Le début des années 2000 fut une période faste pour les jeux à la première personne, dans un marché en pleine explosion, il suffisait d'être en retard de quelques mois sur votre objectif de sortie initiale pour ne plus faire le poids face aux autres rouleaux compresseurs alors lancé.
Clive Barker's Undying arrive en mars 2001 et fait parti de la grande vague de l'après Half Life du début des années 2000, avec des oeuvres tels que Halo 1, Deus Ex, Return to Castle Wolfenstein, AVP 2, ils s'inscrivent dans un groupe ou chacun a su marquer son époque par un apport singulier au genre à leur manière.
Bizarrement, Undying semble être passé sous le radar, la faute à un mauvais timing ? Certainement mais pas que, et si on ne fait pas face à une révolution du genre, Undying se présente comme une œuvre atypique et unique en son genre, une affection qui nous fait oublier que celle-ci est arrivée un peu cassé et dans la douleur.


Aux commandes de Patrick Galloway, vous êtes appelé par un vieux frère d'armes de la Première Guerre mondiale, Jeremiah Covenant, qui a l'idée d'enquêter sur les agissements étranges autour de sa demeure située en Irlande. Sachant que vous êtes un adepte des activités paranormales, c'est naturellement que l'enquête vous revient.
C’est ainsi qu’on débarque près du manoir de Jeremiah, un endroit des plus sinistre et comme un signe de ce qui vous attend par la suite, les rats qui traînent autour de la demeure commencent déjà à vous mordre, et ce, dès les premières secondes du jeu, en quelque sorte, on vous fait comprendre que vous n'êtes pas le bienvenu ici.
Si Undying est catégorisé dans le genre survival horror, je peux vous annoncer d’entrée que le jeu n'effleure que très légèrement ces deux aspects. Sans être un jeu d’horreur pur et dur ni un défi insurmontable quant à la gestion de son inventaire, Undying est un pur produit de son époque quelque part au milieu de ces deux genres.
Héritant du moteur du premier Unreal lancé en 1998 (Unreal Engine 1), le jeu possède ce côté un peu terne et angoissant typique des œuvres utilisant ce moteur 3D, mais qui permet aussi de créer une variété de décors plus ou moins réels facilement. C’est un choix tout à fait judicieux des développeurs, car comme on le verra, Undying va nous amener au travers de nombreuses contrées plus ou moins accueillantes.


Ce que j’ai noté rapidement, c'est qu'Undying réussi intelligemment à tenir accroché le joueur a son clavier et souris. Undying prend le temps de nous faire visiter les lieux et ce n’est que petit à petit et au bout de plusieurs heures que tout commence réellement. Durant cette longue première partie, qui s’apparente à une introduction jusqu’au premier boss, on va découvrir via nos discussions et indices parsemés dans les lieux, que la famille qui a vécu dans ce manoir, et dont Jeremiah est l'aîné, cache un mystère obscur, et ce n’est pas l'apparition de premiers “monstres” et événements fantomatique qui diront le contraire. Tout en ayant des mécaniques horreurs qui pourraient nous pousser à avancer le plus lentement possible, dans le même temps Undying sait entretenir le mystère autour de cette famille Covenant et procure un sentiment très addictif, et on se retrouve à vouloir constamment s'enfoncer plus profondément dans le manoir pour comprendre les raisons de la présence du mal. Si vous êtes consommateur du genre horreur régulier, vous n’aurez aucun souci face à la peur qui nous est présentée, cela reste léger et surtout bien en deçà des normes actuelles qui nous ont insensibilisées au fil des années.
Undying se présente comme un FPS pur jus de son époque, une barre de vie et un arsenal qui est certes limité au début, mais qui s'enrichit rapidement via la découverte de nouvelles armes, mais aussi de pouvoirs liés à une autre barre mais ici de magie ou mana comme vous voulez. Il est intéressant de noter qu'Undying apporte une diversité que l’on voyait rarement dans les “shooter” de cette époque. Sans être un simple jeu de tir, Undying repose sur un équilibre judicieux entre cette mécanique de magie et armes de poing. Patrick a la faculté d'utiliser de nombreux pouvoirs et sans dévoiler chacun d’entre eux, la panoplie est plutôt vaste et vient enrichir le gameplay de multiples façons différentes. Cela comprend des pouvoirs offensifs mais aussi défensifs tout cela à coordonner avec vos armes régulières, créant des sortes de combos simultanés plus ou moins efficaces sur chaque ennemi. Il y a aussi simplement, un seul pouvoir en l'occurrence, vous permettant d’apercevoir des événements cachés et autres secrets dissimulés dans les allées sombres des lieux. Cette balance dans le gameplay rappelle celle de Bioshock, toutes proportions gardées, mais près de 6 ans auparavant.
Il faudra au moins tout cela pour venir à bout des très nombreux ennemis différents, peut-être trop, et c’est en jonglant rapidement entre armes, pouvoirs, tout en veillant à sa santé, que l’on viendra facilement à bout du bestiaire. On gardera à l’esprit aussi de récupérer de la santé en ramassant des trousses de soins tout comme à améliorer ses pouvoirs et maximum de vie et magie via des pierres et autres objets permettant l'amélioration des compétences, et souvent dissimulés dans chaque niveau ou monde. Quant à la magie, celle-ci se régénère automatiquement.


Notons d’ailleurs que Undying est simple, très simple, et avec un PC moderne, je conseille fortement de commencer celui en difficile, d’autant qu’avec une souris actuelle, il est facile de viser les points faibles de chaque ennemi, les dégâts étant localisés. Si vous avez choisi le mode normal comme moi, arrivé à la moitié du jeu, vous roulerez littéralement sur tout, y compris les boss, et il n’y a pas moyen de changer la difficulté après le lancement de l’aventure.
Malheureusement, on aura tendance à rapidement se fixer sur le même combo arme/pouvoir ce qui ne donne pas tellement envie de visiter toutes les possibilités vu que certains combos deviennent rapidement monstrueusement puissants, dans mon cas la faux et le bouclier magique, coupant littéralement toutes les têtes de mes adversaires dans un mouvement chargé brutal.
Ces deux points ne m’ont pas gâché l'expérience, mais c’est à noter, car augmenter la difficulté pourrait résoudre ces soucis.


Durant cette aventure de près de 7 heures, Patrick est amené à voyager bien au-delà du manoir et plus on progressera dans l’histoire, plus les événements deviendront étranges, et ici, on touche au thème lovecraftien du jeu, avec ce qui semble rapidement clair, qu’une entité se joue de nous et que ce que l’on accompli n’est pas forcément dû à notre bonne volonté. Au-delà du monde réel, Undying nous transporte au travers du temps et l’espace ce qui donne au jeu un cachet très attirant avec des décors qui se renouvellent régulièrement et comme évoqué plus haut un bestiaire évoluant tout au long du récit. Je dois bien avouer par contre, qu’arrivé vers la fin de l’aventure, les développeurs sont partis un peu dans tous les sens dans ce qui est de la thématique du lieu et des ennemis à affronter. On sent sans l’ombre d’un doute que la fin du projet s'est faite dans la douleur, les niveaux se rétrécissant pour n'être plus que des couloirs et des enchaînements de combats. Heureusement cela ne représente qu’une infime partie du jeu, mais ça trahit un développement compliqué qui officiellement à vu l'arrivée de Clive Barker qu’une fois le jeu bien avancé et avec un reboot partiel des thématiques et du récit.


Cela n'empêche pas Undying d'être une œuvre à la portée très large pour son époque, et si dans son ensemble celui-ci est plus linéaire que réellement ouvert, les développeurs ont parfaitement réussi à faire ressentir au joueur la sensation d'évoluer dans un vaste monde aux plusieurs chemins possibles. Il est d’ailleurs facile de louper des objets à collecter pour améliorer son personnage, si on se contente de suivre le chemin principal. Ne vous attendez pas à des niveaux cachés, mais il est possible de tomber face à des puzzles à résoudre libérant des “power up” une fois ceux-ci résolus.
Encore une fois, si vous loupez quelques objets, cela ne changera pas votre façon de finir le jeu et c’est encore pour cette raison que je conseille une difficulté plus élevée que normal, cela donne certainement au joueur l’envie de visiter les lieux plus en profondeur. Ces mêmes objets vous seront utiles face aux multiples combats de boss, chacun proposant un challenge relevé. Chaque boss à sa méthode différente à mettre en place, si la mise en scène s’effrite au fur et à mesure, ils possèdent pour chacun un background solide et un gameplay bien différent. On peut avouer que ceux-ci sont bien plus complexes que les normes de l’époque et c’est un plaisir de ressentir cela souris en main.
Cela rejoint la DA du titre, très caractéristique de son époque, une DA qui évoluera de plus en plus vers l’étrange au fil du jeu, bien loin du simple manoir à notre arrivée, mais je vous laisse la surprise de découvrir les contrées verdoyantes de cette Irlande hallucinée.
Il ne fait pas partie des cadors du genre sur la 3D, se situant quelque part entre l'après Half Life 1 et les vrais gros jeux des années 2001/2002, mais Undying reste encore aujourd'hui très agréable pour la rétine, et ce même si le côté nostalgique de cette époque sera plus ou moins fort en chacun d’entre nous.


Je ne peux m'empêcher de ressentir que derrière Undying se cache une œuvre résolument moderne, ayant eu de nombreuses idées plutôt “novatrices” pour leur temps, qui malheureusement n’ont pas toutes pu être équilibrées et abouties à la manière que les développeurs l'auraient voulu. Il était aussi prévu un mode multijoueur, mais lui aussi aura été abandonné. Abandonné comme cette œuvre oubliée et qui pourtant mérite votre attention, car remis dans un contexte obligatoire de l’époque, Undying est bourré de qualités, et de défauts certes, mais avec un récit intelligemment accrocheur aux thématiques pas si communes dans le JV de ce temps et un gameplay solide, il a définitivement sa place dans la liste des FPS à regarder de plus près.


Si après la lecture de cette critique, il vous vient l'envie de lancer le jeu, vous le trouverez sur GOG ou ailleurs en DRM free. Pensez à sélectionner les drivers 3DFX dans les options pour avoir la meilleure qualité possible et surtout à propos des éclairages et du gamma. Le jeu ne souffre d’aucun problème de compatibilité sur PC moderne, y compris Windows 11, et je n’ai eu droit qu'à un seul crash tout au long de l’aventure.
Si vous êtes nostalgique de cette époque ou simple amateur de FPS rétro, foncez, Clive Barker’s Undying est une œuvre atypique qui n’a que peu d'équivalent.

Sajuuk
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le 3 févr. 2023

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