Quoi qu'on en dise, les jeux touchés par la grâce de Mindscape n'ont pas tous été développés par trois stagiaires et un canari. Ou alors le canari était vraiment très doué. J'ai découvert la série Creatures chez mon marchand de journaux comme on dit à la télé : le premier volet était en effet en vente à 99F dans les kiosques. Après avoir installé ce jeu, j'ai dû passer des heures et des heures à regarder mes Norns se nourrir, se promener, jouer et se reproduire, tout en essayant de repousser l'horrible Grendel qui finissait toujours par revenir dans mon beau jardin.
La difficulté réside dans le fait que le joueur n'a qu'une influence indirecte sur les créatures : il est en effet impossible de diriger les Norns, mais on peut par exemple leur dire ce qu'ils doivent faire. Bien sûr, cela ne signifie pas qu'ils vont obéir pour autant. Comme la vraie vie, la vie artificielle est imprévisible et les Norns, comme les animaux, font quand même un peu ce qu'ils veulent. J'avais beaucoup aimé ce Creatures, qui proposait un jeu véritablement original pour l'époque et qui était bien plus qu'un simulacre de Tamagotchi avant l'heure. Quand la suite est arrivée, je n'ai pas hésité et je l'ai achetée dès que je l'ai vue en magasin.
Et je n'ai pas regretté. Certes, le jeu est plus beau, plus coloré, plus détaillé, mais il est surtout plus profond. Le gameplay a en effet été largement repensé pour devenir plus scientifique : avec Creatures 2, il est possible d'observer à la loupe tout le génome de nos petits Norns, permettant ainsi d'observer les mutations et de mieux comprendre leur aspect physique, leur comportement, leur spécificité. Pourquoi ces Norns vieillissent-ils plus vite ? Pourquoi ceux-ci ne tombent-ils jamais malade ? Et pourquoi ceux-là vivent-ils plus vieux ? Autant de questions qui trouvaient des réponses lorsque l'on passait son temps dans le kit scientifique.
Les autres kits permettaient quant à eux d'observer le fonctionnement cérébral des créatures, de se repaître d'un délicieux arbre généalogique (petit plaisir que j'allais plus tard assouvir avec l'aide des Sims) ou encore de mieux connaître Albia, le monde 2D dans lequel évoluent les Norns. Un petit monde truffé de merveilles, mais aussi de monstres, de pièges et de dangers.
Creatures 2 jouit d'une durée de vie potentiellement infinie : les Norns naissent, grandissent, se reproduisent puis meurent, tout en continuant d'évoluer en parallèle au gré des générations. Bien sûr, ce genre de jeu qui se joue presque sans l'aide d'un joueur (c'est très exagéré, mais c'est ainsi que certains le voient, comme Les Sims) ne plaît pas à tout le monde, mais ça me permettait de faire mes devoirs ou de regarder un peu la télévision en même temps. Et comble du luxe : on pouvait s'échanger des créatures avec d'autres joueurs grâce à la magie du net et des disquettes.
En somme, un titre original et terriblement attachant que j'ai adoré et auquel j'ai joué pendant des centaines d'heures. Du point de vue personnel, ma plus grande (et unique) fierté concernant ce jeu a été de mettre au monde dans Creatures premier du nom un Norn résistant aux maladies, que j'avais baptisé Ron. Grâce au logiciel de conversion du deuxième volet, j'ai pu importer ce Norn à la santé de fer dans Creatures 2, où il a eu une descendance prospère. Ah si ! J'ai une autre fierté : j'ai tout simplement enregistré les deux vidéos du jeu figurant sur Gamekult. Ce qui m'a vraiment donné envie d'y rejouer, d'ailleurs.