Defiance
5.3
Defiance

Jeu de Trion Worlds (2013PC)

Test de Lightningamer.com : quand la sauce prend … à moitié

Après s’être immiscé avec un succès certain dans le monde sans pitié du MMORPG avec Rift, Trion World retente l’expérience du jeu massivement multi joueur et propose cette fois un MMOTPS du nom de Defiance. Mêlant audacieusement les genres TPS et MMORPG, le jeu adopte le modèle buy-to-play et s’avère trans-media. En effet, Defiance est aussi une série télévisée et l’on nous promet que le jeu influencera la série et vice-versa. Couplé à son univers post-apocalyptique, le tout semble alléchant sur le papier, qu’en est-il en réalité ?

Disponible depuis le 2 avril sur PS3, Xbox 360 et PC, Defiance est cross-plateforme et a fait le choix du buy-to-play (pour 50 ou 60 euros selon votre machine) et ne demande donc pas d’abonnement mensuel, à l’instar de Guild Wars 2 ou Star Wars The Old Republic avant son passage en free-to-play par exemple. La série du même nom elle a débuté le 15 avril aux États-Unis sur SyFy et le 16 en Europe sur la même chaîne. Alors qu’en temps normal il faut attendre des mois (voire des années) pour voir débarquer en France une série étrangère, cette exception n’a rien d’un hasard. En effet, le développeur du jeu et la chaine ont travaillé ensemble afin que les deux médias sortent dans la même période puisque le jeu et la série doivent s’influencer mutuellement. Nous verrons comment plus loin.

L’histoire se déroule sur une Terre post-apocalyptique, où humains et Votans, une race extraterrestre venue trouver refuge sur la planète, se sont livrés une guerre pendant 30 ans. Cette bataille a même impacté l’environnement et les climats, ne laissant qu’une Terre désolée, terraformée et délabrée. Face aux nombreux mutants et monstres générés par ces évènements, les deux races ont fini par signer l’armistice et s’unir face à ce monde devenu hostile. Le jeu débute par une cinématique dans un vaisseau de Von Bach Industries, le géant de la technologie de l’époque, venu récupérer des matériaux. Évidemment, celui-ci se crash et vous vous retrouvez aux commandes d’un Pillarche sinistré recruté par le patron de l’entreprise, Karl Von Bach himself. C’est à ce moment-là que l’indispensable étape de création de personnage arrive.

MMO oblige, Defiance vous propose … 2 races. Humain ou Irathien. Homme ou femme. Je vous entends, oui, c’est léger. À noter que Trion World propose déjà un Season Pass à 30€ qui doit dans le futur donner accès à une troisième race. Vient ensuite le choix parmi 4 classes : vétéran, survivant, paria ou mécanicien. En dehors de modifier le skin de votre personnage et son arme de départ, la différence entre les classes semble très légère puisque même les pouvoirs, dont nous parlerons après, semblent identiques. Côté personnalisation là encore c’est le minimum syndical : une dizaine de bouches, nez, couleurs de peau et morphologies. Léger certes, mais suffisant pour un « semi-MMO ».

Ceci est un TPS

Malgré son système de quêtes, de personnalisation de l’équipement et de coopération ou d’affrontement avec d’autres joueurs, Defiance est aussi à moitié un jeu d’action à la troisième personne. Attardons-nous sur cet aspect avant de revenir au côté RPG. Le joueur dispose évidemment d’une barre de vie qui remonte toute seule, d’un bouclier qui fonctionne exactement comme dans Borderlands (à savoir qu’il se recharge tout seul au bout d’un moment et dispose de capacités d’absorption et d’un temps et d’un taux de recharge) et évidemment de deux emplacements d’armes. Le choix ne manque pas d’ailleurs : pistolets, fusils d’assaut, à pompe, sniper, lance-roquettes, lance-spores…etc. tous les classiques et moins classiques sont là et disposent de différentes caractéristiques en fonction de leur niveau et de leur rareté. Le jeu est aussi pensé pour la console donc pas de barre de sorts à rallonge et le joueur ne dispose que … d’un sort à choisir en début de partie (camouflage, boost des dégâts à distance, clone ou accélération et boost des dégâts au corps à corps).

Jeu de tir oblige, les dégâts sont (un peu) localisés sur les ennemis et la visée est assez énergique et agréable. Dommage que les sensations des armes soient si légères voire absentes, et que Defiance ne propose pas un vrai système de couverture. On peut certes se baisser derrière des objets pour se protéger, mais c’est bien tout : impossible de tirer par-dessus par exemple. Au niveau de cet aspect TPS un brin incomplet et très répétitif, la prise en main est heureusement immédiate et instinctive. Comme Borderlands toujours, les chutes ne génèrent pas de dégâts et lors d’une mort on peut soit tenter de se remettre sur pied (ou être remis sur pied par un coéquipier) instantanément ou réapparaitre contre finances au point le plus proche. La conduite elle aussi est assez agréable sans casser des briques et il est plaisant de récupérer un véhicule invocable à loisir quasiment dès le début du jeu.

À moins qu’il ne s’agisse d’un MMORPG

Revenons au côté RPG des choses. L’indéboulonnable barre d’xp est là, ainsi qu’une côte EGO donnant accès lorsqu’elle monte à plus de contenu. L’EGO est aussi l’intelligence artificielle qui accompagne le joueur tout au long de son aventure, puisqu’intégrée directement dans sa tête. En montant de niveau il est possible de sélectionner des unités égos (sortes de points de talents) afin d’améliorer son personnage et finir par débloquer un second sort. En plus de ses deux armes et de son bouclier, le joueur peut modifier son véhicule, ses projectiles (grenades), son casque et sa tenue (purement décoratifs). Encore une fois, c’est léger. On aurait aimé pouvoir modifier pièce par pièce sa tenue. Heureusement, les armes peuvent être personnalisées via des modules (viseur, crosse, chargeur…etc.), bien que ce système ne soit vraiment pas clair au début. Le manque de clarté du jeu dans certains domaines fera l’objet de plus de développement plus loin (oui, j’aime bien remettre à plus tard ce que je peux faire maintenant).

Afin de gagner de l’xp, des armes, des modules et les nombreuses ressources présentent dans le jeu (argent en jeu, ressources pour fabrication, réputation auprès d’une faction, codes pour acheter de l’équipement spécial…) les moyens sont nombreux. En dehors de sortir la carte bleue j’entends, puisque Defiance propose du contenu exclusif et des boost d’expérience notamment contre du vrai argent. Bref. En plus des quêtes principales pour votre employeur Von Bach, un grand nombre de quêtes parallèles sont présentes, ainsi que des défis classés (contre la montre, carnage et épreuves de tir) et enfin des quêtes dites épisodiques. Celles-ci sont limitées dans le temps et suivent un arc narratif différent des autres quêtes. Elles intègrent les personnages de la série dont la modélisation est bien reconnaissable. Une fois l’épisode diffusé, les quêtes disparaissent du jeu au profit de celles de l’épisode suivant. Des « Poursuites » (des hauts faits) permettent elles aussi d’obtenir de l’EGO, de progresser et d’augmenter la durée de vie pour les plus motivés. Impossible aussi de ne pas citer les chutes d’arches. En se baladant dans le monde de Defiance, des évènements et missions peuvent se lancer de manière aléatoire (comme sur Guild Wars 2), mais aussi et surtout des morceaux de vaisseaux peuvent tomber, provocant l’arrivée de monstres impossible à tuer en solo. Les joueurs de la zone devront alors s’unir pour mériter le trésor à la clé et se voir récompenser en fonction de leur implication. Préparez vos machines car certains de ces affrontements regroupent un très grand nombre d’ennemis et de joueurs pour autant d’effets et d’explosions à l’écran.

C’est pas ma guerre

C’est là l’une des réussites de Defiance. Avec son monde ouvert quasiment non instancié, un joueur peut venir en aide à un autre sans même être groupé en entrant simplement dans la zone. La réalisation des objectifs fonctionne aussi pour tous les joueurs présents dans le secteur même s’ils n’ont pas la quête liée à l’action en cours (si quête il y a). Cet aspect donne envie de s’arrêter jeter un œil à ce qu’il se passe quand une fusillade à lieu au bord de la route et participe à rendre ce monde vivant. En plus de cela, des zones instanciées à 4 joueurs en coopération sont disponibles (certaines très moyennes et d’autres sympathiques grâce notamment à des phases en véhicules ou des boss qui compensent), de même que du PVP (6v6, 8v8 ou 12v12) voir même la Guerre de l’Ombre (48vs48), du PVP dans une large zone du monde alors instanciée où deux équipes se battent pour la possession de points de contrôle. Il y a donc à boire et à manger niveau contenu, que l’on soit seul, accompagné, que l’on préfère le PVE ou le PVP. Dommage néanmoins qu’une grande partie des quêtes soit assez répétitive (tant dans les objectifs, les lieux ou même les musiques) et peu intéressante (sauf quelques exceptions très sympathiques permises notamment grâce à quelques personnages qui sortent du lot). Le fait qu’il n’y ai pas vraiment de classes limite aussi beaucoup la coopération et le dialogue entre les joueurs. Dommage aussi que le bestiaire soit assez limité (une petite trentaine d’ennemis plus ou moins différents) et que le PVP soit assez pauvre pour le moment (et pas forcément très équilibré, merci les achats avec du vrai argent notamment).

Autres gros défauts de Defiance : son fonctionnement obscur et son interface. Malgré un didacticiel succinct, bien des aspects et mécaniques du jeu restent peu compréhensibles tant que le joueur n’a pas fait l’effort d’aller fouiller l’aide. Je dis bien fouiller car l’interface met du temps à se laisser apprivoiser et appréhender. Beaucoup de menus, des informations pas idéalement localisées, des fonctionnalités peu claires (la personnalisation des armes notamment)…autant d’aspects qui peuvent rebuter au début et qui semblent pensés pour la console et non le PC. L’IA des adversaires est aussi plus proche de celle d’un MMO que d’un TPS (pas terrible donc) et la réalisation graphique ainsi que la direction artistique diviseront. Sorte de mélange entre Fallout et Borderlands (oui, encore lui), le monde post-apocalyptique de Defiance est agréable à parcourir et possède un level design plutôt bien pensé (même pour la conduite). Les bugs sont d’ailleurs étonnamment peu nombreux et peu dramatiques (durant notre test en tout cas), surtout pour un lancement. Seuls quelques crashs serveur, quelques quêtes buguées et quelques soucis de collisions et hitbox sont à déplorer : rien qui ne saurait pas être corrigé via un patch. Defiance n’est clairement pas la beauté du siècle, mais s’en sort plutôt bien malgré quelques textures vilaines et une distance d’affichage faiblarde. Cela lui permet d’être fluide même sur les petites configurations et de n’imposer presque aucun temps de chargement malgré la taille assez importante de la carte.

Conclusion

À défaut d’être le TPS/MMO/jeu de l’année, Defiance est un titre éminemment sympathique qui a le bon goût de ne pas réclamer d’abonnement. Malgré de nombreux défauts et d’aspects pas assez creusés, on y revient de bon cœur afin de faire grimper la côte EGO de son personnage et aller plus avant dans l’histoire de cet univers réussi. L’aspect TPS en coopération marche extrêmement bien malgré une faible réelle interaction entre les joueurs et il est plaisant de venir en aide (ou inversement) à quelqu’un de manière dynamique en plein combat. Le contenu est assez solide bien que très répétitif et de nouvelles missions épisodiques liées à la série et 5 DLC (moitié contenu gratuit et payant) sont déjà prévus cette année, ce qui pourrait justifier le prix demandé. Reste enfin à voir ce que va proposer l’expérience trans-média dans le sens jeux vidéo – série et si le suivi de Trion sera suffisant pour palier à la lassitude qui point malheureusement au bout de plusieurs heures de jeu.
aGa
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le 21 avr. 2013

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