Le jeu est bon, plein de bonnes idées - peut-être trop plein même - mais qu'est-ce qu'il est DUR putain.
Je n'ai pas joué aux RTS classiques de la dernière génération, ceux de 2005-2009, je ne sais pas si Alerte Rouge est un innovateur ou un suiveur, mais je n'avais jamais vu une telle versatilité et autant d'options. Les bâtiments, les unités peuvent aller sur mer ou sur terre, se convertir en unités terrestres ou aériennes, etc. Comme beaucoup de jeux EA de l'époque, Alerte Rouge tente le coop : les campagnes se jouent à deux joueurs ou un joueur et une IA, chacun doté d'un camp. Les trois camps sont plus asymétriques que jamais, les attaques spéciales, etc, etc, etc... Tout ça ça fait quand même énormément, trop de choses à gérer pour un RTS rapide. Ca me rappelle aussi pourquoi j'avais découvert que je n'aimais pas les RTS : je suis un joueur lent, j'aime avoir le temps de réfléchir, faire ma base dans mon coin sans qu'on vienne m'embêter, et je n'aime pas le challenge. Or, en facile, dans les deux ou trois dernières missions de chaque campagne, je me fais massacrer sans pouvoir réagir. Pas envie de prendre le temps d'apprendre à battre cette IA coriace.
La difficulté est encore accrue par des défauts objectifs du jeu, qui sont ceux de la 7e génération de machines : la puissance inédite mise à la disposition des studios à l'époque a occasionné un foisonnement graphique à l'écran qui, dans de nombreux jeux, a tourné à la surcharge. Dans le cas d'Alerte Rouge comme dans d'autres, j'ai beaucoup de mal à distinguer les objets importants des cosmétiques, je ne vois pas où sont mes unités, et mon daltonisme, de surcroît, m'empêche de différencier les camps.
La critique s'est beaucoup concentrée sur l'habillage kitsch du jeu et la manière dont EA a pris son parti, de gré ou de force, du ridicule de ses FMV dans les années 90. J'ai envie de dire que bizarrement, la folie baroque a été poussée plus loin dans le jeu même que dans les scènes cinématiques. Ce n'est pas tous les jeux qui vont donneront à contrôler un mecha géant dont le pivot supporte trois bustes de samouraïs. Les vidéos, elles, veulent être kitsch, mais même dans le mauvais goût volontaire, on peut faire preuve de plus ou moins d'intelligence, et ce jeu va plutôt dans le moins. Les personnages féminins apprêtées comme dans un porn, à mes yeux, c'est moins kitsch que sexiste, et les clichés sur le Japon qui caractérisent le camp de l'Empire, c'est limite moins kitsch que raciste. Il y avait moyen d'être plus subtil dans le ridicule. On aurait pu, par exemple, en rajouter dans la phraséologie marxiste-léniniste du camp russe, au lieu de ça, on a juste le côté militariste de l'URSS. A la limite le camp occidental est plus rigolo avec son président pré-trumpien qui pète un plomb: c'est classique mais ça marche.
Les chiens d'attaque remplacés dans le camp russe par des ours dressés, CA c'est kitsch.