Réduit à son simple cogito par lui-même, l'Homme dit que ce qui le différencie des animaux c'est sa capacité de penser. C'est pourtant tellement faux.. tous les êtres vivants ont ce pouvoir, même les machines. Alors que, être humain c'est juste se laisser submerger par les émotions qui nous habitent et, David Cage a compris ça.


Detroit... Comment ne pas tomber, charmés, face à ce projet ? Un regard posé sur la bande-annonce et notre peau se couvre de frissons d'émotion. Plus qu'une seule idée hante notre esprit : Devenir Humain, à nouveau.
L'hésitation quitte notre corps. On saisit la manette avec fougue et on s'empresse de se procurer et de commencer Detroit.
Un choix qu'il serait regrettable de jouer autrement. Je vous l'assure.


Je ne spoile pas spécialement mais si vous voulez garder 100% de la surprise que le jeu peut procurer et avoir votre propre interprétation de l'œuvre je vous déconseille de lire ma critique.



"Choose Life"



L'introduction est digne de nos attentes. Un Androïde, aux traits plutôt charismatiques, jongle avec une pièce dans une séquence de plusieurs minutes. Toute l'étendue du personnage est alors représentée ici, en seulement ce premier instant. Si "robotique" et mathématique mais déjà si proche de ressentir couler la vie dans ses veines bleues. Sa mèche rebelle contraste avec sa peau lisse autant que son instabilité brise ses statistiques.
Connor - animé par un des meilleurs doubleurs que porte le territoire français (Donald Reignoux qu'il ne serait plus nécessaire de présenter à notre époque) - est celui par lequel vous pourrez le plus prendre en mains l'avenir. Esclave ou Déviant ? Là est toute la question. Et c'est à vous d'y répondre.


Puis, entre en scène Kara, récemment formatée elle nous offre la possibilité d'admirer subjectivement une naissance. Curieuse, elle (re)découvre naïvement - en une simple cinématique - le monde dans lequel elle sera précipitée et, la musique aidant, nous sommes émerveillés avec elle.
Un événement similaire se produit : Markus découvrant le vrai sens du mot "art" et d'expression de soi.
Ces deux tableaux émouvants, cas isolés parmi tant d'autres, nous ré-apprennent la valeur de notre sensibilité. Et, tout le jeu, fondé sur cette idée d'importance des émotions, nous montre ce qu'est le vrai sens de l'humanité puis du libre arbitre.


De plus, comme je le dis plus haut, la bande-originale, aide considérablement à l'immersion. Les violons nous plongent au cœur de notre propre émotivité. Chaque protagoniste a son thème récurrent, modifié par ses expériences, tantôt tendre, tantôt effrayant.
Mais, le jeu abuse parfois de notre compassion en usant de quelques Jump Scare inutiles et abusifs en début d'aventure. Cependant l'angoisse que l'on ressent pour nos trois protagonistes et leurs compagnons de route rattrape cette facilité et prouve la qualité d'écriture du scénario.


Alors, autant que les trois machines, nous (ré)apprenons à ressentir la vie, ivre de ces émotions nouvelles.
Chose contradictoire quand on sait que tous les humains du jeu cherchent à ne plus ressentir pour ne plus souffrir. De multiples échappatoires au désespoir, à la solitude, à la dépression, au chômage sont envisagés : drogue, alcool, sexe, cruauté. Le contrôle de l'émotivité est pourtant impossible.



Le Mythe de l'Androgyne avec un arrière-goût métallisé



L'application marquée à la production d'une intrigue crédible est étonnante.
Le nombre de fins variées possible en est une preuve impressionnante. Chaque choix mène à un destin, parfois plus rapidement que prévu... Et même si la rédaction des possibilités n'est pas de même niveau pour tout on repère un talent fou. Le pire c'est ce stresse qui monte crescendo lors des deux dernières heures où l'erreur n'est plus tolérable.
Arriverons-nous à détrôner Zeus ? Ou allons-nous nous faire démanteler aussi ? Et voulons-nous vraiment ?
Car l'Homme - égocentrique créature - a créé l'Androïde pour le servir comme Zeus avait créé les Hommes pour le choyer.


Mais, la plus grande puissance de l'œuvre réside sûrement dans la personnalité des protagonistes comme des personnages secondaires.
Qui ne s'est pas attaché à Hank ?
Qui n'a pas eu envie de fonder une famille avec Alice et ceux que les filles rencontrent ?
Qui n'a pas admiré l'imperfection de Ralph qui le rend si extraordinaire ? (Devenu, d'ailleurs, un de mes PNJ favoris).
Un problème cependant : ce héros. Markus prétendu personnage principal se montre écrit avec plus de faiblesses qu'un Assassin Ubisoft. Décevant, donc. On finira même par être déçus de devoir le jouer et d'accomplir ses missions, lui qui a pourtant un rôle plus que majeur dans toute cette histoire. A la recherche d'un effectif croissant à sa révolution, il avance avec une facilité déconcertante lorsqu'il est question de convertir un individu en plastique à sa cause. Arriver à ses fins n'a rien d'excessivement difficile et cela aurait gagné à être un peu plus compliqué.



Techniquement parlant



On ne peut pas finir une conversation sur Detroit : Become Human sans parler des extrêmement puissants graphismes. D'ailleurs, ils semblent être là pour combler le manque d'un univers encore plus futuriste et réfléchi.
Mais voilà, il suffit de voir notre Chloe nous parler en face pour prendre conscience d'un travail monstre. L'animation et les détails sont pensés au millimètre près.
Mais, sans mentir, cette qualité est parfois inconstante. J'ai vu deux soucis majeurs à ce propos : Sumo, d'abord, très mal animé et assez tache dans cette image irréprochable ; puis, un problème de texture hilarant et peu dramatique à un endroit.


Le gameplay offre une expérience digne des jeux à choix comme on a pu le voir avec Until Dawn et Heavy Rain. Les QTE ne sont pas au goût de tout le monde mais fonctionnent avec cette recette. Mais des fois, l'image est trop saturée et on ne voit pas spécialement la touche que l'on doit marteler... un défaut handicapant. Par contre, le jeu ne se montre pas trop punitif et faire une erreur dans ces scènes est rarement mortel. On va dire que c'est une bonne façon de se rattraper.


En gros, Detroit : Become Human est un véritable coup de cœur pour moi et je le conseille vivement. Capable de nous faire ressentir à nouveau l'importance des émotions et réflexions humaines, ce jeu écrit et créé avec beaucoup de talent charme par bien des points.

LapinouBleu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Jeux vidéo

Créée

le 12 juil. 2019

Critique lue 403 fois

6 j'aime

1 commentaire

LapinouBleu

Écrit par

Critique lue 403 fois

6
1

D'autres avis sur Detroit: Become Human

Detroit: Become Human
Fry3000
4

Detroit, rogue city

J’aime bien les jeux narratifs, et j’avais gardé un pas trop mauvais souvenir d’Heavy rain, quoique je crois que j’aie été indulgent à l’époque à cause de son côté novateur, mais c’était quand même...

le 4 juil. 2018

44 j'aime

10

Detroit: Become Human
imiduno
8

Critique de Detroit: Become Human par imiduno

Sceptique, je l'étais. Et pas qu'un peu. On regarde toujours les petits ovnis de Quantic Dreams d'un coin de l'œil en se demandant ce que ça vaut et si, invariablement, on finira encore déçu. Et si...

le 19 sept. 2018

37 j'aime

4

Detroit: Become Human
Planet_Smasher
5

La subtilité, cette valeur oubliée

A priori, je suis client de ce jeu. J'ai joué aux précédents Cage / Quantic Dream (Fahrenheit, Heavy Rain, Beyond Two Souls) et bien que ce ne soient pas mes jeux favoris ni un style que je favorise...

le 23 mai 2019

19 j'aime

8

Du même critique

Animal Crossing: New Horizons
LapinouBleu
4

Animal Crossing™ : New Arnaques

Il était une fois, une petite fille qui avait su se servir des manettes avant de savoir marcher - chacun ses priorités. Elle passait son temps sur les consoles, ses yeux un peu abîmés par les pixels...

le 26 mars 2020

14 j'aime

7

Pierrot le Fou
LapinouBleu
3

"Terrible cinquième heure du soir !"

Soufflage de nez, craquement de phalanges. C'est parti ! J'ai commencé Pierrot le fou à 17 heure, malheur à moi, "le sang je ne peux pas le voir". Bon, ce film est produit en 1965 par Jean-Luc...

le 30 nov. 2016

11 j'aime

2

Gladiator
LapinouBleu
5

Oh ! Un zoziau !

Je sais que je ne suis pas péplum. Cependant, certains événements poussent au visionnage d'un film purement bourrin, histoire de laisser un peu s'exprimer notre agressivité naturelle sans faire...

le 22 mai 2018

11 j'aime

6