Conarium a une belle ambiance si on aime Lovecraft, mais m'a laissé sur ma faim une fois le dénouement atteint.
Vous vous réveillez en vue à la première personne dans une base en Antarctique, avec un engin étrange au poignet, et tandis qu'un instrument étrange, qui semble hypnotique, tourne dans la pièce. Le reste de l'équipe, à commencer par le docteur Faust, est étrangement absent, et l'électricité est coupée (oui, ce fameux cliché). Votre progression alterne avec une série de flashbacks/cauchemars qui vous font douter de la réalité dans laquelle vous évoluez.
Le jeu est beau, avec des effets de reflets soignés, sans que la direction artistique soit révolutionnaire. Il y a tout de même de la variété, comme ces ruines étranges trouvées sous l'Antarctique, ou ces autres, présentes sous les sables du Roub Al-Khali (un passage trop court). Je reprocherai juste que lorsque l'on clique sur une reproduction d'affiche ou de photo, elle ne s'affiche pas complétement en plein écran. L'ambiance sonore est bonne, même si on a déjà vu plus fou aussi.
Reste la question du scénario, qui se termine un peu en queue de poisson. Cela peut se comprendre puisqu'il s'agit d'une adaptation lovecraftienne : le dénouement est un peu semblable à celui des Montagnes hallucinées ou de L'affaire Charles Dexter Ward. Il y a deux fins, et aucune n'est pleinement satisfaisante. Elles arrivent même de manière brutale, avec l'impression que l'on n'a entrevu qu'une portion d'un univers plus vaste. Il n'y a pas non plus d'explication globale, l'ensemble donnant plutôt l'impression que les scénaristes ont mis un peu tout ce qu'on trouve chez Lovecraft (grands anciens, nécromancie, horreur médicale, civilisations non-humaines antérieures) et l'ont collé ensemble sans chercher forcément à tout lier de manière cohérente. Le jeu ne joue pas trop sur les jumpscares et personnellement cela me va.
Dans l'ensemble, Conarium est un jeu à énigme très linéaire, qui consiste simplement à trouver comment continuer l'aventure. Par deux fois, je me suis trouvé bloqué par une énigme assez retorse. J'ai réussi à finir sans soluce, mais la difficulté m'a semblé très aléatoire. Pire, pour une des énigmes, je ne sais pas du tout comment j'ai réussi, c'était un coup de chance, et ça c'est le signe d'un game design qui aurait pu être amélioré.
J'ai eu beau fouiller, aussi, j'étais frustré du nombre de portes fermées, visiblement pas destinées à être ouvertes, que l'on rencontre dans le jeu (en particulier les chambres et les casiers des autres membres de la station). Cela donne un peu l'impression d'un jeu qui a subi des coupes.
Conarium est un jeu d'aventure en vue à la première personne très honnête dans l'univers de Lovecraft. Dommage qu'il soit court, un peu aléatoire dans la difficulté de ses énigmes, et un peu décevant en ce qui concerne son dénouement.