Greenvale, deuxième.
Vous allez me dire qu'il faut oser pour mettre une telle note à ce jeu. Je ne vais pas vous refaire la critique que j'ai faite pour la version 360, mais la version PS3 reste toujours aussi bonne au...
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le 2 mai 2014
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Avertissement : Chose importante à prendre en compte dans cette critique, je n’ai pas réussi à faire plus de 7 heures de jeu… Dans tous les sens du verbe « réussir » !
Le jeu Deadly Premonition nous propose d’incarner l’agent du FBI York (et Zach, personnage dans sa tête), parti enquêter à Greenvale sur le meurtre d’une jeune femme, sacrifiée. La ville est à la frontière américano-canadienne et est entourée de bois verts dans une ambiance que l’on aimerait brumeuse (mais qui ne l’est pas faute de moyen technique sans doute). York est sujet à des prémonitions, dictées notamment par son café, et à des moments hallucinatoires où il se fait assaillir par des semi-fantômes désarticulés mais vulnérables aux attaques physiques. Enfin, il semble pourchassé par le tueur de la jeune femme lui-même, vêtu d’un long manteau rouge avec une cape, et de deux yeux brillants, armé d’une hache. Il sera vaguement aidé de deux acolytes policiers qui auraient pu être moins anecdotique.
Le jeu ne s’en cache pas du tout, il est très largement inspiré par les deux premières saisons de la série Twin Peaks de David Lynch (I-coeur-U D.L. !!) mais ici, la narration est particulièrement discutable : York est relativement imbuvable dans son comportement prétentieux, le fait de ne suivre que ce personnage est assez vite ingrat de fait et sa construction est très brusque, elle manque de subtilité : pour comparer (puisque le jeu demande cela en hurlant) Dale Cooper dans TP paraît exceptionnel parce qu’il y a une vraie part de mystère en lui qu’on ne découvre que par touche, il y a certes Diane (comme Zach) mais c’est un personnage au moins incarné à travers un dictaphone, et pas simplement dans la tête du personnage, en tant que spectateurs on se demande simplement qui est Diane et si elle existe (réponse de la saison 03 : oui). De même qu’il faut un sacré moment avant que Cooper ne pénètre dans la Black Lodge. Ici, tout est précipité et c’est même après la première cinématique. Par ailleurs, le fait qu’il ne s’agisse pas d’un vrai-faux soap-opera comme TP mais d’un pur jeu d’enquête montre aussi très vite ses limites : l’intérêt de la série de Lynch est de montrer comment un évènement brutal touche une communauté relativement restreinte peut briser complètement leur routine, c’est une série qui ne parle que de dualités, d’échecs ou plutôt, d’impossibilité de complétion. Dans Deadly Premonition, les PNJ remplissent difficilement leurs fonctions narratives et vidéoludiques par ailleurs. Certains dialogues sont bien écrits cependant, mais rien d’incroyable du tout. Enfin, ce qui finit de sabrer la narration, c’est l’ambiance assez médiocre qui se dégage de l’ensemble du jeu, mais pour cela, il faut détailler un peu l’aspect technique.
Techniquement donc je dois dire n’avoir jamais vu un jeu dans cet état auparavant : le jeu date de 2010, il est porté sur PC en 2013. D’abord, le lancer est une petite épreuve de force. Impossible sous Ubuntu (enfin si mais voilà le bricolage!), je repasse sur ma partition Windows 10 (sorti en 2014) et là, il faut activer le mode de compatibilité Windows 7… bon. Je lance finalement le jeu, et j’ai littéralement au moins un crash toutes les 20 à 30 minutes... Par défaut, le jeu bien sûr n’est pas compatible avec ma manette trop récente (mais la communauté Steam a réglé ce problème). Bon, ce problème résolut, je constate que le jeu tourne à 30 images par secondes en faible résolution (1280x720) et dans une qualité incroyablement affreuse. J’ai vraiment l’impression d’avoir entre les mains un jeu Gamecube ou Wii, ou PS2 ou Xbox qui n’aurait pas été terminé mais à peine poussé pour atteindre le seuil minimal de la Haute Définition. Devant ce constat, je fais les gros bras et joue 2 bonnes heures (au moins 4 crash donc). Fatigué du 30 fps en particulier, j’arrête, et pars chercher des mods pour tenter au moins de résoudre les problèmes graphiques (et de maniabilité mais je fais choux-blanc pour ça). Après trois essais, je parviens enfin à installer quelque chose qui ne crashe donc plus systématiquement au lancement (on retourne dans la zone des 20-30 minutes) : un mod HD, avec plein de filtres, enfin, plutôt des cache-misères et surtout jouable à 144 images par secondes. Mais bon, ça ne remplit pas les décors, vides, les environnements, vides, ça n’améliore pas les animations pitoyables, répétitives et robotiques qui viennent de Resident Evil 1… sur PS1 pour la majorité, et mis à part un « effet cartoon » des mods graphiques qui consiste à épaissir les traits des personnages qui est un minimum convaincant, le reste persiste dans l’austérité et c’est franchement moche… Ce n’est pas qu’une question de technique, la construction de l’environnement est ratée ! Le visage de York est cireux avec quelques animations faciales convenables même si parfois il essaie de sourire (et c’est épouvantable), celle des autres PNJ m’ont fait me demander si GTA San Andreas était sorti… Ah et aussi, la petite surprise, avant l’installation du mod, je constate que le jeu ne valide pas les succès et en fouillant sur internet ça dépend vraiment de la bonne volonté du jeu… Ah ?
Vous savez, j’aurais sans doute pu en faire plus si le jeu n’avait été qu’un début de narration un peu raté et graphiquement et techniquement moisi, mais par dessus, se rajoute une belle couche d’un système de jeu extrêmement bancal. Premièrement, le jeu fait le pari d’un open-world, ce qui est audacieux quand on voit ce que je précise au dessus et expliquant le fait que la sensation de vacuité soit si forte. Ce qui est évident, dès que l’on conduit la première voiture, c’est que les développeurs ne sont pas parvenus à quelque chose d’agréable. C’est lent, mensonger, le compteur affiche une vitesse clairement imperceptible à l’écran parce que les sensations de conduites sont nulles et surtout, tourner va être un supplice à CHAQUE fois. Les marches arrières sont interminables. La voiture se coince dans les décors, c’est littéralement une brique avec des roues. Les effets de gouttes de pluie sur le pare-brise sont ridicules. Le frein à main lance un triple-salto. Bref, c’est vraiment insupportable. Et lorsque j’ai réalisé que le jeu allait me demander assez souvent de prendre une voiture pour aller à des rendez-vous temporisés, ça m’a mis un coup ! Mais encore une fois, j’ai persisté, je me suis dit « allez, on fait encore un effort, il y a peut-être du bon à en tirer ». Parlons des combats : plusieurs armes de corps-à-corps ou de poing que l’on dégaine donc pour casser des obstacles ou abattre des « fantômes ». En dégainant un pistolet, plusieurs constats : York ne peut plus se déplacer (pas grave, RE4 et RE5, c’était pareil, pénible certes, mais admettons), York ne peut pas tourner sur lui-même lorsqu’il a sorti son arme, il doit agir dans un cône visible par dessus son épaule horizontal ET vertical (là c’est nettement plus inquiétant, je n’avais jamais vu ça, tout simplement)… Ensuite, sa boîte de collision et celles des ennemis n’étant pas claires, il est facile de les toucher avec le pistolet, mais parfois on va leur rentrer dedans sans qu’ils ne réagissent quand d’autres fois ils nous attrapent d’une sacrée distance… Du coup, même les combats sont mous, embarrassants et n’apportent qu’un vague instant de satisfaction au début. Je peux enfin préciser que les menus sont périmés : l’utilisation de la carte est minimale, il n’est pas possible de placer un repère par exemple, le zoom est ridiculement bas, l’accès est long… Globalement, je ne saurais pas dire si les développeurs voulaient véritablement réaliser un monde-ouvert, parce qu’on voit qu’il y a un vrai souci de cohérence générale, ou non parce parce qu’il est si peu fonctionnel en définitive… Enfin se rajoutent de temps en temps des QTE, c’était à la mode à cette époque, et là encore, ne cherchons pas la cohérence entre l’action à l’écran et le bouton demandé.
Et donc, mes quelques questions autour de ce jeu sont les suivantes : Si j’ai déjà vu Twin Peaks et que j’ai apprécié la série, pourquoi j’irais m’infliger ce jeu qui est une expérience nettement moins plaisante ? Si je n’ai pas vu Twin Peaks, qu’est-ce qui peut bien m’inciter à continuer de jouer après une heure de jeu ? Comment en 2010, un truc comme ça a pu sortir sur des 360 ou des PS3 et devenir culte (quatre ans après Oblivion, deux ans après la sortie de GTA IV, de Far Cry 2, de Siren Blood Curse, un an après Silent Hill Shattered Memories, ou Resident Evil 5, l’année de sortie d’Allan Wake, de Heavy Rain, de Bioshock 2, une petite année avant Skyrim…) ? Comment en 2013, on peut ressortir un portage dans cet état, aussi peu compatible avec le système d’exploitation majeur de l’époque (Windows 7) et incompatible avec son successeur (le 8) ? Est-ce que les scénaristes avaient vraiment vu Twin Peaks récemment ou est-ce qu’on leur avait juste raconté ou peut-être étaient-ce de vagues souvenirs ? Quelles étaient les parts de budget allouées à la technique et au système de jeu ? Qui a vraiment voulu racheter ce jeu en 2013 après l’avoir fait en 2010 ? Comment survivre 18 heures (durée de vie normale) à tout ça ? Est-ce que je dois considérer ce jeu comme un genre de nanar de Twin Peaks ? Pourquoi les moddeurs ont fait le travail des développeurs (les mods datent de 2013-2014, soit l’année du portage du jeu) ? Est-ce que le but du jeu était de contrer Alan Wake (beaucoup de joueurs avaient été déçu de l’abandon du monde-ouvert dans celui-ci, peut-être que la promesse ici le studio Access Game a peut-être voulu jouer des mécaniques) ?
Et voilà pourquoi, au bout de sept heures de jeu (et peut-être 10 en comptant les diverses tergiversations, redémarrages etc.), après un énième crash pour avoir voulu aller vérifier ce que faisait le seul cheval du pré de 90000 hectares dans lequel j’étais (spoiler : rien, on peut juste l’observer), après avoir relancé le jeu, encore, m’être rendu compte avoir perdu 20 minutes de pseudo-progression puisque la sauvegarde auto n’a pas fonctionné, encore, et avoir coincé ma voiture comme un tocard, après un virage, dans une rambarde buggée qui m’empêche de sortir par la portière (York restant indéfiniment piégé apparemment), et bien j’ai usé de mon droit de joueur, et après avoir voulu donner trop d’amour à Deadly Premonition, je lui ai fait un petit « Birdie » et j’ai pressé Alt+F4.
Créée
le 21 nov. 2024
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