Une introspection personnelle afin de reprendre le contrôle sur mes émotions...

C'est durant cette fin de mois d'août 2022, période estivale propice à une replongée dans des univers ludiques qui me sont chères...peu de temps après de nouvelles informations concernant une suite devant arriver l'année prochaine...un certain "Alan Wake 2", semblant partager le même univers avec les autres titres du studio derrière celui-ci...un certain "Remedy-verse", créant chez moi une folle et inattendue envie de m'y replonger...et là...un sentiment étrange...une idée incongrue...une possibilité d'y parvenir...à travers un titre que j'avais entamé et quitté via le Gamepass, en faisant preuve d'un peu d'immaturité, ne suivant que sa trame principale...un certain "Control"...amusé par celui-ci mais me laissant sur ma faim, comme ayant loupé quelque chose, donc un peu confus...mais qui à travers une version "Ultimate Edition", cette fois-ci via G.O.G, sortie 1 ans plus tard et un peu plus d'ancienneté de ma part me permettrai de révéler tout ses secrets, d'ouvrir de nouvelles pistes, de dénicher de plus amples renseignements de cette énigme, d'approfondir ma plongée dans ce labyrinthe, de reconnecter les ficelles de ce puzzle afin d'y voir plus clair et d'en prendre le contrôle....


C'est à peine après un petit temps de chargement, l'apparition d'halo lumineux, de liquides organiques, de couleurs flasher, de voix discordantes, de successions d'images dichotomiques, une pyramide de béton inversée, des acteurs en prises de vues réelles, des sous-titres juxtaposer de manière confuse, des évocations mystérieuses, un téléphone rouge qui sonne, un appel à entamer un voyage, une arme pointée sur un visage, un tir...un écran noir...un écran titre...et nous voilà à New-York, visiblement dans le cœur de Manhattan, sur les marches d'un gratte-ciel, de style international, typique de cet environnement...dans la peau d'une jeune femme à la chevelure rouge, blazer en cuir noir, pantalon slim en jean et Doc Martens un peu usées...véritable néo bobo new-yorkaise...la trentaine, vegan, écolo, friante de friperie, de substances hallucinogènes, amatrice de brocante, fan de science-fiction et dans la tendance du rétro, fraîchement débarqué de sa patelin "ordinaire" et vivant sûrement maintenant à Soho...visiblement peu prête a pénétrer cet écrasant bâtiment massif, à ouvrir les lourdes portes de l'inconnu, à entamer une quête qui la pèse, à mettre de l'ordre dans sa tête, se posant constamment d'étranges questions, évocant son ressenti, s'adressant directement à un ami imaginaire...peut-être nous...visiblement plus conscient, plus érudit, plus informé, plus serein, plus mâture...donnant l'impression qu'il connaît déjà son futur, qu'il l'a déjà parcouru dans le passé, qu'il sait ce que sera son présent...la mettant en confiance, la réconfortant sans mot, lui invitant à avancer...on entre donc à deux, un hall d'accueil vide, de la paperasse au sol, un portique de sécurité, des objets égrenés ça et là...une musique apparaît, une ombre se dessine, un langage corporel se voulant accueillant...une première rencontre...un concierge à l'accent slave, maîtrisant peu sa langue d'adoption, une invitation à prendre une fonction, de devenir un simple assistant, à signer un contrat de travail...une destination prévue à cet effet...le bureau du directeur...on s'exécute, pas vraiment le choix...on traverse de longs couloirs exigus, tout semble fermé, clos, vide, sans-vie comme ci le temps s'était arrêté...et puis un bruit angoissant...on trace...on court...on entrouvre la seul porte accessible...on pénétre dans l'espace de la direction...un homme au sol...du sang coulant sur le tapis...visiblement un suicide...on s'approche...on ramasse un objet "clé"...une nouvelle succession d'images...de voix...d'informations étranges, incohérentes, décousues...écran noir...nous voici titulaire d'un nouveau statut hiérarchique non-désiré, sans explication, sans logique...mais muni de cette fameuse clé...semblant nous indiquer à poursuivre notre errance...on avance...un première zone...la salle du courrier, des amas de lettres mortes jonchées au sol, des corps anesthésiés flottant dans les airs, des murs destructurés mouvants, des êtres somnolants nous traquant...laissant penser qu'un mal intérieur habite ou un traumatisme hante cette "vieille maison"...on fuit comme on peu...nous sommes pas la bienvenue, nous sommes une proie facile, nous sommes perdu...peu d'issues accessibles, que des portes fermées...on cours tête baissée...égaré, désemparé, à bout de souffle, on cherche un abri...une zone "saine"...une voix nous appelle, une porte de bunker s'ouvre...enfin un peu de calme, enfin de la vie, enfin du réconfort, enfin de l'oxygène...une nouvelle rencontre...on se calme, on discute un peu, on écoute beaucoup, on récolte quelques informations, on nous expose un peu la situation, on fait référence à notre statut, notre rôle et nos obligations...sans trop en dire, sans être très clair mais nous inventant à parcourir les ramifications, les entrailles, les fondations de ce lieu...nôtre unique lieu, visiblement nôtre "vieille maison"...muni d'une simple carte volontairement crayonnée par un enfant et d'un premier pass lié à un système d'accréditation...véritable campus universitaire avec son laboratoire de recherche, son centre de maintenance, son complexe sportif extérieure, son open-space central, ses quartiers administratifs sa zone de divertissement, son espace de dortoirs, son aile spirituelle et un bâtiment de villégiature en périphérie...entre les années 70's et les années 2000, entre post et néo modernisme, entre fantasme et réalité, entre naturel et artificiel...interconnecté à sa manière, ayant sa propre logique structurelle, possédant son propre language, régi par ses propres lois, semblant vivre selon ses propres envies...muet, agressif, repoussant, déséquilibré...écrasé par un silence de plomb, s'exprimant que par un chuchotement continu, victime d'un un trouble émotionnel, déséquilibré par un désarroi psychologique, établi entre deux temporalités, deux géographies, deux identités...bref un véritable labyrinthe multi-facette et complexe, organique et caractériel, austère et inhospitalier, cloisonné et illogique, surchargé et cachottié, joueur et un tantinet sadique de prime abord mais qui au fil notre parcours, notre progression hiérarchique, notre exploration minutieuse, nos différentes interactions, notre engagement ludique...s'adapte, évolue, se mue selon nous et notre sensibilité...nous hypnotisant et nous enivrant...laissant le joueur seul responsable de sa compréhension et de sa maîtrise, libre d'en reprendre le contrôle ou non...


C'est donc au sein de cette "vieille maison" modulable, ce puzzle vivant, ce labyrinthe changeant...que nôtre bobo new-yorkaise à la chevelure rouge..."Jesse" va entreprendre son voyage, son séjour à la fois pédagogique et introspectif, fortement animé par l'envie de retrouver un parent proche, un être cher, un petit frère...duquel elle fut séparé à la suite d'un drame familial, d'un accident de vie, d'un évènement tragique...l'ayant profondément marqué et traumatisé, l'impactant et la transformant au delà de ce qu'elle imaginé, la questionnant et la troublant en permanence, la laissant assujetti à d'étranges visions et réminiscences, jouant constamment avec ses émotions et son ressenti, créant chez elle un désarroi intellectuelle et un déséquilibre psychologique...au point de la rendre bi-polaire, limite schizophrène et de la pousser à imaginer un ami fictif...un truc obsédant, fort, viscérale justifiant totalement sa folle quête, sa délirante entreprise, sa nostalgique plongée, son éreintante catharsis...qui lui fera accepter sans son consentement un statut, un rôle, une fonction, une responsabilité non-désiré, inconnu et protéiforme...lui suggérant de longs visionnages de vidéos pédagogiques, d'interminables lectures de documents officiels, de fastidieuses sessions de formation, d'éreintante tâches répétitives, d'étranges réunions d'entreprise, d'aberrante accumulation d'outils professionnels, d'insensé aller et retour, de saugrenue conversation entre collègues, de loufoque recrutements de nouveaux partenariats, d'extravagant projets communautaires, de délirant restructuration d'espace de travail, d'excentrique opposition vis-à-vis de la concurrence, de respecter un absurde règlement intérieur, d'intriguante tache de subalterne, de rébarbative écoute d'enregistrement audio, de désintéressé don au comité d'entreprise, de mettre fin à d'infini divergence intellectuelle...pas bien aidé par les maigres informations livrées, l'obscurantisme de celles-ci, une "hotline" défaillante et l'état psychologique et émotionnel de notre trentenaire au bords de la crise de nerfs et de la remise en question idenditaire...entre une adolescente irréfléchie, une jeune femme déprimée, une employée volontaire, une enfant naive, une sœur aimante, un être fragile, une personnalité à définir, un futur à assumer...bref une énigme humaine et vivante, complexe voire parfois inaudible, un tantinet sur-expressive et sans filtre de prime abord...mais qui à force de nôtre engagement, détermination, persévérance, patience, choix, actes au final nos envies...se mue, s'adapte, se change selon nous et notre sensibilité...nous attachant et nous liant définitivement à elle...laissant le joueur seul responsable de sa compréhension et de son façonnage, libre d'en reprendre le contrôle ou non...

C'est donc au sein et dans la peau de deux entités schizophrènes, bi-polaires, indéfini, fragiles, perturbées, complexes, modulables...prisonnières toutes deux du temps et de l'espace, de la réalité et du fantasme, de la vie et de la mort...que nôtre récit s'écrit, se raconte, prend forme, se voulant volontairement n'être qu'en surface un séduisant et romantique hommage aux grandes œuvres de la science-fiction des années 80/90...où tout est affaire de mystère, de fantaisie, d'espoir, de rêverie, d'utopie, de couillonerie et d'irrationalité...au demeurant plaisant, jouant sur nôtre fibre nostalgique et touchant immédiatement notre petit cœur de trentenaire...mais qui de part sa structure narrative si singulière...où tout n'est que suggéré, à peine évoqué, jamais conclu, toujours ouvert, libertaire et non-linéaire...demandant exploration, écoute, lecture, réflexion minutieuse, profonde et patiente...se révèle être une allégorie sur les traumatismes découlant autant de l'enfance que de l'âge adulte, des séquelles qu'ils en découlent, de la difficulté d'y faire face, de l'effort qu'ils demandent pour les nommer et de la détermination qu'ils imposent afin de les vaincres, entre l'univers familial, scolaire et professionnel...offrant un parcours introspectif bien plus mâture, universel et questionnant...un véritable puzzle narratif étrange, ambiguë, obscure, métaphorique et adaptatif...ne se comprenant, ne s'éclaircissant, ne se résolvant qu'au gré de notre engagement ludique, se permettant même d'être omis par le joueur...le laissant seul décisionnaire et responsable de sa construction, de son interprétation, totalement libre d'en prendre le contrôle ou non...


C'est donc après une ultime affaire rondement menée, usufruit de l'imaginaire débordant de ma schizophrène préférée, au sein de cette "vieille maison" bien plus grande qu'il n'y paraît, guidé par la voix suave de mon romancier perturbé favoris, reliant élégamment deux univers empreint de métaphores, ayant autant apporté son lot d'éclaircissement que d'obscurantisme, toujours bien accompagné par mes nouveaux collègues de travail, jouant le rôle bien exigeant d'une directrice...que je quitte ce jeu, cette psychanalyse, ce labyrinthe allégorique, ce puzzle ludique, cette énigme interactive...heureux et repu...étonné et satisfait...mais surtout fier d'avoir su le refaire et le poursuivre, d'avoir su l'écouter et le lire, d'avoir su l'explorer et le destructurer, d'avoir su le comprendre et l'apprécier, d'avoir su faire preuve de maturité, a l'instar de ma chère "Jesse"...ce genre de production jamais dirigiste ni linéaire, jamais simple ni difficile, jamais lassant ni redondant...me poussant à tout faire, à tout voir, à tout entreprendre, à tout tenter et dans mes derniers retranchements...juste sublimé par sa direction artistique, subjugué par son game-design, troublé par sa profondeur narrative, attaché par son personnage principal...qui m'ont marqué bien plus profondément qu'espéré, qui ont su révéler beaucoup de chose en moi, qui ont touché des points sensibles de mon histoire personnelle...me laissant avide de retrouver cette univers sous peu et impatient de continuer mon aventure avec ce studio talentueux...sacrée prise de contrôle introspective émotionelle....

AlMomoSan87

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