Crysis
7
Crysis

Jeu de Crytek Studios et Electronic Arts (2007PC)

Predator VS Aliens (et plein de petits coréens)

Suite spirituelle du premier Far Cry, par le même game-designer en la personne de l’allemand Cevat Yerli, présenté comme un jeu magnifique visuellement et très amusant avec plein de pouvoirs super cool à disposition, comme le rappelle l’intro du jeu qui est plus un trailer qu’une intro, Crysis premier du nom a tout en apparence du AAA défouloir plaisant, y parvient-il ? Et si oui est-ce qu’il a d’autres atouts cachés à faire valoir ? C’étaient les questions que je me posais avant de le lancer et en voici la réponse. La critique étant longue je vous propose d’écouter Escaping from hell pendant la lecture.



RÉALISATION / ESTHÉTISME : 8 / 10



Commençons par ce qui est le plus évident mais qui doit être dit : Crysis 1 est très joli. Plus généralement, sa technique est excellente car les décors sont jolis mais ils sont aussi destructibles, il y a plein d’effets visuels mais le framerate est généralement très stable à 60 FPS, le cycle jour / nuit est continu tout en offrant de très beaux plans... Le jeu n’est pas seulement beau mais il est aussi abouti techniquement et surtout dans son contexte de sortie en 2007, soit encore au début de la septième génération de console, où il mettait à mal toute sa concurrence sur bien des aspects.


En plus de ça, la personnalisation de la couleur de l’interface, de la forme du réticule de visée... constituent des petits bonus bien sympathiques. La mise en scène en vue subjective lors des cinématiques se mêlent très bien aux phases de jeu en temps réel pour lesquels les transitions sont très efficaces. La skin de notre perso évolue selon la capacité choisie, des effets visuels se voient sur le casque que l’on porte avec du givre par exemple qui va s’y disposer... plein de petits détails qui montrent une réalisation soignée à tout instant.


L’arrivée dans les abysses est tout simplement incroyable, le décor parfaitement inattendu et original, les couleurs sublimes dans leur choix comme dans leur rendu, la caméra s’adaptant super bien pour à la fois offrir de grandes sensations sans qu’on y perde en lisibilité, le jeu des lumières pour nous guider subtilement, le mélange esthétique entre la mécanique et l’organique à la manière d’un Alien le huitième passager... C’est pour moi l’apogée technique et esthétique de ce jeu et il vaut presque le coup d’être fait rien que pour ça.


Ça ne va pas sans plusieurs contreparties bien sûr avec une distance d’affichage nette perfectible, plusieurs retours sur le bureau lorsqu’un chapitre se termine ou se lance, des difficultés à tenir les 30 FPS lors des séquences les plus explosives, en particulier le boss final, ce qui la fout mal même si c’est rare. La réalisation n’est donc pas parfaite, même pour l’époque, mais elle est très forte et avec un esthétisme qui a ses grands moments. La réputation du jeu en la matière n’est pas exagérée et vu cette réputation c’est un sacré défi relevé haut la main.


Du côté sonore, les musiques d’Inon Zur, compositeur que j’adore pour son travail sur des RPG tels que Baldur’s Gate 2, Dragon Age Origins ou encore Fallout New Vegas, savent se faire efficaces avec quelques envolées lyriques bien senties pour les moments épiques, les airs façon marches militaires lors d’assauts de grande envergure... Par contre, pour les bruitages il y a un certain manque de feedback sur le sound-design, genre on débloque une gatling Alien surpuissante mais qui fait piou-piou à l’oreille, c’est un peu dommage, pas grave une seconde mais un peu dommage. Mais sinon, le bilan esthétique et technique du jeu est satisfaisant dans l’ensemble, c’est peut-être un peu moins vrai pour le reste.



GAMEPLAY / CONTENU : 7 / 10



Crysis est un FPS et sur ce point le maniement est très bon avec des pouvoirs variés, utiles, faciles à déclencher dans le feu de l’action et à utiliser avec parcimonie et pertinence pour ne pas se retrouver en difficulté au moment critique. Il manque un pouvoir qui déclencherait un bullet-time pour un confort de jeu optimal pour ma part mais en dehors de cette petite préférence personnelle, c’est très bien. Il en va de même pour les armes assez nombreuses personnalisables à souhait avec tir alternatif, cadence de tir, viseur, types de munitions...


Je signalerai tout de même une petite faute d’ergonomie que je trouve très vulgaire et bien gênante, c’est qu’on ne peut pas configurer si l’action accroupir et l’action viser sont à déclencher en maintenant la touche ou en passer d’un mode à l’autre d’une pression, et la configuration par défaut est l’inverse de celle dont j’ai pris l’habitude sur tous mes FPS. Ça m’a causé bien des problèmes de prise en main complètement idiots puisque le jeu est très personnalisable pour des détails sans grande importance mais pas là-dessus.


Tant qu’on est sur l’ergonomie, mais là c’est déjà plus secondaire : les armes et munitions à ramasser à côté des cadavres, c’est un petit temps à prendre pas pratique en plein combat et en plus il est facile de tourner autour d’un cadavre quelques secondes à la recherche de l’arme cachée par la végétation par exemple. Ça m’a un peu énervé plus d’une fois et là encore c’était vraiment pas dur à corriger en faisant en sorte qu’on ramasse les munitions associées à l’arme automatiquement en passant dessus par exemple, mais encore une fois là c’est plus secondaire.


Le pilotage de véhicules est assez bien utilisé pour varier les situations de jeu et même la mise en scène parce que charger avec un tank d’autres tanks, défendre une zone avec une batterie antiaérienne, slalomer entre les tornades avec un hélicoptère du futur... ça procure de sacrées sensations de jeu tout en trompant la monotonie qui pourrait se dégager du jeu. En chipotant je pourrais dire qu’elles sont peut être mal réparties sur l’ensemble de l’aventure, trop concentrées par endroits mais là encore ce n’est pas grave du tout.


Ce qui l’est plus c’est la fin que j’ai trouvé complètement foirée sur le plan ludique avec des phases de jeu qui n’exploitent quasiment rien de ce qu’on a appris pendant les 3 quarts de la partie, des objectifs vraiment pas clairs qui plombent le rythme de l’action, des couloirs remplis de scripts soporifiques qui donne une impression de Call of du pauvre... il y a une énorme chute qualitative lors des deux dernières heures de jeu et c’est con de se quitter là-dessus alors que tout le reste marchait très bien. Par contre, ce qui ne marche pas du tout c’est la partie scénaristique.



SCENARIO / NARRATION : 5 / 10



Je m’y attendais, je savais que le jeu n’avait pas une grande réputation à ce sujet mais il y a une campagne, elle est scénarisée, donc je la prends en compte dans la note globale. Ce n’était pas si mal parti que ça en plus, l’introduction à la manière de Predator est très efficace avec ce cadavre allié suspendu et déchiquetée sans qu’on ait aucune idée de ce qui a pu lui faire ça. C’est jamais bavard bien longtemps pour rien, sauf à la fin. On peut entendre une petite critique faite à l’usage de la frappe nucléaire si on est gentil.


Là j’en ai déjà presque fini avec les points positifs du scénario parce que le reste n’est vraiment pas génial. Tout d’abord, on a tous les clichés des films d’action hollywoodiens décérébrés avec des héros badass au sens moral irréprochable, des ennemis génériques et incompétents qui ne sont là que pour mourir, des officiers prenant des décisions stupides que l’on rattrape comme on peut derrière de façon disciplinée... Les 3 scénaristes ont beau être débutants, reprendre autant de défauts dans des sources d’inspiration aussi génériques c’est décevant.


Est-ce qu’on peut résumer la Corée du Nord a une armée composée de soldats pas doués commandés par des officiers cruels, paranoïaques et idiots ? En tout cas Crysis le fait et sans la moindre nuance. Tout comme il consolide l’image de la femme passive qui attend qu’on vienne la sauver et qui supplie le héros de sauver la situation parce qu’elle est incapable de se faire entendre ou de prendre les choses en main elle-même. C’est effectivement un peu nauséabond dans le fond je ne vous le cache pas.


Il y a un truc qui compense c’est un personnage charismatique noir, du côté des gentils et qui n’est pas du tout le comique de service, ça c’est bien. Sinon, histoire de bien se planter à la fin, on met en place une intrigue parallèle dont on ne voit que des extraits et on termine l’histoire sur la promesse de découvrir tout ça plus tard, dans une extension ou dans une suite, on ne sait pas trop et on s’en fout un peu. Lancer le générique en pleine cinématique cliffhanger à deux balles sera la dernière marque d’incompétence de Crysis en la matière.


Pour certains, ça n’a aucune importance, encore une fois moi je considère que c’est un point à évaluer quand il existe, Crysis ne fait pas le choix de proposer des situations de jeu sans mise en contexte, sans dialogue... il raconte une histoire et cette histoire a quelques qualités qui la sauve du désastre mais au final elle est inachevée et ne raconte pas grand chose d’intéressant quand elle ne raconte pas quelque-chose de déjà vu et de nauséabond, donc je le sanctionne à minimum dans l’évaluation finale du titre, même si cette partie scénaristique est assez secondaire.



CONCLUSION : 7 / 10



Crysis est effectivement le AAA impressionnant et amusant comme il se vend mais il s’accompagne de certaines limites qui ne le rendent pas si exceptionnel que ça dans sa catégorie et d’un scénario vraiment pas terrible du tout. Il reste un bon jeu avec quelques grands moments qui valent le détour mais si je le prends dans son ensemble, je ne le recommande pas plus que ça, c’est simplement un bon jeu auquel il manque trop de choses pour être excellent, sa réalisation et son esthétisme ne font pas tout.

damon8671
7
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le 7 déc. 2018

Critique lue 214 fois

3 j'aime

damon8671

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