Cibele, c'est un jeu un peu embarrassant pour moi. Alerte spoilers
Côté gameplay (car on parle quand même d'un jeu vidéo) il y a quelques défauts assez gênants : le jeu retranscrit une interface d'ordinateur mais il est impossible d'interagir avec les fenêtres pour les bouger ou en mettre une par-dessus l'autre. Ça peut sembler du détail mais c'est rapidement lassant d'ouvrir tous les fichiers de tous les dossiers sans rien pouvoir déplacer et en devant tous les fermer un par un. Surtout que finalement... ils ne servent à rien. On n'apprend rien de plus en lisant les articles de blog ou les mails de Nina, pas plus qu'en fouinant dans ses photos de lycée. Mais je comprends la démarche : c'est une manière de montrer que la vraie vie ce n'est pas comme dans ces jeux vidéo où l'on fouine dans un mobile trouvé par terre et où chaque détail, chaque fichier, apporte un élément crucial qui permet de faire avancer dans l'histoire. Non dans la vraie vie on a juste des dossiers un peu mal rangés avec des photos pourries de partout et des textes pseudo-poétiques écrits à 14 ans, qui finalement ne révèle pas grand chose de ce qu'on est. Moué, faut voir quand même, j'aimerai pas qu'on fouille dans mon PC.
Mais là où le jeu fonctionne, c'est dans l'histoire qui est maladroitement vraisemblable. Tout simplement car imparfaite. Nina n'est pas une bombe sexuelle qui se fait harceler sur le net, juste une fille normale de 19 ans qui n'a pas trop confiance en elle, qui joue à Final Fantasy et qui a les cheveux roses. Elle a un peu de ventre et elle ne le vit pas très bien sans pour autant que ça l'empêche de porter ce qu'elle veut. Elle tient un blog depuis ses 13 ans dans lequel elle raconte sa vie peu intéressante. Elle écrit des poèmes moyens, elle aime les mangas et elle joue à un MMO tous les soirs avec un garçon qui se surnomme Itchi.
Itchi c'est juste un type un peu loin géographiquement avec qui elle discute. Ils sont un peu timides mais à la fois à l'aise ensemble. Le jeu devient un prétexte pour se parler. A tel point que Nina ne joue plus qu'avec ce garçon et délaisse peu à peu d'autres personnes. Les mois passent et vient la terrible phrase qui est jetée : "je t'aime". Elle est balancée un peu comme ça, dans un élan de timidité, d'incertitude et d'évidence aussi. C'est paradoxal, comme l'amour justement.
Du coup la relation prend de l'ampleur sans en devenir grotesque. Et un jour vient sur la table la question de se rencontrer. Itchi se braque : il n'est pas sûr, il ne sait pas ce qu'il veut, il est bousculé dans son confort. Nina arrive à le convaincre tout de même et un mois plus tard c'est le grand jour.
Comment se dire bonjour ? Une bise ? Un baiser ? Le câlin est toujours un bon compromis qui en dit long. Alors ils s’enlacent et, gênés, sans se tenir la main, ils vont chez elle. Puis ils s'embrassent et finalement couchent ensemble pour la première fois. Le lendemain il repart en lui disant qu'en fait il est désolé mais qu'il ne l'aime pas. Il lui dit qu'ils se parleront à travers le jeu. Elle l'attend, mais il ne vient pas.
Fin.
Et elle, elle ne regrette pas.
Et ben moi je comprends. Ça n'en fait pas un bon jeu, loin de là, mais ça m'a touché d'avoir le sentiment que quelqu'un a vécu une expérience similaire à la mienne. Et j'ai terminé le jeu avec la drôle de sensation d'avoir été comprise. Du coup pour ça merci Nina Freeman.