J'adore les mécaniques de manipulation du temps et les tropes scénaristiques qui découlent des voyages dans le temps généralement. Quand j'ai lancé Cris Tales et que j'ai découvert notre héroine Crisbell, qui a la capacité de voir le passé et le futur pour influer ses décisions, j'étais curieux de voir comment le jeu l'exploiterait.
CrisTales suit un rythme classique, qui peut sembler répétitif, mais assez efficace. On arrive dans une nouvelle ville, on rencontre les différents habitants aux chara designs charismatiques et on prend conscience des crises et conflits faisant rage dans le coin. Il nous revient alors de les régler si on veut pouvoir avoir accès à la cathédrale du bled, lieux que nous devons visiter pour débloquer les pouvoirs de Crisbell. On va alors se balader dans des zones en dehors de la ville, souvent seulement 1 ou 2, y affronter des monstres, récupérer tel objet pour tel quête, puis affronter le boss. On ne reste jamais bien longtemps à un endroit ce qui empêche que l'on s'ennuie trop (de toute manière il ne faut guère plus qu'une vingtaine d'heures pour finir le jeu, c'est franchement abordable pour un rpg). Cependant les endroits que l'on visite sont assez simples, il y a peu de choses à faire (une auberge, un magasin dans chaque ville et basta). Les différents donjons que l'on parcoure ne sont pas très complexes et il y a rarement des énigmes qui nous demande plus d'1 ou 2 secondes de réflexion pour avancer mais cependant il arrive tout de même qu'on s'y perde. Je ne sais pas si c'est dû à la direction artistique du jeu ou un manque de clarté dans le level design mais il m'est arrivé plus d'une fois de me retrouver après un combat à ne plus savoir d'où je venais et par où je devais aller. Un autre problème c'est que l'on marche beaucoup dans ce jeu et que parfois ça aurait franchement pu être évité, surtout dans les villes où l'on doit souvent faire des allers retours entre différents personnages à qui parler pour faire avancer le scénario. Un moyen de se déplacer entre certaines zones aurait été un vrai gain d'ergonomie.
Parlons de la direction artistique, selon moi l'un des points qui font honneur à CrisTales. La plupart des décors sont très simples mais restent relativement beaux. Les villes ont chacune leur propre ambiance cela dit et sont diversifiées. Mais ce qui m'a surtout plu ce sont les designs des personnages, PNJs comme héros, et leurs animations. Rien que de voir Crisbell se balader c'est un plaisir pour les yeux. Le jeu profite aussi d'une bande son fort sympathique (j'ai particulièrement aimé le remaniement du thème de combat vers la fin du jeu qui confère un air épique à la fin de notre aventure).
J'ai parlé du schéma du jeu assez basique, le scénario l'est aussi par conséquent, du moins en premier lieu. Crissbell semble être une héroine tout ce qu'il y a de plus simpliste, orpheline courageuse mais aussi douce et innocente. On apprend que le monde est pris d'assaut par une méchante impératrice démoniaque et son armée et il revient à nous, un groupe de mioches, de régler les problèmes des adultes trop aveuglés par la haine ou la cupidité et d’empêcher la fin du monde. Du classique de chez classique comme je disais.
Vers le dernier quart du jeu je trouve que le scénario prend une tournure franchement plaisante. Même avant ça à vrai dire on sent une progression vers quelque chose de plus sombre. Notre naïve héroïne est confrontée à la réalité de la guerre qui vont pousser certains à réclamer le pouvoir, souvent avec de bonnes intentions au départ, et à devenir corrompus par celui ci. Les méchants sont pas des méchants démoniaques la plupart du temps mais au contraire des personnes qui se sont égarés en chemin mais qui ont souvent le bienêtre de leur peuple à cœur. Ça m'a frappé particulièrement face aux sœurs Volcano, des méchantes récurrentes, qui n'hésitent pas à aider l'impératrice pour assurer la sécurité de leur peuple comme si il avait plus de valeur que les autres populations. C'est d'ailleurs aussi le cas du méchant final, Ardo, qui veut faire revenir son peuple, massacré par les humains il y a 3000, en les déplaçant dans le temps ce qui causerait ainsi la fin de ceux peuplant actuellement le monde. Bien que Crissbell fait face à cette complexité du monde qui l'entoure et que le jeu n'hésite pas à mettre en scène de nombreuses morts, elle garde toujours sa motivation et sa compassion qui ne semblent pas pour autant complètement niaises dans ce contexte. J'ai beaucoup aimé le plot twist final ou on apprend que Mathias est en fait le TRUE méchant. Ça m'a bien pris de court, plus que celui qui nous révèle l'identité de l'impératrice (que j'avais déjà deviné avant). Le jeu nous lâche beaucoup d'indices à ce qui est arrivé au peuple Rena, qui sont les témoins, et tout prend sens au final de manière assez satisfaisante.
Pour finir sur le gameplay, il est dommage que la mécanique des cristaux temporels soit si peu utile. C'est peut être moi qui n'ai pas assez expérimenté mais je m'en suis que très peu servi, souvent pour utiliser les graines de Willem. C'est une utilisation assez basique de la mécanique et j'aurais aimé en voir plus même si je trouve sympa que chaque créature du bestiaire ait droit à sa version passé et future ! De plus le concept de manipulation du temps reste présent dans la panoplie de sort de Crissbell (j'aime particulièrement ceux permettant de faire régresser un ennemi ou notre équipe à son état du tour précédent). Les personnages de notre groupe ont toutefois des gameplays assez originaux (en dehors de nos 3 premiers persos) et qui laisse place à une certaine flexibilité dans notre style de jeu. Avec Zas on à accès à des attaques aléatoires mais qui peuvent être dévastatrices (ont évite l'écueil de ce genre de persos qui ont tendance à ne pas être assez forts pour rendre rentable cet aléatoire pouvant nulifier leurs attaques). K, lui, est un robot qui fait beaucoup de dégâts mais doit faire attention à prendre un tour pour refroidir sa jauge de chauffe entre ses attaques sous risque d'exploser sur ses alliés. On peut d'ailleurs parfois choisir d'attaquer et d'exploser façon kamikaze sur les ennemis ce qui a son intérêt stratégique !
Et mention spéciale surtout à Kari Hudo qui à carrément le pouvoir de capturer les âmes des créatures que l'on affronte pour utiliser leurs attaques ! C'est un ajout ambitieux dans un rpg dont ce n'est pas la mécanique centrale et je trouve qu'ici ça marche plutôt bien. J'aurais tout de même aimé qu'elle arrive plus tôt dans l'aventure pour en profiter pleinement !
Le jeu est rarement difficile mais m'a tout de même demandé de faire un peu de level up sur certains boss. La plupart ne sont pas trop complexes à affronter mais quelques uns ont des gimmicks intéressants qui vous demanderont un peu de réflexion afin d'adopter la stratégie optimale. Ces boss ont au moins l'avantage de ne pas durer trop longtemps comme dans d'autres rpgs et les capacités scanner de certains persos révélant leur nombre de PV permettent de nous faire une idée de la durée que peut avoir un combat.
Pour résumer, c'est un rpg simple, peut être parfois un peu trop, mais dont les combats ne sont pas ennuyeux pour autant et qui présentent de vrais qualités. L'histoire est aussi très basique aux premiers abords mais on finit par rentrer dedans alors qu'elle se complexifie et on s'attache à ces personnages hauts en couleurs (Zas est très drôle et Cristopher, sous ses airs un peu simplets, est parfois très touchant). Je vous encourage à y jouer puisque de toute manière la durée de vie n'est pas très longue et que la difficulté n'est pas prise de tête.