Dark Nights with Poe and Munro
6.5
Dark Nights with Poe and Munro

Jeu de D'Avekki Studios Ltd (2020PlayStation 4)

Il s'appelle Poe, il est égocentrique, poseur, lâche, un brin paternaliste et il anime un show sur les ondes de la ville d'August, plus ou moins réputée maudite et mal famée. Elle s'appelle Munro, elle est optimiste, pleine d'esprit, un brin naïve et elle partage son quotidien à la radio comme dans l'intimité, à l'insu de la femme de Poe et de ses enfants. A eux deux, ils hantent les nuits de leur concitoyens par l'entremise de leur émission "Dark Nights with Poe and Munro", où ils discutent de tout et de rien entre deux poème d'Edgar Allan Poe (forcément). Comment font-ils pour se retrouver toujours embringués dans des histoires abracadabrantes, aux frontières du réel ? Peut-être qu'ils les attirent, peut-être que c'est cette ville, ou bien qu'ils ont un don mais toujours est-il qu'ils savent se mettre dans le pétrin comme personne, et que leur enthousiasme à résoudre eux-mêmes les affaires dans lesquelles ils sont impliqués n'a d'égal que leur capacité à tout faire foirer dans la joie et la bonne humeur.

En six petits épisodes d'une vingtaine de minutes, ils nous embarquent avec loufoquerie dans leur quotidien sériel fauché mais généreux, et leur alchimie manifeste, doublée de leurs excentricités respectives, fait qu'on les prend d'emblée en affection, jusque dans leurs aspects les plus malsains et les plus ambigus. Au point qu'on sera triste (très) d'apprendre qu'il n'y aura pas de saison 2.

Aussi faudra-t-il se contenter de revisionner celle-ci en boucle, en effectuant des choix différents, pour ne rien manquer des petites piques de l'un ou de l'autre, ou des possibles dénouements alternatifs qui jalonnent leur parcours. Car Poe and Munro est une fiction interactive qui amènera les joueurs-spectateurs à faire des choix, souvent à l'aveuglette, pour construire la série à leur convenance et tenter de conduire à l'issue la moins frustrante possible (car qu'on ne s'y trompe pas : frustrantes, elles le seront toujours, ça fait partie du jeu).

Avec un univers relativement riche en filigrane, et inscrit dans le même cadre que the Infectious Madness of Doctor Dekker et the Shapeshifting Detective, les deux premiers jeux FMV du studio, les nuits de Poe and Munro se suivent et ne se ressemblent pas : tantôt, elles prêtent à sourire, tantôt elles basculent dans l'angoisse, voire flirtent avec l'horreur, et rien n'y est jamais aussi anodin ou aussi léger qu'il paraît. Mais comme un phare dans la nuit, la mauvaise foi et la suffisance de Poe, alliées à la candeur et à la malice de Munro, font que l'aventure n'est jamais ni trop noire, ni pas assez, et qu'on ne les quitte qu'à regret, et ne les retrouve qu'avec plus de plaisir. Comme une paire d'amis chers - et passablement déjantés.

Zéro challenge ici, hors les succès à débloquer. On profite et on chill. Et de temps en temps, ma foi, ce n'est pas plus mal de se laisser promener, quand c'est en si bonne compagnie.

Liehd
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le 2 juil. 2022

Critique lue 12 fois

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