Cthulhu Saves the World
7
Cthulhu Saves the World

Jeu de Zeboyd Games (2010Xbox 360)

Lundi 2 mars, 4h56 du matin. Année inconnue. Celui qu’on dit attendre en rêvant sort enfin de son sommeil millénaire, prêt à accomplir sa destinée. S’extirpant péniblement de la mythique R’lyeh, cité engloutie ayant fait office de prison, la bête remonte à la surface de l’eau, déploie tout ce que son anatomie hors norme lui permet de déployer (ailes, mandibules…) et s’apprête à déverser son courroux, quand, tout à coup…une espèce de tapette sacrée à capuche lâchement dissimulée dans l’ombre se pointe, et lance un sort des plus étranges sur ce pauvre Cthulhu : son pouvoir destructeur se retrouve mystérieusement scellé, sa taille est réduite à celle d’un humain, et, pire que tout, il est en caleçon !


Le narrateur de l’histoire profite alors de cette scène peu commune pour nous révéler à nous, joueur au bout du pad, que le monde est -déjà!- sauvé, car le seul moyen pour Cthulhu de briser la malédiction serait…de devenir un véritable héros, avec compagnie de braves et tout le toutim (#locution-adverbiale-disparue-en-1974). Mais voici que -ô surprise!- Cthulhu brise à son tour le quatrième mur, et déclare ne pas vouloir renoncer à ses projets. Ayant lui aussi entendu les mots du narrateur, il se fixe désormais comme objectif de faire "des trucs de héros", afin de sauver le monde, récupérer ses pouvoirs et mieux le détruire après… Tout un programme.


Si vous avez déjà joué au précédent jeu du studio, vous ne serez pas tellement dépaysé car, à une toute petite différence près, le gameplay est exactement le même. Mais bon, puisqu’il était déjà très bon, ce n’est pas bien grave… On a donc toujours ce bon vieux tour par tour, ainsi que ce système de combos qui augmente notre puissance d’attaque au fur et à mesure que le combat s’éternise, avec les techniques qui font grimper le multiplicateur et celles qui le remette à zéro (généralement les plus puissantes, comme les techniques "Unite" impliquant plusieurs personnages). Les ennemis pour leur part, ont toujours la particularité de voir leur stats globales progresser de 10% à chaque tour de jeu… La petite nouveauté, c’est le statut "Insanity" qu’il est possible d’infliger à l’ennemi ; c’est une arme à double tranchant à utiliser à bon escient, essentielle dans les niveaux de difficulté élevés, qui réduit la défense adverse, mais peut en contrepartie lui faire exploser sa puissance d’attaque !


Comme dans Breath of Death VII, chaque zone visitée contient un nombre défini de combats qui se déclenchent aléatoirement ; une fois le compteur à zéro, on peut librement visiter les lieux sans interruption intempestive, mais il est tout à fait possible de déclencher un combat manuellement, plutôt pratique pour accumuler de l’expérience. Un choix d’autant plus judicieux que certains donjons sont réellement immenses et dédaléens, peut-être même un poil trop…et quoi de plus frustrant que d’être interrompu toutes les 15 secondes quand on est à moitié paumé ? Et cette fois-ci, à l’instar de la version PC de Breath of Death VII, une sauvegarde manuelle est disponible à peu près partout hors combat, ce qui malheureusement réduit un peu les prises de risques et la tension de l’affrontement mal négocié, mais bon, on n’est pas non plus obligé de l’utiliser…


Graphiquement parlant, le jeu arbore une esthétique typée 16 bits assez plaisante, même s’il faut l’avouer bien plus proche du "minimalisme" d’un Dragon Quest V que de celle d’un Chrono Trigger ou d’un Final Fantasy VI. En effet, les animations sont réduites au minimum syndical, tandis que les -rares- effets de lumière ne flattent pas vraiment la rétine, ce que contrebalancent toutefois quelques décors et arrières-plans agréables à l’œil. Le bestiaire quant à lui pioche dans à peu près tous les folklores horrifiques de la planète, en les tournant souvent en dérision (effet appuyé par la petite description humoristique de chacun), avec en sus quelques adversaires bien connus issus de différentes franchises comme le tentacule de Day of the Tentacle ou l’alien de Space Invaders… Enfin, l’OST accompagnant le tout fait également un gros pas en avant par rapport à Breath of the Death VII, proposant des mélodies inspirées, sublimées par une orchestration bien meilleure, beaucoup plus étoffée.


Et là, vous êtes sans doute en train de vous dire que "ouais, ok, le jeu est cool, tout ça, mais 9/10, c’est un peu beaucoup non ?" et vous avez sûrement raison. Par ce 9, je récompense surtout ce que j’appellerais la "générosité" du jeu. Générosité tout d’abord au niveau du scénario qui, malgré un liant scénaristique pas toujours bien maîtrisé, est surtout une grosse poilade ultra référencée sans jamais être lourde, distillant un mélange pastiche + ironie + quelques pointes d’humour noir qui fait -presque- toujours mouche. Mais aussi générosité dans son contenu, avec entre autre le scénar’ alternatif des "Cthulhu’s Angels" où Cthulhu, dans un moment de fainéantise aiguë, se la joue "manager" en confiant sa "rédemption" à un groupe de guerrières pensant réellement être du côté de la justice… Et tout ça pour le même prix qu’un Breath of Death VII, soit autour des 1€. Quand on sait qu’une armure virtuelle pour cheval peut parfois coûter le double…


Bref, si vous aimez les RPG, Lovecraft et l’humour (qui n’aime pas rigoler?), et que ce n’est pas déjà fait, je ne peux que vous conseillez de vous ruer sur ce Cthulhu Saves the World. Ou plutôt Cthulhu Saves the World : Super Hyper Ehanced Championship Edition Alpha Diamond DX Plus Alpha FES HD – Premium Ehanced Game of the Year Collector’s Edition (without Avatars!) de son patronyme complet. Notez pour finir que le jeu est intégralement en anglais, ce qui en rebutera certains, mais c’est sans doute mieux ainsi tant le jeu est truffé de jeux de mots et de double-sens ayant de fortes chances de perdre de leur superbe en passant par le prisme de la traduction… Ça reste tout de même à mon sens largement à la portée d’un lycéen ayant un niveau correct avec la langue de Shakespeare… Bref, c’est vous qui voyez !

Wyzargo
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le 7 août 2017

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