Dans la chaleur ennivrante d'un bar, tout est si bon...

Et pour ce soir (de la semaine dernière) :

Coffee Talk, 2020, développé par Toge Productions.

Synopsis crémeux : Barista dans la ville pluvieuse de Seattle, chaque soir est le même. Vous ouvrez votre café quand la nuit tombe. Vos clients, des habitués qui voient le café comme un havre de paix chaud au milieu de la pluie nocturne, s’épanche sur leurs vies, les complexités du monde, les relations avec les autres races, l’amitié, l’amour et… Ah, j’ai oublié de préciser, ce Seattle-là est une version différente du notre, dans le sens où l’humanité n’est pas la seule race de la terre, elle est aussi accompagnée des loups-garous, des vampires, des succubes, des elfes, des orcs et même de voyageurs extraterrestre. Eh oui ; il y en a des choses à vivre dans ce café !

Acheté chez Strictly Limited Games qui participe à la conservation physique des jeux qui ne sortent majoritairement qu’en dématérialisé (à 2500 exemplaire par contre), Coffee Talk est un visual Novel qui m’a tapé dans l’œil la première fois que j’en ai entendu parler, pour sa proposition de jeu et de scénario qui me plait beaucoup : Raconter des tranches de vies dans un monde fantastique, mais à hauteur de problèmes d’individus. Pas de guerre de race à gérer ou de choix déterminant pour les humains. Ici, on est là pour servir des boissons, écouter les gens et les aider.

Au niveau gameplay, le jeu se limite à deux phases : Celle de créations de boissons et celle sur notre téléphone, où on peut revoir les recettes de boissons qu’on a déjà réussi, choisir la musique en fond, lire les petites histoires du journal de la ville et enfin regarder sur le réseau social Tomodachill (jeu de mot, Tomodachi signifie « ami » en japonais, et chill, vous connaissez). Pas plus, pas moins. Quand vous faites une boisson, c’est selon le goût du client, si vous merdez, pas grave, le jeu continu, tant pis, vous n’êtes qu’un piètre barista mais les clients continuerons à venir chez vous. L’intérêt de ne pas se planter, outre le plaisir de découvrir de nouvelles (et vraies) recettes, c’est qu’une fin secrète existe si vous faite un sans-faute dans les commandes pour tous les personnages. Pas simple du tout, mais ça motive à recommencer le jeu.

Parce que le principal défaut du jeu, en dehors de son gameplay qui est propre à son genre, c’est sa durée de vie. Comptez 6/7h environ sur une première run. L’intérêt de relancer le jeu est discutable car il n’y a pas spécialement de choix à faire qui change le cours du scénario. Indéniablement, c’est un vrai souci, car j’aurai adoré, pour toutes ses qualités, que le jeu dure 3/4h de plus.

Et ses qualités, oh boy… Déjà, parlons graphisme. Le jeu se passe globalement avec 2 écrans : Celui lorsque vous ouvrez le café lorsqu’une nouvelle nuit commence, et celui sur le comptoir, avec les clients. Le tout dans un pixel-art du plus bel effet. En arrière-plan, les passants derrières les fenêtres et la pluie, tout contribue à donner cet effet « enroulé dans la polaire et chocolat chaud ». C’est simple, mais le jeu n’en demande pas plus, ça marche vraiment. Petite mention pour les passages création de la boisson qui sont assez jolie aussi, en faisait un triple split-screen pour montrer ingrédients par ingrédient ce que vous faites. Ah, et merci pour la possibilité de faire du latte art avec la crème, mais c’est particulièrement difficile de faire des trucs jolis donc bon…

Vient ensuite sa superbe musique. Du pur lofi chill qui s’adapte parfaitement en fond sonore pour se détendre, profiter de l’ambiance du café. Concrètement, l’OST de ce jeu sera sur clé USB très prochainement pour la mettre sur la chaîne hifi, c’est tellement cool à écouter. Vraiment, l’OST est un pur coup de cœur pour moi.

Et au-dessus de tout cela, il y a le scénario, et plus précisément l’écriture. Déjà, merci à ce petit studio indonésien d’avoir traduit leur jeu en français (entre autre), la traduction est globalement propre (malgré deux/trois étrangetés). Ensuite, pour l’écriture, on est sur des tranches de vies, donc rien qui ne semble être super impressionnant. Ici l’histoire d’amour contrariés par les familles d’un elfe et d’une succube, là celle de cette journaliste qui essaye d’écrire un livre autour de ce café, par ici cette relation entre un père nekomimi (un chat anthropomorphe qui peut se transformer en chat standard et vice-versa) et sa fille, par-là cette relation entre ce vampire et ce loup garou qui se connaissent depuis des décennies et qui se tournent autour sans se l’avouer. Bref, l’écriture est magistrale parce que ces histoires sont toutes passionnantes. Quand elles se termines sur un cliffhanger, on n’a à chaque fois qu’une envie, que les clients reviennent dans le bar pour en savoir plus. Et le jeu se fait sans voir le temps passer. A l’image de ce café, bulle intemporelle où on se sent à l’abri du monde et de sa pluie incessante, sous fond d’une musique douce, juste happé par l’odeur enivrante d’un café au miel ou d’un thé aux arômes subtils. 8,5/10