Le 21 juin 2019, j'ai retrouvé un vieil ami.
Un type un peu nerveux avec qui, étant enfant, mes interactions finissaient inlassablement en bagarre, coups de vice et mauvaise foi. Et puis, un autre vieil ami nous rejoignait tous les mercredis après-midi ou les week-ends pour partager mes coups de sang, de chatte, de manette par terre parfois même.
Ce type un peu bizarre, ce vieux pote qui a toutes les raisons du monde de ne pas en être un, je viens de le recroiser. D'apparence lifté au possible depuis qu'il s'abandonna à la HD si chère aux nouvelles générations, je le retrouvai au bout du compte tel quel, comme je si l'avais quitté il y a quelques semaines seulement.
Bien sûr, le bougre ayant développé un attrait pour le luxe que ne renie certainement pas sa belle-famille Activision, il me pousse désormais, entre deux-trois prises de têtes, à me faire acheter moult accessoires de customisation et autres décorations audacieuses.
Mais ses géniteurs de Beenox ne nous l'ont pas promis en vain, l'esprit qui animait mon ami Crash Team Racing anime toujours à l'identique ce Crash Team Racing Nitro-Fueled.
Aussi simple que 1+1 = 11 pour JCVD, j'enfourche donc mon kart pour une replongée dans les souvenirs.
Ok, les réflexes sont là en mode normal, voyons ce que le mode hard nous réser...
Moment d'introspection activé après cette encourageante 7e place : étais-je donc si mauvais de 6 à 10 ans ? Très certainement.
Ma marge de progression existe-t-elle donc à un point que je n'aurais jamais osé l'imaginer ? Possible, bien qu'aucun âne n'eut jamais été transformé en bandicoot de course de mémoire d'Homme.
Alors j'ai poncé les circuits; et fait chauffer l'asphalte même en ce début de canicule qui nous guettait alors. Time attack, check. Campagne, check. Première course online, chec... damn, l'hôte à quitté le salon. Repassez nous voir, bisous !
Et c'était comme avant. Ou presque puisque la plupart des circuits désormais méconnaissables pour le meilleur étaient loin de m'avoir livré tous leurs secrets.
Et peu à peu, les raccourcis qui semblaient imprenables sont devenus le seul tracé valable de la track. Bientôt, conserver le boost maximum (Ultimate Sacred Fire pour les intimes) est devenu une seconde nature, comme si la nervosité de ce Mario Kart-like sous kétamine n'appelait qu'à un besoin de plus de vitesse.
Les Grands Prix arrivèrent peu après et avec eux une formule certes répétitive (défis ennuyants poussant au grind massif pour la plupart) mais qui a eu le mérite de proposer un contenu en quantité (skins, karts) et qualité (un circuit inédit par mois dont des pépites et autres crossovers).
La carotte ? Un kart simili-Lamborghini à gagner. Bref, le bonheur à l'état pur, sans trop en faire des tonnes bien sûr.
Alors que dire des mécanismes qui régissent la bête ? Premièrement, on peut aimer Mario Kart et CTR indépendamment, mais disons que l'exercice de l'un rend particulièrement ardu la bonne maîtrise de l'autre.
Un plombier, un bandicoot, deux écoles c'est vrai. Là où MK va élever l'anticipation de la trajectoire au rang de skill à maîtriser absolument du fait de la lourdeur des karts, CTR n'hésitera pas à vous donner la possibilité de vous envoyer comme un boulet de canon dans des virages à 180° sur deux roues avec un poulet paniqué et battant des ailes au volant à coups de turbo-drifts bien placés et une maîtrise du virage aérien consécutive à un bon saut de votre kart (what?).
Si l'ensemble des sensations de courses et la physique des véhicules peut sembler complètement irréaliste, CTR fait pourtant bien partie de ces jeux de course vicieux où une micro-erreur va vous précipiter dans les affres de la défaite sans possibilité de sauver les meubles.
En ce sens, l'exigence imposée dans la conservation de turbo est au cœur du gameplay et la maîtrise du turbo-boost un pré-requis pour quiconque voudrait espérer se frotter aux fantômes de plus en plus ardus du mode contre-la-montre ou aux cadors du online. Quand, bien sûr, un bug de collision ne vient pas annihiler toute tentative d'exploit.
Le online justement qui démontre à nouveau à quel point Beenox délivre un morceau de nostalgie tant son système de rooms et de matchmaking semble dater des débuts du Xbox Live sur SOCOM US Navy Seals. Imprévisible, ingrat, bourré de chargements, il vous faut parfois beaucoup de patience pour réussir à enchaîner trois courses consécutives sans problème de connexion ou surtout, de départ de l'hôte de partie (ce qui aura pour effet de vider la room du reste de ses occupants).
Passé ces écueils, l'ami Crash se porte toujours très bien et même en 30 fps. Acide comme un fruit Wumpa, impitoyable comme la calvitie de Neo Cortex et même maléfique comme Uka-Uka, personne n'a été trompé sur la marchandise.
Et quand le tournoi mensuel de MK au bureau se transformera en bataille d'animaux sur CTR, rassurez vous, votre serviteur sera prêt à leur montrer et effacer plusieurs mois d'humiliations.
Leur montrer que leurs skills de karting acquises sur les circuits du Royaume Champignon ne valent rien sans celles d'un kart convenablement mis en Y dans les virages retords de la Pyramide Papu.