Dire que ce projet commun était attendu serait minimiser grandement la réalité.
D'un côté, Jacques Webster aka Travis Scott aka Cactus Jack, suzerain de la Houston area dont chaque apparition (et elles sont nombreuses) est scrutée et décortiquée et dont le prochain opus solo Astroworld s'impose d'ores et déjà comme l'un des most anticipated de 2018.
De l'autre, Quavious (oui oui) Marshall aka Quavo aka Huncho Farm qu'on ne présente désormais plus tant sa présence sur le devant de la scène d'ATL relève aujourd'hui de l'évidence.
A la baguette, on n'en retiendra qu'un seul, Mike Dean. Figure du dirty south depuis ses prémices, tous les southerners qui se respectent ont un jour confié la création d'un de leurs albums à ses mains expertes. Bon ok, C4, Frank Dukes et 16 autres font des passages à la prod mais ne nous leurrons pas, l'architecte c'est lui et personne d'autre.
Le premier contact avec cet album collaboratif se fait avec cette superbe cover art signée Ralph Steadman. Entre les caricatures de nos deux compères et leurs symboles respectifs inclus, franchement, rien à redire, ça dépote.
Au menu de la tracklist, peu de feats (normal), 14 titres de qualité franchement très inégale, un potentiel hit à chaque piste selon les goûts de chacun pour un album d'ambiance intéressant mais pas franchement inoubliable.
En toute subjectivité, la prestation de Travis Scott sur l'album est celle qui est la moins convaincante. Chaque écoute de Birds, Rodeo ou Days Before Rodeo font ressortir l'originalité de ses expérimentations vocodesques autant que sa prestation me parait plate et sans énergie sur l'album. Englué jusqu'au cou dans sa pitoyable affaire people avec le non moins pitoyable clan Kardashian-Jenner, Travis semble miné par la grossesse (ou pas) de sa bitch of the month.
Ce n'est pas faute pourtant d'essayer, notamment sur le très bon Huncho Jack où il affirme avec assurance et finesse que toutes ses putes prennent la pilule du lendemain. C'est sur cette track ainsi que sur l'excellente Moon Rock qu'il nous délivrera ses meilleures fulgurances. Son couplet le plus original arrive en fin d'album sur Best Man.
Malgré tout, son entente avec le grand reuf Quavo saute aux oreilles, les deux timbres d'autotune s'accordant parfaitement comme d'habitude.
Quavo justement que j'apprécie normalement moins que LaFlame m'a pour ainsi dire bluffé sur cet album.
Une once de bluff d'un côté en croyant qu'ils avaient des choses originales à raconter. Ce bluff là est rapidement démasqué. Different skeud, same shit, l'ami Quavious nous liste ses derniers achats automobiles, ses nouveaux bijoux, nous raconte ses dernières vacances à Dubaï sur la track éponyme. Ne comptons pas sur les deux artistes pour dénoncer l'esclavagisme moderne malgré le titre de la piste d'ouverture, on s'en tiendra à des propos basiques sur les bagnoles, les suites royales et les escorts. Mais après tout, on les écoute un peu pour ça.
Pourtant, Quavo se montre réellement convaincant. Entre variations de flow à bon escient (Moon Rock en tête, Saint Laurent Mask ou encore Saint) et punchlines sympathiques (dont une spéciale Big Baller Brand et ses sbires sur Motorcycle Patches), le leader des Migos semble quant à lui s'amuser réellement sur cette collaboration.
En définitive, de Huncho Jack, Jack Huncho ne ressortent pas de tueries comme l'ont pu être certaines des précédentes collaborations entre les deux artistes, Oh My Dis Side en tête. Mais l'album ne se retrouve pas non plus plombé par ce Travis Scott blasé. Il se retrouve simplement amputé d'une partie de son potentiel. Là où les deux artistes auraient pu se servir de cette collaboration comme d'une véritable répétition/expérimentation pour leurs projets futurs (Astroworld et Culture II), on ne retrouve que Quavo véritablement motivé et Travis Scott bien trop souvent épuisé.
Certaines tracks tombent ainsi complètement à plat, notamment un début d'album franchement fadasse et les feats relèvent de l'anecdotique. Mentionnons tout de même à la brève apparition de Young Lean en intro de Dubaï Shit plutôt sympa et décernons le label "SKRRRRT" du bruitage en back de l'année aux deux amigos.
J'écoute en boucle :
- Moon Rock
- Huncho Jack
- Dubaï Shit
Je zappe souvent :
- Modern Slavery
- Black & Chinese
- Go
(6,5/10)