Divers phénomènes ont mené la série Dark Souls à devenir le hit planétaire que vous connaissez aujourd'hui. Une série incessante d'effets de mode orchestrés par la machine publicitaire censément journalistique que certains nomment l'internet, déjà. L'effet insaisissable des réseaux sociaux et des sites à .gif comme 9Blag et Hugegol; de deux... mais surtout l'effet pernicieux d'une forme étrange d'envie de conformité sociale que les anglais nomment la peer pressure. C'est cette influence - souvent néfaste, d'ailleurs - qui poussait les gamins d'autrefois à fumer comme des cheminées pour avoir l'air cool. Ou, plus récemment, à se livrer aux affres de la drogue pour être acceptés par leurs pairs. Vous l'aurez compris : c'est une force qui tend à aliéner ceux qui ne sont pas dans le coup. Or, de nos jours, l'on se damnerait pour rester à la mode. Demandez aux streamers, ils vous le diront...


C'est eux qui ont le plus contribué à transformer cette série presque post-moderniste constituée entièrement des mécanismes les plus vachards du jeu vidéo japonais en un mini-phénomène sociétal. Caméra inspirée de, mais pas aussi efficace que, celle de Zelda sur N64? Check. Difficulté élevée basée sur un rapport de force asymétrique entre le joueur et son obstacle? Check. Système de gameplay dont la progression est basée intégralement sur l'idée assez moderne du grinding? Check. Pas que la série ne soit pas dotée de qualités, hein, c'est sans-doute l'un des meilleurs exemple de worldbuilding - non, le français n'a pas vraiment d'équivalent pour beaucoup de ces notions; ce n'est pas ma faute - vus ces dernières années. Pour peu que l'on considère ce genre de considérations fondamentales à la création d'un jeu vidéo réussi l'on pourrait faire remarquer que l'on trouve dans ces titres la meilleure musique classique composée à des fins consuméristes au XXIème siècle. Et pourtant, tout ceci est au service de divers jeux qui n'ont pas évolué le moins du monde depuis leur opus inaugural. Il faudra donc vous causer quelques instants...


Demon's Souls. Tout commence là. Certains n'ont pas l'air de se rendre compte précisément à quel point la série Dark Souls n'est jamais qu'une version multiplateforme du titre de base. Vous avez vos checkpoints espacés de quelques kilomètres. Votre atmosphère gothique pour métalleux et autres gothiques à la recherche d'une quelconque aura de respectabilité. Votre gameplay ultra-dur punitif à souhait pour chômeurs qui n'ont rien d'autre à faire de leur vie : tout y est. La technologie sous-jacente est un brin inférieure; c'est évident... mais pas tant que ça quand on y réfléchit posément. (C'est d'ailleurs très significatif, à mes yeux, que les équipes de FromSoftware ont désespérément besoin de SIE Japan Studio pour leur retaper leur technologie quand il s'agit de passer d'une génération à l'autre.) Même Bloodborne, la fameuse soi-disant nouvelle mouture de la formule si populaire, n'est jamais qu'une version arcade ultra-rapide dépourvue d'un bouclier de la fameuse exclusivité PlayStation 3.


Ce qui m'amène à causer de Dark Souls 3. Prenez le second. Rajoutez le moteur de Bloodborne pour faire tourner correctement le tout sur les machines d'aujourd'hui. (Merci Sony.) Faites semblant de remettre le tout au goût du jour en rajoutant une nouvelle forme d'Estus Flask capable de remplir les points de focus et des pouvoirs spécifiques aux armes. Mélangez un peu les statistiques afin de conserver l'élément de bullsh*t arcane imprévisible dont les fans de la série sont tellement friands : et voilà. Dark Souls 3. Alors, j'ai dans l'idée que si vous aimez les titres pour masochistes intégralement constitués de cathédrales gothiques et habillés dans les oripeaux Bloodbornesques d'un recyclage d'assets constant... vous avez adoré le "jeu". Peut-être en êtes vous déjà à votre troisième tour d'écrou. (Vous savez, celui où l'on prétend prendre plaisir à tenter de se défaire du titre avec un personnage nu enduit de sauce barbecue et doté pour toute défense d'un plumeau fantaisie.) Mais - et quelle étrange position pour moi que de défendre le point de vue des gens censément normaux - j'aurais tendance à penser que quand un titre est intégralement basé autour de l'idée de frustrer son utilisateur pour qu'il se sente obligé sur un point d'honneur d'en triompher... il ne peut pas décemment prétendre être un jeu. Ou alors, l'un de ces jeux étranges auxquels s'adonnent les êtres habillés en cuir/latex que l'on retrouve parfois en train de clouer les plus tendres de leurs parties à des planches en bois.


Ce qui serait assez logique, d'ailleurs, la série fait du surplace depuis tellement longtemps que cela doit bien être la manière à laquelle on est censé y jouer. Or, quand on y pense, c'est quoi Dark Souls? Simple : c'est une approximation maladroite du gameplay de Zelda dans un univers Castlevanien. Rien de bien spécial là-dedans.

MaSQuEdePuSTA
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le 18 mai 2016

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