore, il n'est pas non plus du genre à violenter le joueur en lui faisant tout recommencer depuis le début, en le mettant face à un système archaïque de vies ou de continus limités. Au contraire, il se montre même plutôt bienveillant avec lui : il lui montre ce que sont les fraises, un collectible à la con comme on en voit partout, mais ne les lui oblige pas à les ramasser ; il sauvegarde automatiquement sa progression à chaque nouveau tableau, lui permet de quitter et de reprendre le jeu quand il le souhaite ; il scinde ses niveaux en plusieurs parties afin de lui permettre de reprendre d'à partir où il veut. Quant au mode assisté, si ce mode permet pas mal de folies (notamment le fait d'être invincible, rien que ça), ça reste un ajout bienvenu pour les joueurs avec un plus faible niveau et qui peuvent leur permettre de modifier d'autres petits trucs : augmenter le nombre de dash, gérer la stamina ou encore la vitesse du jeu.



Cela dit, l'une des autres forces de Celeste c'est d'avoir un propos. Le jeu raconte quelque chose, il parle de l'état d'esprit de Madeline, de Théo, ainsi que de celui des autres personnages du jeu, et même de celui de la principale développeuse derrière le titre, Maddy Thorson (le jeu a un côté méta, n'hésitant pas à faire des liens avec l'IRL, le personnage de Théo ayant même son propre compte Instagram). Madeline est sujette à des crises de panique, à la dépression, c'est une ancienne alcoolique, pourtant, elle persévère, elle veut gravir cette montagne, elle veut gravir le mont Céleste. On pourrait avancer que le propos reste en fin de compte un peu niais… et c'est le cas, mais cela n'empêche pas Celeste d'avoir un scénario plus poussé que la moyenne, et surtout, de se servir de son gameplay, de son environnement (les décors, variés pour rappel, disent toujours quelque chose de l'état mental et de la progression de Madeline), pour nous dire des choses. Ce sont les angoisses de Madeline qui viennent lui poser problème, Badeline agit d'ailleurs en ce sens, reflétant d'autant plus le combat intérieur du personnage principal. Dans cette même logique, Monsieur Oshiro n'est pas un véritable adversaire, il se crée lui-même ses propres démons, ses propres frayeurs, et n'agit donc pas comme un boss classique de jeu vidéo. Il est dans le déni quoi. En fait, Celeste est un jeu de plate-forme sans ennemis, mais un jeu qui nous met quand même face à un pic de difficulté, au sens littéral, un pic de plus en plus raide que Madeline devra forcément atteindre afin de guérir… le mont Céleste quoi. On voit souvent des joueurs comparés tout et n'importe quoi à Dark Souls, mais rares sont les licences à mêler si bien difficulté, narration environnementale, tout en jouant avec l'état d'esprit du joueur.


Même au niveau de la musique, la composition de Lena Raine a cette particularité d'embrasser l'état d'esprit des personnages, leurs émotions. Chacun de ces mêmes personnages étant accompagné, de surcroit, son propre instrument de musique. La compositrice aurait joué à l'intégralité des niveaux du jeu avant de s'occuper de la compo', et franchement, ça ne m'étonne pas du tout tant chaque musique, chaque thème, arrive à s'intercaler pile-poil au bon moment.


Sauf que même au niveau du scénario, vous l'avez déjà deviné, je n'ai pas accroché non plus. Outre le fait que j'ai trouvé le tout candide, trop candide même. Déjà, je pense que le fait que je sois un nihiliste de merde doit y jouer pour beaucoup. Mais surtout, d'une certaine manière, l'univers de Celeste m'a fait du mal, le duo Madeline/Badeline me renvoie peut-être trop à une certaine partie de moi-même, un certain passé… très franchement, je ne sais pas qui de Madeline ou Badeline a étouffé l'autre chez moi, mais Celeste m'a rappelé que j'avais perdu quelque chose… probablement définitivement. Décidément, je suis vraiment connecté à l'envers, l'exactement opposé de ces témoignages de joueurs qui révèlent que Celeste leur a aidé à avancer dans la vie, à s'accepter eux-mêmes.



Voilà, je l'ai dit et répété dans cette critique, je n'ai pas accroché à Celeste… à vrai dire, si je devais être franc jusqu'au bout, j'ai même hésité à attribuer un 5 au titre (Diantre !). Pourtant, malgré le fait que j'ai été hermétique à la proposition de Maddy Makes Games, reste que je ne peux que saluer la proposition du studio, cette envie de bien faire, cette intelligence dans la progression… c'est juste que moi et elle, bah… on n'a pas trop accroché finalement.

Bon allez si, il y a bien un défaut plus « objectif », mais extrinsèque au jeu : sa commu' est quand même vachement toxique ! À l'opposé du message émit par les développeurs. Tant pis, sur ce, je retourne jouer à League of Legends.

MacCAM

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