Dark Souls par Anubis Vlad Tepas
« Dire du mal de Dark Souls, c’est commettre l’hérésie de ne pas savoir savourer le vrai défi vidéoludique et les hérétiques en puissance qui n’apprécient pas le jeu n’ont qu’à baisser la tête et faire repentance en silence ».
Ainsi parlait le Saint Prêtre du Bon Goût vidéoludique.
C’était : une entrée en matière pour une critique dissonante au milieu du consensus positif farouchement défendu par de courageux anonymes qui défoncent les critiques négatives. N'hésitez pas à poster des commentaires si vous n'êtes pas d'accords ou même si vous vous sentez personnellement insultés pour des raisons obscures,
La note "4" signifie deux choses :
- Que le jeu a des atouts qui sont, pour la plupart, obstrués par des défauts les empêchant de s'exprimer correctement
- Qu'à la fin de chaque session de jeu et ce, même si j'y joue beaucoup, je me sens insatisfait et... sale
Allons gaiement dans les détails.
Tout d'abord, l'ambiance. On parle de "Dark Fantasy", cependant c'est un terme qui est plus souvent assimilé à des ambiances crados mais généralement bien vivantes à la The Witcher ou Warhammer. Ici, c'est différent. On serait plutôt dans de la "Gray Fantasy", où tout est fade, tout est morose, tout est mort (ou mort-vivant). Ça fait mouche, c'est assez unique, et c'est sans doute cette ambiance fascinante qui m'a poussé à m’accrocher (en offline, histoire de bien s'y plonger sans être tenté par l'aide extérieur). Quand on parle d'ambiance, on parle aussi de scénario et d'univers. Là, les choses se gâtent rapidement. Fidèle au "floutisme" de l'ambiance, le scénariste a probablement pensé que la narration se devait d'être désincarnée, impalpable. Résultat : on passe au travers du jeu sans rien comprendre ni apprendre. Le seul moyen d'en découvrir plus, c'est d'aller éplucher les sites de fans qui décortiquent quelques faits et établissent des théories pas toujours vérifiables. Voilà donc le défaut obstruant : une narration complètement aux fraises qui ne s'améliore à aucun moment.
Évidemment, Dark Souls, c'est avant tout un jeu difficile qui pousse les joueurs dans leurs derniers retranchements. Et le jeu se veut effectivement très exigeant. Les combats demandent une bonne connaissance des ennemis et un timing précis, les zones sont traîtresses et on sent que les développeurs n'ont jamais cédé à la pitié pour le joueur, le forçant à se dépasser et à ruser. On reste d’ailleurs relativement bien maître de son personnage et l’impression que des soucis de maniabilité sont responsables d’un échec n’arrive pas si souvent (même si ça marque lorsque ça arrive, cf. plus bas). Beaucoup ressortent donc de Dark Souls avec ce fameux sentiment d'accomplissement, si souvent cité par les critiques positives.
C’est bien. Problème : des jeux qui poussent les joueurs dans leur dernier retranchement, il y en a des tonnes. Passez tous vos jeux au niveau de difficulté le plus élevé, et vous découvrirez un paysage vidéoludique soudainement plus stimulant. Au final, le niveau d'exigence de Dark Souls ne dénote pas. Ce qui dénote, cependant, c'est le fait que Dark Souls vous pousse à refaire l'intégralité du chemin vers le point où vous êtes mort, en vous imposant au passage des malus supplémentaires, comme si clamser dans un jeu pareil méritait punition. D’où frustration et ennui quand il s’agit de passer entre 5 et 10 minutes à débroussailler et redébroussailler des ennemis pour avoir enfin le droit de se confronter au problème qui nous a valu de mourir (et qui vous vaudra de mourir encore quelques fois jusqu’à maîtriser la situation, en vous faisant perdre 5 à 10 minutes de plus pour chaque tentative). C’est encore pire lorsqu’il n’y a pas de problème à résoudre et que votre précédente mort n’est due qu’à un problème à la con (la première découverte d’une zone dangereuse, la caméra qui change brusquement de sens sans raison en vous précipitant dans un fossé alors que vous sprintiez pour échapper à des mobs, …). Résultat : la frustration prend le pas sur le plaisir de jeu. On passe plus de temps à refaire des trucs qu’on maîtrise, qu’à affronter de la nouveauté.
Cette frustration est revendiquée et fait apparemment pleinement partie de l’expérience : paraît que ça renforce l’impression de fragilité. C’est spécifiquement sur ce point que se départagent les joueurs qui aiment Dark Souls et ceux qui s’en détournent. Ma position à ce sujet est claire : je joue pour me faire plaisir, et si la frustration va à l’encontre de mon plaisir, c’est direct à la poubelle.
Le nombre de joueurs à se trouver dans une situation similaire est assez élevé, mais il y a une sorte de politesse honteuse qui les pousse, pour la plupart, à sourire et à s’effacer plutôt que de donner leur point de vue – c’est encore pire que de critiquer Shadow of the Colossus ou que d’écraser des chatons.
En conclusion, quelques mots sur différents aspects annexes qui auraient pu modifier mon avis, mais qui ne le font pas : Dark Souls ne peut pas compter sur sa réalisation technique pour remonter le niveau – trop bouarf, vraiment pas grand chose d’impressionnant. Le jeu est assez généreux en contenu pour peu qu’on apprécie le concept et la partie online – pour ceux que ça intéresse – prend des airs de MMO orienté PvP avec ses Covenants qui attribuent des rôles différentes à chaque joueur. Dommage que je ne recherchais pas ça avec Dark Souls.