Le clivage entre le fond et la forme n'aura jamais été aussi fort.

Au début, vous n'aimerez pas ce jeu. A vrai dire, vous ne comprendrez même pas ce qui vous a pris de miser 40 euros sur un produit particulièrement moche, qui rame, et dont le gameplay semble approximatif au possible.

Mais après tout, vous venez de l'acheter, non ? Autant essayer d'en voir un peu plus. Et là, le jeu vous a eu, vous allez entrer dans une spirale où vous aurez quoi qu'il arrive envie de voir la fin, envie de connaître la vérité, envie d'avoir la réponse aux nombreuses questions.

Finalement ce jeu, c'est un peu comme une épreuve de Fort Boyard : ce n'est pas particulièrement amusant, l'esthétique peine à cacher les artifices et est assez pitoyable, et au final on doit lutter contre des phases lourdingues et redondantes. Mais à la fin, on est content. On est content parce qu'on l'a fait, parce que le jeu en valait la chandelle.

Quand je dis qu'il faut lutter, je n'exagère pas : conduire dans ces décors moches et vides est une plaie, les nombreuses gunfights sont épouvantables de longueur, le gameplay manque d'originalité, et toutes les bonnes idées se retrouvent un peu gâchées par l'envie de trop les faire durer, ce qui -au passage- explique partiellement l'excellente durée de vie (une quinzaine d'heures).

Après avoir lu tout ça, vous devez probablement être sceptiques. Pourquoi alors mettre une note aussi généreuse ? Tout simplement parce qu'on y croit. Les personnages sont géniaux au possible, le scénario parvient à donner un intérêt constant au jeu, et l'ambiance suffit à mettre en place un contexte qui arrive à nous faire oublier ces nombreux défauts, notamment aussi grâce aux magnifiques mélodies qui jalonnent toutes nos péripéties.

Et on rame. On lutte. On se bat, mais on en est content. On se surprend même parfois à prendre du plaisir à lutter contre ces défauts, on en vient à avoir envie d'explorer, de découvrir davantage de choses que simplement le scénario.

Mais malgré tout, il y a de vrais problèmes fondamentaux également dans ces points forts : l'histoire part complètement en sucette sur la fin, ce qui m'a personnellement un peu refroidit, et au final le panel de personnages hallucinant n'est que trop peu exploité, seule une petite poignée sera vraiment utilisée de temps à autres.

Finalement, ce Deadly Premonition, c'est un jeu qui marche sur la longueur. Mais d'un autre côté, il en abuse un peu aussi, en faisant inutilement durer certaines phases, et la fin coupe l'extase scénaristique avant que l'orgasme ne soit atteint. Une surprise sympathique et extrêmement ambitieuse (chapeau bas pour cela), mais qui ne peut s'empêcher de souffrir de son manque de budget. Je recommande pour les plus téméraires cela dit, pour ceux qui veulent des expériences atypiques et d'une vraie volonté d'offrir plus que d'habitude.