(Test originellement publié le 16 septembre 2019 sur GameHope.com)
*Les grands robots sont visiblement à la mode, puisqu'après Astral Chain sorti il y a quelques semaines, Nintendo sort aujourd'hui de son chapeau une nouvelle exclusivité pour sa Switch avec un petit jeu avec des gros méchas, Daemon X Machina. Développé par le studio à l'origine des (très) bons Fate/Extella Link et God Eater 3 et qui s'est ici offert les services du producteur des Armored Core, est-ce que le nouveau-né de Marvelous fera mouche auprès de nous ?*
Il y a quelques semaines, vous aviez déjà pu profiter d'une jolie preview portant sur les premières heures du jeu dans sa version finale : même si les impressions étaient globalement bonnes, il restait encore à déterminer si les défauts que l'on avait relevés se feraient encore ressentir dans la suite du jeu. On s'est donc coltiné le reste de l'aventure solo de Daemon X Machina pour vos beaux yeux pour déterminer si vous aurez, vous aussi, envie d'enfourcher votre Arsenal et mettre fin à l'infamie qui dévore votre planète.
Un jeu sponsorisé par le lobby de la confiture (et ses tartines de dialogues)
Remettons les choses dans le contexte : la première crainte que nous avions relevée lors de nos premières heures de jeu était le fait qu'une pléthore de personnages étaient introduits dès les premières missions, et que l'on avait assez rapidement du mal à retenir tous leurs noms, leurs backgrounds (qui sont vraiment présentés rapidement), etc. Malheureusement, les doublages (en anglais ou en japonais uniquement) vont dans le même sens en étant vraiment caricaturaux pour certains, simplets pour d'autres : tout cela n'aide pas le joueur à s'attacher aux personnages secondaires, si bien que, si l'un d'eux est en mauvaise posture au cours de l'aventure, on ne ressentira malheureusement pas grand-chose vis-à-vis de celui-ci.
En s'attardant sur le scénario dans sa globalité, le constat est peu ou prou le même : vous incarnez donc ici un mercenaire muet devant sauver sa planète d'une infestation extraterrestre ayant pris le contrôle des intelligences artificielles du monde entier. Vous ferez donc souvent équipe avec d'autres mercenaires et vous dépendrez tous d'une IA qui vous assignera des missions tout au long du jeu : si vous commencez à voir en quoi le scénario peut devenir un peu cliché, bonne nouvelle, c'est que vous connaissez déjà d'autres œuvres de science-fiction qui sont déjà passées par là ! En tout cas sachez que, en fin de compte, si vous vous attendez à des surprises et des pirouettes scénaristiques, il vous faudra attendre le dernier quart du jeu... et ne pas être trop exigeant.
Cependant, le tableau n'est pas tout noir de ce côté-là pour autant : malgré les tartines de dialogues en format "conversation SMS" (et comportant régulièrement des fautes d'inattention et de français), le jeu comporte des cinématiques assez plaisantes à regarder, où s'affrontent les personnages dans leurs méchas dans les airs ou dans le QG des mercenaires par le biais de scènes de dialogues à taille humaine. Malheureusement, aussi bien réalisées et appréciables soient-elles, les cutscenes sont trop peu nombreuses pour égayer et varier la livraison du scénario auprès du joueur, vite lassé par les dialogues incessants de ses coéquipiers entre et pendant ses missions.
Des gros robots, oui, mais avec des boulots de fonctionnaires
Il s'agit maintenant de savoir à quel point le gameplay peut (ou non) rattraper le scénario un peu basique de Daemon X Machina : si au bout des premières heures de jeu les sensations de pouvoir aller n'importe où avec son mécha et de tirer avec deux mitraillettes s'avéraient plaisantes, force est de constater que le reste du jeu peine à renouveler sa boucle de gameplay. En effet, le joueur est régulièrement amené à personnaliser son gros engin entre les missions et définir quelles sont les armes et composants d'armures à appliquer à sa monture pour affronter du robot. Malheureusement, avec une faible panoplie de types d'armes à notre disposition (mitraillettes, bazookas, épées, missiles, lances-flammes...), on se retrouve assez facilement à avoir un "set" d'armes favori qui ne changera que très peu jusqu'à la fin du jeu.
Et pour cause, non seulement les missions varient très peu entre elles (et ne consisteront généralement qu'à "détruire tous les objectifs de la zone" ou "escorter / protéger des véhicules"), mais la difficulté du jeu est également anormalement basse : seule une poignée de missions sur la cinquantaine de la campagne "obligatoire" poseront un quelconque problème au joueur. Ce dernier va donc peu à peu s'inscrire dans une petite routine, où sa motivation va peu à peu consister à simplement continuer de suivre ce scénario peu intriguant et à enchaîner les missions sans grande passion. Même si on gagne pourtant de l'argent à l'issue de chacune des missions, le système monétaire n'a en fait pas vraiment d'intérêt, sauf si le joueur décide de se pencher dessus, car il ne sera quasiment jamais poussé dans ses retranchements par la difficulté du jeu.
Un jeu de méchas qui aurait pu être méga (cool)
Même s'il existe un système qui vous permet de récupérer un composant d'un mécha ennemi pour vous l'approprier et l'équiper sur le vôtre, vous n'êtes pas obligés d'explorer plus loin dans la personnalisation de votre mécha. En effet, on pouvait s'imaginer à la base que Daemon X Machina pourrait instiguer la "fougue" chez le joueur en le poussant à personnaliser son gros robot, à se créer des "pré-sets" en fonction de chaque type de mission, à renouveler ses tactiques d'approche des ennemis, à améliorer ses équipements en y appliquant des modules, etc. Mais, hélas, il n'en est rien de tout cela, malheureusement. Pourtant, le joueur est régulièrement amené à affronter d'autres méchas qui, eux, se distinguent les uns des autres en adoptant des techniques d'attaque différentes... Mais quand le joueur a la "formule" qui marche, pas besoin de la changer, si ?
A la place, on va plutôt essayer d'abuser de quelques bugs où les ennemis vont se coincer contre le décor et pourront être ainsi bombardés par les missiles alliés, on va privilégier le combat au sol et pas dans les airs pour que l'ennemi soit moins mobile, etc. Parce que, mine de rien, si jamais votre barre de vie est réduite à néant car vous n'êtes pas allé vous recharger à temps auprès d'une station, votre mécha devient hors-service de façon permanente pour le reste de la mission, et vos coéquipiers ne vous aideront pas à vous remettre sur pieds (alors que vous le faites volontiers pour eux le reste du temps)... et le game over est particulièrement punitif car il vous force à vous coltiner la mission entière à zéro, dialogues compris, puisque visiblement les développeurs ne connaissent pas le système de checkpoints.
Une expérience plaisante à la base, mais répétitive à la longue
Du coup, avec des missions ayant aussi peu de saveur, si vous ne tenez qu'à venir à bout de la cinquantaine de missions disponibles dans la campagne solo du jeu, vous pouvez compter environ une douzaine d'heures, avec la durée de chaque mission oscillant entre 5 et 10 minutes en moyenne. Cependant, si vous voulez du rab', vous avez également à votre disposition pléthore de missions annexes qui sont peu ou prou les mêmes que celles de la campagne solo (avec une difficulté parfois accrue). Enfin, pour ceux qui souffrent de collectionnite aiguë, vous pourrez aussi partir à la recherche de stickers cachés dans les environnements de jeu et à appliquer sur votre mécha pour vous pavaner devant vos amis en ligne. Parce que oui, le jeu dispose d'un mode coopératif en ligne, mais nous n'avons malheureusement pas pu l'essayer en amont de la sortie du jeu puisque nos conditions de test nous poussaient à ne jouer qu'en solo.
Pourtant, tout n'est pas à jeter à la poubelle dans ce Daemon X Machina, à commencer par sa bande originale, mélangeant habilement chansons rock/métal pour supplanter un gameplay voulu nerveux (coucou Metal Gear Rising !) et musiques d'ambiance efficaces pour les phases de dialogues (avec un thème de lancement de mission dont les premières notes rappellent le thème de la série Battlefield). D'autre part, vous pourrez aussi être charmés par cette direction artistique singulière bourrée de couleurs flashy, de particules dans tous les sens et de quelques décors destructibles.
Même si le jeu ne tourne malheureusement pas à 60 fps et que l'on a régulièrement droit à des (petits) temps de chargement entre chaque mission, il reste très agréable de découvrir les nouveaux environnements ou les variations de décors déjà visités plus tôt dans notre aventure. D'ailleurs, on précise que lorsque l'on déplorait quelques lags et baisses de framerate dans notre preview, le problème est désormais un peu moins présent suite au déploiement d'un patch day one par Nintendo qui a corrigé une partie des soucis (même si un lance-flammes ennemi fera quand même tourner le jeu à la moitié des 30 fps normalement affichés à l'heure où ces lignes sont écrites).
Conclusion
La question de Daemon X Machina est un peu épineuse pour mettre une note finale au jeu : si celui-ci avait probablement de grandes ambitions à la base, elles ne sont malheureusement pas assez bien réalisées pour que la nouvelle exclu Nintendo Switch soit incontournable auprès des joueurs et puisse conquérir leurs cœurs. Avec une direction artistique atypique et une bande-son assez pêchue, le jeu vaut peut-être le détour si vous le faites en coopération avec vos amis, mais même là vous risquez d'être rapidement limités par le faible intérêt de pousser la personnalisation de vos méchas. Reste donc à voir si le jeu sera amélioré par ses développeurs après sa sortie ou s'ils prévoient de faire une suite un peu plus fournie mais, en attendant, il est difficile de vous conseiller de vous précipiter sur cet épisode au vu du calendrier de sorties de cette fin d'année.