Chrono Trigger est certainement un des JRPG les plus ambitieux. Régi par des développeurs passionnés et expérimentés (les créateurs de Dragon Quest, Final Fantasy et Dragon Ball !), le jeu de Square Enix a en effet un énorme potentiel.
Sa grande force réside dans ses voyages dans le temps, qui donnent l'impression d'un monde beaucoup moins limité que dans la plupart des RPG de l'époque, et son scénario ainsi que ses nombreuses quêtes useront de ce procédé. Mais son atmosphère toutefois assez classique se fera dépasser par la richesse et la noirceur scénaristique d'un RPG comme FFVII, qui sortira deux ans plus tard.
Le système de combat est plutôt bon, et il existe pas mal de combinaisons entre personnages qui rendent le jeu plaisant à prendre en main. Mais le jeu manque globalement de répondant : il est franchement facile. Il n'y a que le boss de fin, Lavos, qui m'a donné du fil à retordre, puisque j'ai foncé dedans sans avoir pris le temps de monter un peu l'expérience ou récupérer de meilleurs équipements. Le seul véritable problème des combats, c'est quand les mêmes ennemis re-popent en boucle, ce qui casse parfois gravement le rythme du jeu.
Chrono Trigger est plutôt généreux et offre beaucoup de libertés et opportunités au joueur : de nombreuses quêtes secondaires offrent un large éventail de choix de routes à parcourir, d'autant plus qu'elles sont imbriquées dans plusieurs époques différentes à travers lesquelles on voyage, et avec un peu de persévérance, on peut s'amuser à compléter le bestiaire ou trouver les 12 fins différentes que le jeu propose, nombre de fins qui témoigne des ambitions des développeurs.
La version DS offre quelques objets supplémentaires, une arène qui n'a pas un grand intérêt (je trouve), ainsi que de très belles cinématiques qui évoquent clairement les dessins de Dragon Ball, et qui sont malheureusement trop peu nombreuses ! Mais globalement, le portage est très bon, et laisse le choix du mode de jeu : classique, où le visuel est le même que sur Super Nes, et le mode DS qui utilise davantage l'écran tactile.
Un des gros points forts du jeu est sa bande-son : composée par Yasunori Mitsuda et Nobuo Uematsu (Final Fantasy), elle est à tomber par terre, et c'est d'ailleurs par le biais de la musique que j'ai appréhendé pour la première fois Chrono Trigger. En plus, certains groupes en ont fait de très bonnes reprises.
Mais le titre n'est bien sûr pas exempt de défauts. J'ai déjà cité les apparitions de mobs qui cassent le rythme, mais on pourrait en dire autant des boss, souvent très faciles mais assez longs et trop nombreux, notamment sur la fin du jeu, qui en est truffée. Le songe obscur est inutilement long à parcourir, et le boss de fin, Lavos, possède vraiment beaucoup de formes, je ne pense pas nécessaire de le faire autant durer.
L'histoire et l'univers sont extrêmement dense et détaillée, et les personnages, bien que manquant un peu de profondeur et de personnalité, restent sympathique et font parfois explicitement référence à notre culture perso (Lucca fait clairement écho à Bulma dans Dragon Ball). J'ai du m'y reprendre à deux fois pour terminer Chrono Trigger, car avec nos standards d'aujourd'hui ce type de scénario peut avoir pris un petit coup de vieux, mais ce jeu reste très agréable à prendre en main, est esthétiquement très réussi, et propose un concept original accordant davantage de libertés tout en respectant les bases du RPG japonais.