Comme je l’évoquais dans ma critique de Déponia The Complete Journey, la saga a été envisagée comme une trilogie dès le départ (le héro le dit lui-même in game). Ce n’est qu’à cause des fans (ou plutôt devrais-je dire grâce à eux) que le studio s’est mis en tête de faire ce quatrième épisode, notamment pour les joueurs ayant été déçus par une fin d’aventure peu réjouissante et assez mal comprise au demeurant. Deponia Doomsday se présente donc comme un épisode fan service dont l’unique but serait de satisfaire leurs exigences. Du moins ça c’est ce que l’ont serait tenté de croire, cependant Daedalic voyait les choses autrement. Ces derniers n’ont pas cherché à se plier aux réclamations des fans en leur livrant le Happy End qu’ils espéraient mais en ont plutôt profité pour réaffirmer leur vision artistique et remettre les consommateurs à leur place. Un pari risqué qui aurait pu être mal pris (surtout avec les deux trois pics de sarcasme qu’ils n’hésitent pas à adresser directement au joueur par l’intermédiaire du héro) mais cela s’avère magistralement exécuté. Le jeu ne se contente pas de faire un doigt d’honneur aux joueurs mécontents, il leur donne une leçon et réécrit parfaitement sa fin qui, si elle reste plus ou moins inchangée, est cette fois-ci bien plus marquante. Mieux encore, Daedalic en profite pour approfondir son univers et utilise son contexte particulier pour donner un tout autre sens à cette fin, identique dans le forme donc mais pas sur le fond. L’intérêt du jeu s’en retrouve ainsi décuplé, ce n’est pas un remake ou un simple complément DLC. Pourtant, ce n’est pas non plus une vraie suite puisque, même s’il n’est pas nécessairement incohérent avec le reste de l’œuvre, son but et le message qu’il transporte sont quelques peu différents.



Synopsis



Le jeu démarre avec un personnage énigmatique au visage masqué pour se protéger du froid glacial qui semble avoir recouvert Deponia. Le plan visant à faire exploser la planète pour permettre à la cité spatiale Elysium de quitter son orbite en direction d’Utopia n’a visiblement pas été mis à exécution. Mais ce n’est pas tout, notre mystérieux personnage doit faire face à une autre menace, une horde de monstres sanguinaires semble avoir élue domicile sur la planète. Fuyant tant bien que mal ses agresseurs, ce dernier fini par arriver à la station de largage de la bombe qui devait anéantir ce monde. Au loin, face à lui, Elysium en ruine, écrasée sur le flan d’une montagne de déchets. Le personnage enlève alors son masque et se révèle être nul autre que Rufus… mais vieux. Sa dernière option, le dernier acte de sa trépidante vie sera de décrocher la bombe et tomber avec elle, mettant définitivement fin à son aventure.


Mais là, surprise, le temps inverse sa course et nous voilà en face d’un Rufus assoupis, jeune cette fois. Il se réveille, conscient de tout ce qu’il a vécu durant cette introduction et les 3 jeux qui précèdent mais ne comprend pas lui-même ce qui lui arrive, était-ce un rêve ? Qu’importe, pour le moment il a une affaire plus urgente à régler, sa copine Toni l’attend pour faire décoller la montgolfière qui les mènera tous les deux à Elysium. Seulement voilà, à peine sortie de sa cabane qu’un drame survient, un étranger débarque de nulle part et détruit la collection de verre de la mère de Toni que Rufus devait charger pour le voyage. Horrifié, il voit déjà sa mort arriver s’il ne trouve pas vite une solution, Toni n’étant pas du genre tendre. Il va donc demander des comptes au responsable qui s’excuse et lui explique qu’il vient d’arriver du futur via une machine temporelle. Bien évidement notre gaffeur préféré ne va pas mettre longtemps à élaborer un de ses fameux plans en remontant le temps de quelques instants pour empêcher la catastrophe malgré les mises en garde du voyageur. Cet événement va déclencher une suite de réactions en chaîne qui vont amener notre héro à se reconnecter avec son passé, enfin son futur, son futur passé quoi, vous suivez ? Moi non plus. Si vous êtes déjà perdu, attendez de voir la suite, cet épisode est probablement le plus fou de la série et son scénario est d’une complexité rarement égalé. On va enchaîner les voyages temporels et créer des boucles qu’il va falloir résoudre en créant d’autres boucles et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on parvienne à tout démêler.



Annalyse



Le but de la manœuvre pour Rufus est de parvenir à changer son destin funeste évidement mais en réalité,


toute cette complexité sert à faire comprendre au joueur que ce n’est pas lui qui décide des événements. Peu importe la manière dont on envisage les choses, Rufus doit mourir, sans cela toute l’aventure n’aurait pas de sens. Le jeu nous dit que cette mort était inévitable car c’est elle qui donne tout son sens au récit. Ainsi il n’est plus seulement question de l’obstination de Rufus, ce que le jeu met en scène ici c’est l’entêtement du joueur à vouloir à tout prix son Happy End. Alors on refait, encore et encore, on teste toute les possibilités on envisage toutes les trames, s’en devient presque difficile à supporter. Et à la fin, ce n’est pas uniquement Rufus qui va devoir lâcher prise mais le joueur lui-même. Désormais, non seulement on comprend le message mais en plus on y est directement confronté. De plus Rufus est accroché à Goal cette fois-ci et non à une hélice, le message original n’en devient que plus limpide (et plus émouvant) : il faut abandonner notre but, notre Goal. Et comme nous l’explique Rufus avant de la lâcher, le plus important n’est pas la finalité mais le parcours accomplis. En d’autre terme, vivez votre vie, vivez vos rêve, et vous ne regretterez pas votre mort le moment venu.


Voilà ou se situe le génie de ce jeu, son message devient double, à la fois une réécriture de la première et une autre qui transcende le récit


(on notera d’ailleurs la présence de 2 Rufus accrochés à Goal, chacun représentant une time-line différente et par conséquent une des deux interprétations) !



Bilan



Daedalic n’a clairement pas fait les choses à moitié avec cet épisode bonus et nous offre même probablement le meilleur opus de la saga. Le jeu se dote même de quelques nouveautés de gameplay, des QTE nous demandant de masher le click pour accomplir des épreuves de force et une petite scène sur la fin ou on doit interagir avec 4 écrans dans une scène où 4 personnages agissent de concert. La trame narrative est assez complexe surtout sur la fin ou il y a une surenchère d’éléments WTF difficile à suivre mais les concepts de voyages temporels sont expliqués de manière assez claire et précise pour qu’on ne soit pas trop perdu. Bref, si comme moi la fin de la trilogie vous avait laissé perplexe voir avec un sentiment amer, je vous garantie que celle-ci va vous retourner le cerveau et vous déchirer le cœur tout en étant bien plus limpide que la précédente !

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le 5 févr. 2019

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Nixotane

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