Univers et certaines péripéties qui font mouches

On se balade sur une carte à distribuer dans différents lieus des dés tirés à chaque début de journée pour faire progresser des jauges (avec parfois des "contre-jauges", et aussi des points de vie, mis à contribution lors de mauvais lancés).

Les jauges font progresser différentes petites histoires comme autant de petites nouvelles mettant en scène l'errance de notre personnage androïde dans une station en décrépitude devenue le refuge de communautés humaines.

La qualité de chaque histoire est très variable, certaines sont quand même plutôt sympa (d'autres franchement anecdotiques), mais dans tous les cas c'est malheureusement beaucoup trop verbeux pour rien (en plus c'est qu'en anglais, et pas forcément très aisé, donc le ressenti n'en est qu'exacerbé si on n'est pas parfaitement à l'aise avec la langue de K. Dick). On retrouve beaucoup de figures connues (à commencer par Blade Runner), mais le jeu sait développer son propre univers avec un propos qui sait être pertinent et interpellant. Mention spéciale à l'arc des réfugiés (mais pas que). Cela manque quand même de liant et de consistance quand p.ex. on termine une histoire qui aboutit à des révélations ou changements majeurs ... mais que cela n'a aucune répercussion concrète sur rien, ni en jeu ni dans les autres histoires, toutes évoluant finalement dans leur coin pour un contexte global qui prend des airs parfois un peu abstrait.

La mécanique de dés et de jauges est plutôt bien pensée et efficace, du moins au début, mais répétitive sur la durée d'autant que le peu d'enjeu déjà initial s'amenuise au fur et à mesure de la progression (qui amène des boosts de dé). Les meilleurs moments sont je trouve ceux avec une contre-jauge qui progresse automatiquement de jour en jour, qui dynamise bien l'aventure (le début est bien pour ça), mais entre ces passages peu fréquents j'ai rencontré de grosses sensations de ventre mou et d'installation de routine. J'ai sinon pas mal regretté que l'attribution des points de compétences ne restitue aucune impression de spécialisation de son personnage car les implications se limitent le plus souvent à ce que certaines jauges font arbitrairement plutôt intervenir celle-ci que celle-là ; et les compétences n'ont aucune répercussion dans la narration. En plus on aura tôt fait de tout monter quasi à fond, indépendamment de la classe de départ qui s'avère dépourvue de réel retentissement.

Grosse inspiration Disco Elysium en tout cas, tant dans la gestion de la narration (très textuelle, y compris les quelques scènes d'"action" (et l'ouverture, déjà, est un emprunt criant)), que l'interface, que le recours aux dés et modificateurs (même si avec des mécaniques différentes). On reste au demeurant bien loin du modèle sur tous les points.

Ah, et sinon c'est vraiment artistiquement très sympa, même si assez minimaliste (carte de la station en low-poly sur laquelle s'affiche de (somptueux !) portraits des personnages).