Danganronpa c’est une série qui m’a pas mal marqué de par son ambiance mixant à la perfection tragique et humour absurde, voir grotesque, mais aussi de par ses personnages hauts en couleur et ses enquêtes originales qui vous retournent le cerveau. Je me suis lancé dans ce troisième opus avec un excellent souvenir du second et de sa conclusion en apothéose tout en me demandant si celui-ci serait à la hauteur.
Commençons par le scénario qui est toujours agréable et pas trop répétitif bien que ce soit le 3eme opus. Si certains points restent récurrents de la série, le jeu nous trouve différents moyens de se différencier des autres opus et de surprendre le joueur.
(la mort de Kaede qui pousse au changement de protagoniste après le 1er chapitre par exemple. J’étais vraiment sur le cul tellement je pensais à coup sur qu’elle jouerait un rôle crucial dans l’ensemble du jeu).
Des nouveaux thèmes sont abordés en lien avec ce contexte de jeu meurtrier, notamment avec certains personnages plus cyniques (ou même mauvais) que dans les précédents jeux. On a par exemple un personnage qui à la sensation de ne plus avoir de raison de vivre et propose carrément de se sacrifier pour les autres. L’un des plus marquants je pense est le personnage de Kokichi : un type fourbe, hypocrite, voir carrément détestable, qui se pose souvent en adversaire via multiples mensonges pour au final nous guider vers la vérité lorsque l’on parvient à briser ceux-ci sans qu’on sache vraiment si c’était son objectif ou non. D’autres personnages semblent parfois très proches des archétypes des précédents opus (personnellement je vois un peu de Kyoko dans le personnage de Maki qui à la même attitude calme et froide, on a Gonta qui joue l’idiot de service, etc …) tout en arrivant à se démarquer tout de même si bien que je n’ai pas eu de sentiment de lassitude de ce côté là.
Ce qui rend le cast attachant c’est aussi le fait qu’à notre protagoniste s’ajoute assez rapidement un groupe d’amis de confiance (bien que restreint) en la personne de Kaito et de Maki. On s’attache forcément plus facilement à eux ainsi. Kaito est une sorte de faux héros, un peu looser, tout droit sorti d’un shonen qui compte énormément sur la volonté et la confiance en ses alliés tandis que Maki se révèle être une tueuse froide dont les vrais sentiments sont enfouis sous une large carapace. Au final si on pourrait croire que la vision des choses de Kaito est bien trop naïve pour le monde de Danganronpa, c’est bien lui qui sert de support moral primordial à notre protagoniste et au reste du cast, poussant aussi Maki à prendre petit à petit un plus grand rôle pour arrêter la tuerie. Un traitement particulièrement pertinent de ce personnage dans le contexte de ce jeu morbide.
Je vais aussi aborder la conclusion du jeu (en spoiler bien évidemment).
Je parlais de Kokichi et de ses multiples mensonges. Il s’agit aussi là d’un des thèmes principaux du jeu (peut être le plus important) : qu’est ce que la vérité ? Qu’est ce qu’un mensonge ? Et les deux sont ils totalement opposés ? Au fur et à mesure des enquêtes, nos personnages en apprennent de plus en plus sur le monde qui les entourent et on avance de plot twist en plot twist. Le jeu finit par briser toutes nos conceptions en nous révélant que chaque révélation précédente était un mensonge et que la tuerie à laquelle nous participons est en réalité une fiction télévisée. Le dernier procès jouit alors d’un côté meta qui pourrait semblait cliché mais qui en fait marque une certaine cohérence avec notre parcours tout au long de cette aventure. Ce n’est pas pour rien si l’une des nouveauté de cet opus est notre capacité à émettre des mensonges afin de pouvoir piéger les meurtriers. Ce dernier procès traite aussi du pouvoir de la fiction sur la réalité : qu’est ce qui est vraiment réel ? Les sentiments et les épreuves que l’on a affronté tout au long de cette fiction sont ils totalement illusoires ? J’avais peur avant de me lancer dans Danganronpa V3 que le jeu ne soit pas une bonne conclusion à la sage. Je me demandais aussi si elle laissait une porte ouverte à une potentielle suite. Je pense qu’avec cette conclusion meta qui critique aussi la possibilité de rallonger la saga à l’infini (on apprend que le jeu est en réalité la 53eme tuerie, d’où le V du titre, et non pas juste la 3eme) et qui nous dit assez explicitement « Danganronpa doit s’arrêter », on a au final une conclusion plutôt satisfaisante. On a assez vu ces personnages souffrir, vivre cette boucle infernal de méfiance, meurtre et finalement d’espoir. Il est temps de passer à autre chose, d’avancer et de ne plus se délecter de leurs malheurs.
Parlons tout de même des enquêtes, c’est là le cœur du jeu après tout. Je les ai trouvées généralement simples, trop même. Pourtant les procès traînent parfois sur les éléments les plus faciles à comprendre. Il m’est arrivé plusieurs fois de comprendre l’astuce derrière certains éléments d’un meurtre très rapidement, parfois avant même le procès, alors que les personnages mettent plus de temps à comprendre et qu’il faut passer par une phase un peu fastidieuse afin de leur montrer la vérité (je pense notamment au 4eme procès où ils mettent 10 ans à capter que puisqu’on est dans une réalité virtuelle, on peut traverser un bord de l’écran pour rejoindre l’autre à la manière de Pac-man …).
La difficulté vient plus souvent du fait qu’il est parfois difficile de comprendre ce que le jeu attend de nous, plus que de la réelle complexité des meurtres. On peut très bien avoir compris la réponse à une énigme et galérer à pointer le bon élément au bon moment du débat quand bien même nos propositions nous semblent sensées.
Il faut aussi dire que la série a tendance à valoriser la rapidité/la précision du joueur plutôt que sa réflexion de par son gameplay particulier pour un jeu d’enquêtes. C’est ce qui fait l’unicité de Danganronpa mais qui peut aussi être vu comme un défaut parfois. Les minis-jeux lors des procès sont variés et relativement plaisants mais parfois sans trop grands intérêts (je pense par exemple au psycho taxi extrêmement simple et clairement longuet, heureusement qu’il est accompagné d’une musique très chouette !).
Pour autant, certaines d'entre elles restent bien pensées dans la manière d'opérer du tueur, c'est juste sur l’exécution concrète dans le jeu que je les ai trouvées en dessous de ce qu'on a pu voir dans les autres opus.
En bref, je recommande ce jeu à ceux qui ont apprécié les deux premiers opus. Ne vous attendaient pas forcément à retrouver la même qualité d’enquête que précédemment (même si celles sont tout à fait correctes) mais vous retrouverez tout de même le sel de l’écriture de la série et des personnages toujours aussi intéressants. La conclusion vaut le coup d’être vécue si vous appréciez la saga. Il est aussi possible que je juge plus durement cet opus car déjà trop habitué aux deux précédents et à la logique de cet univers. Dans l'ensemble, j'ai tout de même grandement apprécié mon expérience avec ce Danganronpa V3.