13 avril 2020, en plein confinement.
Une envie de revenir sur HUNCHO JACK, JACK HUNCHO de messieurs Travis Scott et Quavo.
Pourquoi? Parce que je me suis aperçu que c'était un projet, injustement (à mon goût), décrié voire détesté. Pourquoi tant de haine, de mépris? Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cette question mais je vais au moins essayer de défendre l'album, l'oeuvre.
2017, année des collaborations. 3 projets se détachent ; SUPER SLIMEY avec Future et Thugger, WITHOUT WARNING avec 21 Savage, Offset et Metro Boomin et enfin, en fin d'année, HUNCHO JACK... avec Travis Scott et Quavo.
Seul Without Warning a reçu un très bon accueil. Pourtant j'aimerais de suite préciser que ce projet (excellent) est plus un Savage Mode bis où Metro surclasse une fois de plus les débats avec ses prods assez uniques mais qui se retrouve toujours dans le même "mood" (à part Ric Flair Drip, petit ovni de la tape) et où Offset et les autres featurings semblent rejoindre 21 Savage pour fêter Halloween.
SUPER SLIMEY, critiqué injustement à sa sortie, est une compilation de bangers explosifs et de productions percutantes ou Future paraît peut-être plus à l'aise mais Thug, et sa fabuleuse étrangeté, tire son épingle du jeu. Voilà un projet qui se fait mieux respecter au fil du temps avec des titres forts tel "4 Da Gang", "Patek Watek", "All Da Smoke, "Killed Before" et l'outro terrible "Group Home".
Et HUNCHO JACK, JACK HUNCHO?
Déjà, ce projet souffre terriblement des comparaisons, et ça c'est souvent fatal.
Travis Scott, avec "RODEO" et "BIRDS IN THE TRAP SING MCKNIGHT", avait déjà montré ses supers pouvoirs et postulait déjà pour le trône.
Quavo et ses 2 comparses avaient plié 2017 avec CULTURE.
De plus, Travis et Quavo avec "Oh My Dis Side" et "Pick Up The Phone" avaient montré une alchimie excitante et évidente.
Alors si dès le départ vous comptez comparer ces merveilles sus-nommées à un projet de collaborations, à moins de toucher à la perfection, vous risquez d'être déçus.
Je ne vais pas chercher à défendre à tout prix Huncho Jack et dire que les haters ont tort blablabla...
Ce serait inutile. Je peux par contre donner mon avis, jusqu'à preuve du contraire, c'est autorisé.
HUNCHO JACK, JACK HUNCHO
Nous sommes donc fin 2017, Travis et Quavo sont des pionniers de leurs sons spécifiques, donc évidemment, c'est une énorme sortie. Ils sont devenus si massifs au sein de leurs propres voies artistiques, qu'ils ont même décidé de se donner des alter ego. Quavo se surnomme Huncho, tandis que Travis se proclame Cactus Jack.
En fait, le plus étonnant c'est que c'est la production qui porte le projet. Les rythmes sont aussi élégants que variés, donnant le coup d'envoi avec Otis Redding que Buddah Bless utilise sur «Modern Slavery» et virant dans des touches océaniques inattendues qui ajoutent une profondeur émotionnelle à «Huncho Jack» et au cristallin « Saint Laurent Mask », qui tous deux présentent la touche de Mike Dean.
Avec "Go" nous sommes quelque part en bord de plage et fortuné. Imaginez-vous marcher sur une île et entendre ce rythme alors que le sable glisse entre vos orteils. Super tempo. Grand rebond. Les deux ont vraiment un équilibre de travail au niveau vocal. La boucle de la flûte et ce rythme simple gardent vraiment le titre agréable du début à la fin. "Moon Rock" où l'on dirait qu'ils sont sur la lune ok mais dans une maison hantée aussi. Quavo livre une de ses meilleures performances de l'album.
"How U Feel" et son échantillon nostalgique. Production décalée. La bizarrerie, comment elle contraste avec le flow de Quavo est jouissive. La basse est méchante.
Cardo et le coproducteur Cubeatz qui, avec des cordes psychédéliques et des basses enveloppantes pondent "Where U From".
Et comment ne pas parler de "Best Man", Production très spacieuse. Nous sommes comme dans un ascenseur qui continue de monter de plus en plus haut. Drums clairsemés et synthés en lévitation. Une fin de projet réussie.
En résumé,
Les artistes impliqués ont mis quelque chose pour nous retenir plutôt que nous épater. C'est pourquoi beaucoup de monde a crié au scandale à la sortie de l'album. Toujours à attendre un chef d'oeuvre alors que nous devrions savoir apprécier un travail bien fait. Nous mettons souvent trop de pression sur les artistes pour qu'ils évoluent ou nous épatent à tout prix, sans prendre le temps de profiter de ce qui nous a fait tomber amoureux d'eux. Là, Quavo et Travis sont critiqués pour ne pas sortir de leur zone de confort mais nous devrions nous féliciter sur le fait qu'ils aient un son propre à eux, une signature. Les deux artistes font partie des voix les plus cohérentes dans une industrie pleine de caméléons.Ce n'est en aucun cas un mauvais album. C'est toujours une écoute très bonne et hypnotique. Huncho Jack, Jack Huncho ne souffre pas de problèmes de chimie.
Voilà un duo où chaque artiste reste fidèle à ses forces. Et c'est déjà pas mal putain!
Il s'agit d'un album «pour les fans», spécialement conçu pour leur public. Et oui, Travis ne fait pas ici de prouesses lyriques et Quavo semble parfois à la traîne mais, sur des productions parfois excellentes, Leurs mélodies sont fortes.
Huncho Jack est une œuvre mélodique, enthousiaste. Bien sûr, ce n'est pas aussi expérimental et atmosphérique que quelque chose comme Rodeo, mais en attendant Astroworld et après avoir passé 2017 a saigner Culture, Huncho Jack a été (à mon goût) un excellent mets de fin d'année, un projet amusant, à la production parfois envoûtante, Une compilation de singles franchement bien foutus plutôt qu'un album. Le "Replay Value" est énorme au fil du temps.
HUNCHO JACK, JACK HUNCHO un kaléidoscope de textures vaporeuses, une combinaison esthétique qui crée un monde finalement, assez cohérent de titres traps et de rêveries mélodieuses.
7/10