L'intrigue de Mankind Divided n'a malheureusement pas réussi à briser les chaines qui entravaient déjà Human Revolution. Si l'immersion atmosphérique est toujours une réussite et que le Level Design renoue avec une diversité d'approche faisant honneur au Deus Ex originel, la dimension narrative véhicule toujours la même frustration de poser un univers fascinant mais que le récit ne parvient jamais à transcender véritablement et dont les flamboyantes cinématiques CGI demeureront le meilleur témoignage d'un potentiel inexploité.
Ce Mankind Divided dilue pour sa part son propos cyberpunk dans différentes intrigues parallèles d'espionnage et conspirationnistes qui n'atteignent jamais la tension d'un Alpha Protocol et détournent le récit de ces réflexions identitaires. Ces dernières se résumeront de ce fait à une simple persécution généralisée des Augmentés, s'assimilant beaucoup trop aux persécutions sociales de notre monde réel pour véhiculer des questionnements pertinents à son sujet.
Malgré son premier degré inébranlable à l'image de son personnage principal beaucoup trop taciturne pour susciter l'empathie, le récit ne se débarrasse ainsi jamais d'un certain manichéisme et peine à véhiculer de véritables dilemmes moraux auprès du joueur, l'incapacité du jeu à ce sujet culminant dans cet effroyable final témoin d'un développement bien laborieux en interne.
Des défauts d'autant plus regrettables que la narration environnementale fait de nouveau des merveilles pour instaurer un monde crédible et cohérent dont les nombreuses évolutions dictées par le scénario offrent un plaisir de la redécouverte qui contrebalance la taille réduite de l'exploration. L’entremêlement des conséquences du joueur entre les quêtes secondaires et le fil conducteur principal enrichit de surcroit ce sentiment d'homogénéité globale que bien des jeux peinent à atteindre. Et à nouveau la structure du jeu offre une liberté d'approche salvatrice après la linéarité d'un Witcher 3 et parvient à éveiller en permanence la curiosité du joueur pour qu'il approfondisse sa connaissance de son environnement.
Bref le savoir faire d'Eidos Montreal en matière de création d'univers n'est plus à démontré et leur capacité d'associer la cohésion d'un monde interactif aux multiples possibilités d'influence du joueur mérite d'être saluée. Il leur manque malheureusement une consistance narrative tangible pour se hisser au panthéon des RPG Occidentaux dans lequel Deus Ex devrait pourtant légitimement trôner.