Bon, je viens de boucler pour la deuxième fois l’histoire. Je voulais tester la rejouabilité avant de donner mon avis. C’est une petite claque inattendue pour ma part. Pourtant, je ne suis pas un fervent défenseur de la méthode Quantic Dream. Mais n’étant pas non plus un hardcore gamer, et étant un adepte de cinéma, j’ai toujours trouvé intéressant de mêler les médiums. En tout cas d’essayer. De plus, difficile de refuser lorsque l'on a Clancy Brown et Lance Henriksen au casting.
Déjà l’univers me parle. Ce futur proche qui évite d’en faire des caisses me semble pertinent. À défaut d’être original, l’ensemble demeure cohérent. Et c’est malin également d’alterner entre nos protagonistes aux motivations différentes si ce n’est contraires. Et puisque l’on incarne des androïdes, le gameplay assez rigide à base de QTE (la recette habituelle QD), s’accorde au fond.
Et puis j’ai tout simplement été emporté et ému par cette histoire, avec quelques rebondissements et certaines scènes marquantes. Je pense que c’est ici que David Cage gagne son pari avec moi. Largement aidé par ses 3 compositeurs (chacun amenant sa patte pour les thèmes des 3 protagonistes que l’on incarne). Je pense que l’on tient une des meilleures BO de jeux vidéo de cette décennie.
Pourtant, il en existe des faiblesses. Même dans son récit (pourtant la force du titre), qui utilise certaines ficelles un peu grosses. Quelques dialogues étrangement en deça. Certains seconds rôles ne dépassant pas le stade du cliché. Mais manette en main, je crois être bien plus permissif que lorsque je suis passif devant un film, allez savoir !
Niveau jouabilité, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de trépidant évidemment. Les changements de caméra intempestifs déstabilisent parfois, mais c’est généralement pour profiter d’une mise en scène audacieuse et inhabituelle.
Par contre, je ne vous cache pas que relancer dans la foulée une seconde partie complète s’avère un poil rébarbatif. Les premières missions plantent essentiellement le décor et l’intérêt est quasi nul de refaire à l’identique les mêmes tâches ingrates. Mais j’ai été agréablement surpris sur le final qui m’a embarqué une nouvelle fois vers quelque chose de très différent. Suivant vos actions antérieures, et vos choix avec nos 3 héros, les missions changent de lieux, certains protagonistes disparaissent etc… C’est très réussi, il faut le reconnaître, et le champ des possibles pour les différents ending semble vaste. Et malgré une lecture assidue des arborescences sur le final, pour essayer d’aller vers un idéal, le jeu m’a obligé à faire des choix cornéliens et je n’ai hélas toujours pas réussi à sauver tous mes personnages préférés.
Peut-être que mon principal reproche viendra des QTE sur les scènes d’action beaucoup trop faciles à mon goût. Pourtant, je suis en mode confirmé (dès la première partie) qui prévoit la mort d’un héros si le joueur fait trop d’erreurs. J’ai débloqué le trophée direct pour terminer une histoire sans perdre un seul combat. Et je suis loin d’être un champion du QTE. J’ai raté parfois 3 ou 4 coups consécutifs sans véritables sanctions. Ou alors il fallait proposer un mode « réaliste » ou « hardcore » lorsque l’on a bouclé une première campagne pour mettre un peu de challenge là-dedans.
Bref, Quantic Dream a pour ma part finit par accoucher d’une œuvre aboutit à force de peaufiner leur style et de mûrir leur gameplay en apprenant de leurs erreurs. Je me sens un peu bête maintenant d’être passé à côté de Heavy Rain et Beyond Two Souls. Je vais essayer de revenir sur ces titres (mais pas tout de suite), bien que ce Detroit : Become Human me semble être leur œuvre ultime jusqu’à présent.