Mon jeu le plus joué, tous genres et studios confondus, est sans conteste un autre bébé de Paradox, Europa Universalis 4. J'y ai passé plus de deux-mille heures et je ne me suis toujours pas lassé de ce gameplay complexe et exigeant. Pas un grand fan mais pas hermétique non plus à CK2 , c'est avec une certaine curiosité que j'ai abordé ce Crusader Kings 3.



D'indéniables qualités !



Au premier abord le titre est très agréable à jouer. Passé un temps d'adaptation plus ou moins long, on trouve assez rapidement ses marques.
L'interface est claire, lisible et assez pratique, ce qui contraste franchement avec l'interface pourrave de CK2, auquel je n'ai jamais vraiment réussi à m'habituer. La seule critique que je pourrais lui faire est que les fenêtres prennent trop de place, du coup on se retrouve vite à ne plus voir la carte lorsque tout est ouvert. Sinon, tout est à sa place et on s'y retrouve facilement.


Ah si petit bémol, concernant l'interface je trouve que celle des guerres est tellement simplifiée qu'il manque des informations. Par exemple, s'il y a bien un score d'objectif de guerre d'affiché, il n'est marqué nulle part quel est l'objectif de guerre à poursuivre... Pourtant le score de guerre dépend grandement de l'objectif, ce qui est paradoxal.


Mention spéciale à la recherche de personnages via le système de filtre, qui honnêtement est tellement mieux pensé et plus intuitif que dans CK2, dont le système était horrible tellement il était brouillon et contre intuitif. Et à la fois, le registre mondial ou on pouvait inviter n'importe quel surdoué situé dans un coin du monde n'était pas non plus très réaliste... Tout ça c'est corrigé, pour le mieux donc.


La gestion des comtés, subdivisés en baronnies, est elle aussi plutôt bien pensée et intéressante.


Mais surtout, CK3 fait la part belle à l'évolution des personnages.


Autre nouveauté des plus appréciables, la refonte du système religieux qui permet une grande modularité, avec entre autres la possibilité de créer sa propre foi en choisissant ses doctrines, ce qui va faire varier considérablement le gameplay de la partie. La foi est très bien pensée et très agréable à découvrir.


Ces éléments mis bout à bout, CK3 avait donc d'excellentes bases pour casser la baraque.



Là ou le bat blesse



Pourquoi alors lui mettre 5 ? Question challenge, Paradox nous avait habitué à mieux BEAUCOUP mieux. Là, dès ma première partie, j'ai pu à partir d'un petit duché créer un immense empire, le plus puissant du monde, créer ma propre religion et défoncer l'Eglise Catholique en éclatant le Pape (qui est très très puissant dans ck3) et le Saint Empire... En deux siècles. Et ce sans chercher à tout optimiser ni à exploiter les mécaniques de jeu...


Niveau exploitation des mécaniques de jeu, le plus scandaleux est la capacité à déshériter ses héritiers... Gratuitement. Oui, à part un malus d'opinion avec la personne déshéritée, il n'y a aucun inconvénient à déshériter un personnage. Or, la primogéniture est censée être accessible tardivement dans le jeu.


Le partage salique est de rigueur en début de partie, donc les titres sont partagés à part égale entre les héritiers. Sauf que vu qu'on peut déshériter ses héritiers quand on est chef de la dynastie, en pratique on peut désigner un unique successeur, même en partage salique... Bref ça rend le jeu considérablement plus simple car on n'a pas à reconquérir les titres partagés en les piquant à nos frères. Or, historiquement, le partage salique est ce qui a conduit aux guerres fratricides causant la chute de l'empire carolingien, et nombre de guerres internes aux dynasties.


Globalement, le jeu est trop simple dans tous ses aspects, et même un peu déséquilibré : quand on grandit un peu trop, on se rend compte de l'importance de la compétence d'intendance : on a vite énormément d'or et de troupes ce qui permet aisément de snowball. Et même sans chercher à développer sa compétence Diplomatie, il n'est pas compliqué de rincer copieusement d'or ses vassaux et d'améliorer les relations avec eux pour éviter qu'ils se révoltent. La diplomatie passera donc rapidement au second plan, d'autant plus qu'il est assez aisé de trouver des alliances très puissantes sans avoir pour autant une grosse compétence en diplomatie.


Le système de combat est aussi très simple à appréhender : en début de partie, les levées sont nombreuses et la possibilité de créer des régiments d'hommes d'armes restreinte. Plus on avance en technologie, plus on va devoir développer ses fiefs pour pouvoir avoir le plus d'hommes d'armes possible, nous garantissant une victoire certaine pour peu que nous soyons sur le bon type de terrain. Ouais, de ce côté là aussi j'aurais aimé plus de profondeur.


La gestion du prestige et de la piété est également trop mécanique : il suffira souvent d'enchaîner les guerres pour faire évoluer son niveau de splendeur / dévotion, permettant d'avoir des casus-belli surpuissants et donc rapidement de conquérir un territoire conséquent. Atteindre le statut de légende vivante ou d'icone religieuse n'est donc pas bien compliqué. Le snowball est donc considérable.



Conclusion



En l'état donc, ce manque de challenge laissera sur sa faim plus d'un joueur habitué aux jeux de grande stratégie sauce paradox. Il ne reste plus qu'a croiser les doigts pour que les prochaines majs/dlcs épicent un peu la difficulté du titre, comme a su le faire Paradox lorsqu'ils ont fait la refonte d'Imperator Rome.


Grosse déception pour ma part, même si le titre a encore beaucoup de potentiel inexploité.

Ashmir
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le 15 juin 2021

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Ashmir

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